L’aéroport international de Hamad, au Qatar. Source: Besix.
La start-up andennaise Oscars, spécialisée dans les solutions de gestion de données géolocalisées temps réel, essentiellement pour le secteur aéroportuaire, a décroché un projet auprès de l’ESA dans le cadre de l’appel à projet “Space-based services for Smart Airports”. Le but sera de développer une solution et de nouvelles fonctionnalités pouvant permettre aux aéroports de mieux gérer les diverses activités qui se déroulent dans leur périmètre. Et ce, en exploitant les données fournies par les installations Copernicus (observation de la Terre) et des données de navigation Galileo et Egnos (European Geostationary Navigation Overlay Service).
Objectif annoncé : “permettre un positionnement précis et fiable des véhicules et avions présents sur les pistes, les aires de parking, les routes et les aires de manœuvre”.
Le projet, qui sera donc co-financé par l’ESA, a trouvé preneur, en tant qu’aéroport-pilote, auprès de l’aéroport international de Hamad au Qatar.
Pourquoi l’ESA co-finance-t-elle ce genre de projet? Olivier Dubois (Oscars): “Nous les aidons à déployer les technologies de géolocalisation et de traçage dans un secteur industriel – les aéroports – inhabituel pour eux”.
“Le projet va nous permettre d’enrichir notre plate-forme GIP 4 Spart Airports (Geo Intelligent Platform) en y ajoutant des potentiels tels que de la gestion par exception basée sur de l’apprentissage automatique. Les algorithmes se nourriront de divers paramètres, tels que des données météo, le type d’avion et des données satellite, pour prédire les délais.
“Cela permettra par exemple aux aéroports de mieux déterminer les besoins en temps pour effectuer toute une série de tâches”, explique Olivier Dubois, fondateur et directeur d’Oscars. Que ce soit pour augmenter la fréquence des rotations d’avions ou pour optimiser l’allocation des équipes au sol.
Pour les besoins spécifiques de l’aéroport qatari, la société d’Andenne se concentrera sur la gestion et l’optimisation des opérations “côté piste”: approvisionnement des avions en carburant, catering, transport de bagages, orchestration des véhicules au sol… “Après avoir contacté diverses autorités aéroportuaires afin de trouver un partenaire pour le POC (proof of concept) et le déploiement du projet, nous avons eu un contact positif avec les autorités de l’aéroport de Hamad qui désiraient se doter d’une solution de gestion des rotations (chargement, déchargement d’avions) qui leur procure une vision plus dynamique de ce qui se passe au sol”, explique Olivier Dubois.
Gérer les mouvements d’un aéroport en représentant objets et événements, via géolocalisation. Ici, pour des besoins de démo, l’aéroport (fictif) d’Andenne, avec données et paramètres bien réels “empruntés” à un autre aéroport…
“La division AOD (Airport Operations) y gagnera en planification des vols, en pouvant exploiter des informations sur le type de contenus et de volumes transportés par un avion [passagers, bagages], sur l’allocation des équipes… Toutes informations qui seront remontées et concentrées dans un seul système, sur un même écran pour une meilleure prise de décision.
A Hamad, un coordinateur de vol gère huit personnes chargées de gérer les activités dédiées à un avion (nettoyage, réapprovisionnement en kérosène…). Jusqu’ici, les communications entre les équipes au sol et le coordinateur de rotations se faisait via une appli mobile. Dans un aéroport, tout problème doit être signalé et l’information remontée le plus rapidement possible.
Pour optimiser et miser les communications entre les différents intervenants, notre solution permettra de procéder par management by exception. Sur un seul écran. Sans plus devoir téléphoner pour déterminer si tout est en ordre…”
Deux autres intervenants belges
Pour les besoins du projet, Oscars effectuera donc toute une série de développements supplémentaires pour les besoins de sa solution GIP. Elle s’appuiera par ailleurs sur les compétences de deux autres partenaires belges.
D’une part, l’ISSeP, qui interviendra dans le cadre de son champ de compétences, à savoir la métrologie environnementale, via notamment l’analyse d’images satellite et cartographiques, et ce, afin de donner naissance à une solution qui exploite plus systématiquement ces informations cartographiques (pistes, aires de parking…) dans le cadre de la vie d’un aéroport.
De l’autre, la société Geo Solutions (groupe Kronos) qui effectuera une analyse d’opportunité portant sur l’équipement potentiel des véhicules évoluant au sol dans le périmètre d’un aéroport. L’exercice de type calcul ROI coûts-bénéfices, qui confrontera paramètres économiques et avantages logistiques, de sécurité etc., permettra de déterminer l’intérêt économique qu’il y a à équiper la totalité des flottes de véhicules ou uniquement certains d’entre eux, ou le degré de granularité optimal. Par exemple, pour tracer les trains de remorques à bagages évoluant sur la piste.
Pour les développements IA (algorithmes, apprentissage automatique), Oscars opèrera sur base de ses propres compétences internes mais pourra également avoir recours, au besoin, à des compétences académiques (UCLouvain, UNamur).
Le projet d’Oscars à l’aéroport qatari aura une durée d’un peu plus d’un an. Sauf miracle, la solution ne sera pas prête, ou en tout cas pas déployée opérationnellement, avant la coupe du monde de football. Le démonstrateur, en tout cas, est planifié pour la fin de l’été 2022, avec de premiers tests devant intervenir en septembre.
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