Le 3D – modélisation 3D des environnements muséaux et de leurs collections – prendra potentiellement plusieurs formes à l’avenir: depuis la numérisation 3D des oeuvres et objets que l’on pourra, à loisir, manipuler virtuellement sur l’écran d’une tablette, visionner en tous sens via ses “lunettes électroniques”, jusqu’à la reproduction 3D.
Tablettes, Google Glass (ou systèmes apparentés), casques de réalité virtuelle du genre Oculus Rift, drones téléguidés (physiques ou virtuels)… changeront sans doute en profondeur la manière dont le visiteur appréhende l’espace du musée. Que ce soit sur site ou à distance.
A la frontière du 3D, de la réalité augmentée et des jeux sérieux éducatifs, les casques du genre Oculus Rift permettent potentiellement de reconstituer des salles de musée, en y plaçant les oeuvres de son choix (les progrès attendus en termes de qualité et de précision de l’image et de défilement fluide de ces images sont attendus avec impatience par certains professionnels). Et l’impression d’immersion totale que l’on ressent dès que l’on coiffe ce genre de casque promet en effet des expériences toute nouvelles. A condition que le contenu, bien entendu, soit à la hauteur.
“Les casques peuvent se coupler avec d’autres technologies d’interaction”, estime Christophe Hermanns de Vigo Universal. “C’est de la réelle immersion totale. On peut se retrouver au coeur du débarquement de Normandie ou des Pyramides, avec toutes les sensations nécessaires, tant visuelles qu’auditives. Ce serait un véritable boni par rapport aux visites virtuelles traditionnelles.”
Impression 3D pour quoi faire?
Pas encore beaucoup de réalisations ou de projets concrets, en Belgique, en particulier dans le sud du pays, mais un intérêt qui semble prendre de l’ampleur du côté des musées pour l’impression 3D. Le Musée des Beaux Arts de Liège devrait ainsi bientôt commander à la fois une imprimante 3D et un scanner 3D.
Plusieurs autres musées ont pour leur part sollicité la société namuroise Vigo Universal pour des études d’opportunité/faisabilité. C’est notamment le cas du Musée royal de Mariemont ou du Musée archéologique de Namur (qui attend de s’installer dans un nouvel espace).
Visuellement, mais aussi au toucher, les pièces reproduites par impression 3D pourraient confondre même les spécialistes. Source: Vigo
Pour les besoins de ce “proof of concept”, Vigo a réalisé des impressions 3D de hauts reliefs ou encore un modèle miniaturisé d’une statuette de Mercure. “La haute précision des techniques de numérisation [9 millions de points de précision dans le cas qui nous occupe] permet de reproduire l’objet original avec une infinie précision.”
Pour quels usages? Il y a bien entendu le côté purement commercial et basique de l’impression 3D. A savoir, permettre aux boutiques des musées de produire eux-mêmes, en quantités à la demande et à moindre coût, des souvenirs, copies conformes miniatures des objets exposés. Mais d’autres utilisateurs sont potentiellement intéressés, tels que les chercheurs, ou encore le monde de l’enseignement. Les musées eux-mêmes pourraient continuer d’exposer des répliques conformes, en cas de prêt d’objets.
“Avec la reproduction 3D, fidèle, d’objets, les chercheurs pourraient disposer de reproductions pour poursuivre leurs propres recherches sans devoir requérir le prêt ou l’accès aux originaux”, indique Christophe Hermanns. “Les techniques de numérisation 3D permettent de retirer la texture d’un objet pour ne retenir que la forme. On peut ainsi par exemple analyser la technique de coup de ciseau utilisée par l’auteur d’une statue égyptienne.”
La numérisation 3D permet aussi d’extrapoler les données dont on dispose. Ainsi, sur base de plans d’architectes et de visuels, même limités, il est possible de reconstituer des bâtiments. WithIn, société namuroise spécialisée en maquettisme (notamment architectural), s’en est servie pour produire une maquette 3D (taille: 75 cm) d’une mosquée dont les plans d’origine avaient disparu et dont il ne restait que quelques cartes postales anciennes. “La maquette a été imprimée en plusieurs parties”, explique Manuéline Caseau, directrice chez WithIn. “Nous avons ensuite apporté quelques corrections dans les tonalités de culeurs, procédé à l’assemblage, ajouté quelques pièces qui ne pouvaient pas être réalisée en 3D, par exemple le garde-corps crénelé du minaret qui a été produit par découpe laser.”
Toucher au lieu de voir
La (re)production de pièces exposées en 3D a aussi une utilité pour les personnes déficientes visuelles. Elles peuvent ainsi ajouter le toucher à une visite purement audio et mieux se représenter les oeuvres exposées. Vigo Universal a même mis au point une borne spéciale, dotée de boutons en braille, qui leur donnent accès à de nouveaux types d’informations. La borne, implémentée sous forme de table tactile, reconnaît en outre les objets 3D “pucés” que l’on pose à sa surface afin de livrer les informations adéquates.
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