Plan Digital Wallonia 3ème. Du neuf dans de l’ancien. Et vice versa

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Par · 02/09/2022

“Elle” s’est faite attendre, désirer. Elle est enfin “dévoilée”. Même si, ces quelque derniers 18 mois, des éléments en avaient été égrenés, pré-annoncés, avec ou sans chiffrage. “Elle”, c’est la mouture 3.0, remise au goût du jour (celui des besoins et des réalités) de Digital Wallonia, la stratégie wallonne en matière de numérique. 

Compte tenu du scénario d’annonces progressives intervenu ces derniers trimestres, il n’y a pas de surprise au rendez-vous. Pas de grand big bang. Pas de nouvelle thématique, plus ou moins inattendue, dans le catalogue.

Esquissé, balisé et préparé par l’AdN et le Conseil du Numérique, “Digital Wallonia v.3” s’inscrit, pour reprendre les termes utilisés officiellement pour la présenter, dans “la continuité et la pérennisation des projets mis en oeuvre” depuis 2015 et “la perspective des nouveaux enjeux” (technologiques, sociétaux, mais aussi politico-budgétaires).

Parmi les fils rouges thématiques: la cybersécurité, l’intelligence artificielle, le numérique au service de la “circularité” (circuits courts, réancrage industriel, transition durable) ou encore de l’industrie 4.0, la connectivité haut débit pour le territoire.

Les axes autour desquels s’articule la stratégie, et dans lesquels viennent se nicher les actions et projets, demeurent inchangés: usages (pour et par les entreprises, citoyens, pouvoirs locaux), économie numérique (transformation numérique des entreprises), de toutes tailles, administration, territoire et innovation numérique.

Parce qu’il n’est pas possible de tout faire à la fois, de chasser tous les lièvres technologiques à la fois (certains étaient trop volatiles ou périphériques par rapport aux urgences des acteurs du territoire), Digital Wallonia v3 se concentre sur quelques domaines où la Région désire plus particulièrement oeuvrer au développement ou à l’amélioration d’une “excellence numérique” et où il est par ailleurs possible de favoriser l’’émergence – et la pérennité – d’écosystèmes. 

 

Digital Wallonia: “La Wallonie doit choisir ses domaines d’excellence numérique et concentrer les moyens publics et privés sur des écosystèmes clairement identifiés.”

 

Objectifs et priorités

Pour chaque thème, une série d’objectifs et de projets majeurs sont réaffirmés, notamment en s’appuyant sur les moyens dégagés dans le cadre du Plan de Relance.

Petite énumération…

Intelligence artificielle

Le Programme Wallonia 4.ai vise à orchestrer le soutien d’initiatives diverses au profit des entreprises, des simples citoyens, des services publics – en ce compris via la coupole de recherche TRAIL et le programme ARIAC (Applications et Recherche pour une Intelligence Artificielle de Confiance).

 

A l’image et selon, largement, les mêmes principes que celui du programme AI, celui visant la cyber-sécurité est confirmé. Notamment en s’appuyant sur les actions et projets du pôle d’excellence CyberWal.

 

Territoire numérique (ou “intelligent”)

Ce programme, répondant aussi au doux nom de “Giga Région”, prévoit notamment – là aussi, c’est une confirmation:

– le renforcement de la connectivité (fixe, mobile, sans-fil)
– le déploiement de la fibre optique dans 35 zones d’activités économiques supplémentaires (relire notre article à ce sujet)
– le déploiement de la fibre optique en vue de boucler le réseau MAN (Metropolitan Area Network)
– le lancement de projets-pilote 5G (des “proof of concept” thématisés).

A orientation davantage sectorielle, épinglons également les programmes Industrie du futur et Digital Commerce. Ou encore Agriculture du futur, Construction du futur.

 

Les entreprises de l’économie sociale sont également visées par un programme d’aide ou d’encouragement à la transformation numérique. A terme, le secteur devrait disposer d’outils mutualisés tels qu’un incubateur et une méthodologie d’accompagnement à la transition numérique.

 

N’oublions évidemment pas le monde de l’enseignement, avec un programme Digital Wallonia 4 Edu qui, vieille antenne, pointe comme priorité l’équipement des écoles en Wi-Fi. Mais selon un calendrier dont beaucoup regrettent la lenteur. Son bouclage est en effet prévu pour… 2026. 

 

“Smart Region”

Volonté nouvelle dans ce chapitre: la mise en place d’un nouveau “modèle de gouvernance” pour les smart cities, afin d’assurer la cohérence des projets, actions et choix. Le programme vise aussi et de manière plus large une aide à la transformation numérique des villes et communes.
A noter, un volet e-santé inséré sous ce registre “Smart Region” avec, notamment, l’ambition de donner une existence réelle et concrète au projet INAH (Institute of Analytics for Health).

 

Dans l’éventail des programmes figurant à l’agenda de Digital Wallonia #3, on pointera également des objectifs plus spécifiques, tels que la promotion d’une “coordination des actions d’accompagnement (sensibilisation, formation, communication, appropriation) indispensables au développement des valeurs, des modes de travail et d’outillage de la Digital Workplace”. Sont ici visés les responsables RH, les consultants et les dirigeants d’entreprise. Ces derniers sont également visés par un programme baptisé “Leadership numérique”, afin qu’ils puissent “jouer leur rôle dans la transformation numérique”. 

Ajoutons encore des actions à destination des start-ups, des sociétés se projetant à l’international, ou encore un programme “UpSkills” pour l’appropriation et/ou la mise à niveau de compétences numériques par les personnes actives.

Levier principal? les appels à projets

Dans chaque axe, au coeur de chaque programme, la Région a décidé de mettre encore davantage l’accent, à l’avenir, sur des appels à projets. Histoire de susciter l’intérêt, d’accélérer les processus de basculement vers le numérique.

On en retrouve donc à tous les étages. En voici quelques exemples.

Dans le registre “Industrie du futur”, un appel à projets visera à financer des actions de type sensibilisation, accompagnement, diagnostic, formation pour les entreprises manufacturières wallonnes. Filières prioritaires: le bois et la construction, le bio-pharma, l’agro-alimentaire, l’aéronautique et le spatial, le chimie et les plastiques

On retrouve la même cible sectorielle de l’industrie dans d’autres appels à projet plus spécifiquement orientés vers des technologies spécifiques:
– la 5G, avec des appels à projets de type PoC (Proof of Concept) organisés dans l’axe Giga Région”. Un premier appel à projets baptisé Last Mile visera à résorber les fameuses “zones grises ou blanches”, encore (très) mal desservies en connectivité haut débit. Un second appel à projets 5G en mode POC tendra à “tester et démontrer des cas d’usages réalistes et pertinents liés à la 5G”. Ici, la cible sectorielle de l’industrie du futur côtoiera celles de la santé, de la ruralité connectée, de la mobilité et de la logistique
– l’Intelligence artificielle, elle aussi, est un thème que la Région veut exploiter pour les besoins de l’industrie au travers de projets proposés par les acteurs directement concernés. Sous-secteurs plus particulièrement concernés par ces appels à projets: l’aéronautique spatial et les drones.

Les PoC et projets orientés IA se poursuivront avec relance des programmes Tremplin IA et Cap IA. De septembre à la mi-novembre, un appel à projets Tremlin IA (test de faisabilité d’un projet IA) concernera le secteur public et ses opportunités dans le domaine de l’IA. En quasi simultanéité, un autre appel à projets s’adressera aux entreprises et associations.

Du côté de Cap IA (aide au montage et à la validation d’un plan business pour une idée IA déjà bien ancrée), un appel à projets s’ouvrira également à l’automne.

L’économie circulaire n’est pas oubliée par les appels à projets. Là aussi, on parle de PoC. Condition sine qua non: que le projet introduit mette en oeuvre plusieurs technologies numériques. Filières sélectionnées: la construction, le cycle de l’eau, le stockage de l’énergie

Les moyens alloués?

Le plan Digital Wallonia a été revu et amendé à plusieurs reprises en raison des crises successives (impact du Covid, des inondations de l’été 2021, de la guerre en Ukraine) et réagencé de telle sorte à pouvoir puiser dans les fonds libérés dans le cadre du Plan de Relance (y compris des moyens venus de l’Europe).

Le chiffrage et la ventilation, eux aussi, ont été revus en cours de route. Si l’on met bout à bout tous les budgets, dont certains ont déjà été libérés et/ou entamés, si l’on combine toutes les ficelles de financement à l’oeuvre en coulisses (fonds européens, fonds propres, financements via la Sofico ou le fonds WING, interventions d’opérateurs… ), on en arrive à un total de quelque 550 millions d’euros. Mais à répartir sur quasiment les cinq ans de la législature. Avec, de toute façon, comme date-butoir 2024. Quelque 200 millions viennent par exemple du Plan de Relance et de Résilience (niveau national) et du Plan de Relance wallon.

Quelques exemples de budgets puisés dans dans le Plan de relance wallon:
– transformation numérique des entreprises: 130 millions
– développement d’une connectivité numérique équilibrée du territoire: 143 millions
– utilisation du numérique comme levier pour améliorer la qualité des soins: 75 millions
– renforcement de l’attractivité des filières STEAM (études techniques, scientifiques, numériques): 7 millions
– réduction de la fracture numérique: 3 millions.