La fibre en Wallonie: Proximus et Unifiber dévoilent un peu plus leur calendrier

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Par · 21/10/2021

L’accord et l’annonce ne sont pas neufs (relire notre article paru cet été) mais les deux partenaires que sont Proximus et Unifiber ont dévoilé plusieurs éléments de leur plan de déploiement de la fibre optique en Wallonie.

On le savait donc déjà, Proximus et Unifiber vont faire cause commune et vont faire se juxtaposer (et se compléter en termes de cibles) leurs plans de déploiement de la fibre optique pour couvrir les besoins du territoire wallon – en solo, à deux ou encore à faisant appel à d’autres intervenants pour les tout derniers pourcentages de territoire qui sont toujours les plus “difficiles” (économiquement et stratégiquement parlant) à couvrir.

Les deux partenaires viennent par contre de préciser un tant soit peu le calendrier et la physionomie du plan de déploiement lors d’une conférence organisée ce mercredi. Ils y ont, par la même occasion, dévoilé le nom des prochaines villes et communes à bénéficier des travaux de préparation et de déploiement (voir encadré ci-dessous).

Déploiements Proximus
– première vague: Charleroi, Liège, Namur, Mons (au total: “plus de 100.000 connexions à ce jour”). Villes auxquelles, côté francophone/bilingue, il faut ajouter Bruxelles.
– déploiements entamés à La Louvière, Chapelle-lez-Herlaimont, Seraing et Soignies
– prochains déploiements (2022) déjà convenus: Boussu, Colfontaine, Frameries, Ath, Nivelles, Braine-le-Compte et Tubize

Déploiements Unifiber
– premiers déploiements avec travaux entamés: Waterloo, Morlanwelz, Saint-Ghislain
– prochaines communes concernées (2022): Jodoigne, Huy, La Hulpe, Jemeppe-sur-Sambre.

C’est parti pour les chiffres et quelques dates… A noter, précision importante, que les pourcentages de déploiement annoncés correspondent à des points de connexion (habitations de particuliers ou sites d’entreprises) et non à une notion de superficie géographique…

  • Objectif global – et engagement formel pris par Proximus: rendre “connectables à la fibre optique”, d’ici 2028, 4,2 millions de foyers et d’entreprises (sur l’ensemble de la Belgique), dont quelque 500.000 pris en charge par Unifiber (côté wallon). Admirez ici l’utilisation du terme “connectable” en lieu et place de “connecté”. La différence (potentielle)? D’une part, l’aménagement et l’installation des prises de connexion. De l’autre, la présence réelle de la fibre et la connexion effective.
  • Proximus procèdera en solo au déploiement dans les “zones les plus denses” (lisez: densément peuplées et habitées). Ce qui, d’ailleurs, ne veut pas forcément dire que seules les (grandes) villes sont concernées (même si ce sera majoritairement le cas). On ne manquera par exemple pas de relever des noms de petites entités dans la liste des futures communes desservies par Proximus (encadré ci-contre).
  • Les “zones moyennement denses”, elles, seront prises en charge par Unifiber – ce qui représente 70% du reste du territoire. Autre chiffre ici: Unifiber s’engage à couvrir 80% (foyers et entreprises) de chaque ville ou commune qui relèverait de son escarcelle.
  • Restera les quelque 20% de zones faiblement à très faiblement denses qui viendront, comme de coutume serait-on tenté de dire, en bout de processus. Et à condition que les acteurs concernés trouvent (nouveaux) partenaires, financements et nouveaux modèles. “Pour atteindre les 100%, il faudra nécessairement trouver ou inventer de nouveaux modèles”, soulignait par exemple Guillaume Boutin, PDG de Proximus. “Modèles” techniques et/ou financiers. Notamment par la voie de partenariats public-privé. À réinventer ou renégocier…

Avis à innovation

Un appel est donc lancé à l’idéation créative. Plusieurs pistes ont déjà été évoquées, voire font l’objet de projets-pilote. Comme, par exemple, une combinaison 5G/faisceau hertzien (comme l’ont expérimenté par exemple deux villages de Vresse-en-Semois) ou de la fibre optique “aérienne”, installée sur les pylônes électriques (Proximus et Ores ont récemment dévoilé un tel projet-pilote dans un quartier de Bouge, près de Namur, où 177 maisons sont concernées, avec extension prévue à 1.000 foyers).

Un autre de ces “nouveaux modèles” est à l’étude – à un stade encore très élémentaire et exploratoire – du côté de la Communauté germanophone qui désire accélérer le mouvement. La Deutschsprachigen Gemeinschaft met 40 millions d’euros sur la table (20 venant du Plan de relance wallon, 20 autres financés sur fonds propres) pour équiper 40.000 habitations (en milieu urbain et rural). Reste à imaginer réellement le modèle et la démarche. Avec quels industriels? En exploitant quelles infrastructures existantes (telles les pylônes électriques)? Trop tôt pour le savoir…

Les (bonnes?) idées pourraient également venir des cas d’usage et proof of concept (POC) que co-financera et encadrera la Région wallonne dans le cadre de son Plan de relance et du programme Digital Wallonia.

Ces proof of concept et projets ne concerneront pas uniquement ces territoires à très faible densité devant attendre plus longtemps que d’autres que la fibre veuille bien venir jusqu’à eux. Ils serviront aussi pour imaginer des moyens de coupler différentes technologies, de compenser le fixe par le mobile, et vice versa.

Mais c’est bel et bien de ces “POC” et de ces cas-pilote d’usage que la dernière étincelle devra en partie venir.

Pas de calendrier précis et pas encore de liste de POC wallons à ce jour. Le coup d’envoi semble toutefois imminent. Dès que la Wallonie (une question de jours?) aura dévoilé les modalités et l’allocation des moyens de son Plan de relance, la programmation pourra débuter. Sur une durée allant jusqu’en 2026 “mais avec un coup d’accélérateur dès la fin de la présente législature”, nous précise-t-on du côté de la Région.

Ces POC devront couvrir, le mieux possible, les thématiques économiques et industrielles majeures de la Région. Et “faire se rencontrer, se croiser et naître des écosystèmes novateurs”.

La Région interviendra “pour piloter les initiatives, baliser un cadre de référence”, pour éviter désordre et redondances, mais aussi “pour veiller à ce que les cas d’usage soient réitérables”. Autre rôle (à assumer par l’AdN en collaboration avec les écosystèmes participants): “mesurer, évaluer, objectiver la création d’apport de valeur – par exemple en termes d’apport dans le contexte de la formation, des soins de santé, de l’industrie, de la mobilité…”

Où en est-on?

Pour l’instant, en mélangeant zones fortement peuplées et zones moins denses, Proximus et Unifer disent déjà couvrir 60% du territoire wallon. Ou, en tout cas, ces 60% sont le score qui sera atteint une fois les opérations de déploiement locales finalisées. Dans toute une série de villes et de communes, les travaux ont débuté ou des accords ont été passés avec les autorités locales. Ce qui ne veut pas dire que l’opération soit finalisée.

Exemple: en ce qui concerne les sept nouvelles entités citées par Proximus (Boussu, Colfontaine, Frameries, Ath, Nivelles, Braine-le-Compte et Tubize), les travaux de préparation du réseau ont commencé. Le déploiement, lui, se déroulera en 2022.

Même remarque et même délai à appliquer du côté d’Unifiber. Son patron, Nico Weymaere, soulignait d’ailleurs que les délais entre l’obtention de l’accord d’une commune et les débuts du déploiement réel étaient “beaucoup trop longs”. En cause, notamment le temps nécessaire pour décrocher les permis nécessaires. Un élément sur lequel, promet la Région, par la voix du ministre Willy Borsus, des actions seront prises “afin de raccourcir les étapes et d’accélérer les procédures”.

 

Nico Weymaere (Unifber): “12 mois séparent aujourd’hui le moment où nous obtenons l’accord d’une commune et le début des travaux. La législation actuelle n’est pas faite pour les déploiements à grande échelle qu’implique l’équipement en fibre optique. Elle n’est adaptée qu’à des déploiements ponctuels”.

 

Pour l’heure, pour en revenir aux chiffres, 621.000 habitations et entreprises, en Belgique, sont cataloguées comme “connnectables à la fibre optique”. Avec promesse d’équiper une tranche supplémentaire de 10% de foyers et entreprises belges chaque année.