Data center de Cofely aux Isnes.
Situé dans le parc d’activités Crealys (Les Isnes, à quelques kilomètres de Gembloux, en province de Namur), l’infocentre d’Engie/Cofely (l’“Engie Cofely Agility Center”), inauguré en 2013, change de propriétaire et tombe dans l’escarcelle de LCL.
Pour ce dernier, qui opère déjà quatre data centers belges, situés à Bruxelles (Diegem) et en Flandre (Anvers, Alost et Huizingen – ce dernier site ayant été racheté à Atos en 2020), cette acquisition marque sa volonté d’étendre sa présence en Belgique francophone et d’offrir ainsi à ses clients, existants ou futurs, un réseau de centres qui leur permettent de mettre en oeuvre des plans de disponibilité (redondance, réplication…) de leurs données et solutions, en respectant les distances de “résilience” classiques – sans devoir désormais quitter le territoire belge.
D’emblée Laurens van Reijen, directeur de LCL, annonce d’ailleurs la couleur: il y aura à l’avenir d’autres implantations de centres LCL en Wallonie, que ce soit par rachat ou par construction de nouveaux centres.
L’extension géographique, pour cet opérateur, répondait par ailleurs à des impératifs propres: l’innocenter d’Alost, par exemple, est quasi à saturation et “les terrains sont difficiles à trouver [ou chers] en Flandre et à Bruxelles”, contrairement à la Wallonie…
D’ailleurs, cette disponibilité et les possibilités d’extension qu’elle représente seront sans doute mises à profit à plus ou moins court terme du côté des Isnes où LCL dit d’ores et déjà avoir entrepris des démarches pour acquérir un terrain adjacent et augmenter ainsi le nombre de salles (trois dans l’état actuel des choses) de l’Engie Cofely Agility Center…
Pourquoi Engie?
Les data centers ne sont pas légion en Wallonie. Le choix de LCL, s’il voulait procéder à une acquisition, n’était donc pas gigantesque mais quels sont les arguments dont Engie Cofely pouvait se prévaloir? “C’est un datacenter de grande qualité, très efficace en termes de consommation énergétique. Le côté écologique s’y est ajouté grâce à la construction d’un parc solaire qui couvre quelque 80% de ses besoins en énergie. [Plus d’information sur les caractéristiques du centre en encadré ci-dessous]
Les techniques mises en oeuvre sont récentes et modernes [Ndlr: rappelons que le centre a été inauguré en 2013] et l’équipe [4 personnes, dirigée par Nicolas Coppée] est, elle aussi, de qualité, avec une importante expérience, et une bonne connaissance des besoins des clients.”
Quelques infos sur l’Engie Cofely Agility Center
Construction en 2012, par Cofely Services
Entrée en opérations: 2013
Disponibilité affichée; 99,982% (Tier III+)
Alimentation en énergie: en bonne partie via panneaux solaires (puissance: un mégawatt)
Densité énergétique: 1 kW/m² (extensible à 2 kW/m²)
Technique de refroidissement: FRAU (Free cooling Autonomous Unit) qui fonctionne sur l’air extérieur si la température est inférieure à 21° C – PUE: 1,25 à taux de charge de 50 ; objectif de 1.25 à taux de charge de 80%
Trois espaces de 514 m², hébergeant quelque 2.000 serveurs, répartis dans 200 armoires
Certifications: Tier 3+, STEK, ISO 9001-2000, ISO 14001,VCA, BOSEC. A noter que LCL compte améliorer encore le centre des Isnes afin d’y ajouter quelques autres certifications: ISO 27001, ISO 9000, ISAE 3402 (International Standard on Assurance Engagements) type II
Une équipe qui reste en place, venant s’ajouter aux 33 personnes que compte déjà LCL pour l’ensemble de ses sites belges.
L’équipe du site des Isnes sera par ailleurs renforcée, accueillant bientôt un commercial qui sera chargé de recruter de nouveaux clients côté wallon. Et, plus spécifiquement, du côté du secteur public. “LCL compte déjà quelques clients gouvernementaux, en Flandre [notamment le Parlement flamand] et au niveau fédéral”, souligne Laurens van Reijen. “C’est un axe que nous voulons désormais développer en Wallonie.
Par ailleurs, certains de nos clients fédéraux désiraient pouvoir disposer d’un site-réplicat en Wallonie. LCL est désormais en mesure de le leur proposer. Plusieurs de nos clients, publics ou non, désiraient pouvoir s’appuyer sur deux data centers situés à distance suffisante. Ce sera désormais possible entre Diegem ou Alost et Gembloux.”
Le catalogue d’opérateurs et de réseaux de télécoms desservant le site des Isnes sera renforcé. “Certains des opérateurs dont nous hébergeons d’ailleurs les serveurs à Diegem désirent être également présents à Gembloux.”
Autre partenaire futur potentiel: la Sofico, qui intéresse pour LCL en raison de son réseau fibre optique. “La Sofico est déjà cliente chez nous à Diegem. Désormais, une connexion Diegem-Les Isnes est clairement possible…” Idem avec Verixi, opérateur d’un réseau black fiber, basé à Mont-Saint-Guibert. “Ils sont présents à la fois à Diegem et aux Isnes. Voilà qui devrait nous permettre de développer de nouveaux marchés et de servir de nouveaux clients.”
Pourquoi Engie se retire-t-il?
Engie Cofely, qui a conçu et construit l’infocentre et qui l’opère depuis 2013, fait-il aveu d’échec en cédant le site à LCL? La vente, souligne Nicolas
, son directeur (qui restera à son poste), tient plutôt à la décision stratégique décidée par le groupe Engie Solutions de tirer un trait sur le volet exploitation d’infocentres, “qui ne correspond pas à notre coeur de métier”, pour se recentrer sur les services “asset light” (peu gourmands en capitaux), c’est-à-dire les projets, la construction et la maintenance de tels centres.
La décision de se séparer de data centers propres ne concerne toutefois que le seul site des Isnes. Engie possède et gère deux autres data centers aux Pays-Bas (dont un à Maastricht) “mais ils sont davantage intégrés dans le business d’Engie”. Ils restent donc dans le portefeuille du groupe…
De la place disponible
Depuis les débuts opérationnels de l’Engie Cofely Agility Center, le principal client de ce data center est… Engie lui-même puisque deux des trois salles, au départ, avaient été louées par GDF-Suez et Engie-Electrabel (un contrat d’une durée de 15 ans avait été passé lors de l’entrée en opérations).
Huit ans plus tard, on parle toujours de deux salles réservées aux besoins en infrastructure du groupe mais, suite à des optimisations et évolutions technologiques (consolidation, virtualisation…), l’espace réel occupé a été divisé par deux, les deux salles Engie ne faisant plus, chacune, que 200 m².
Parmi les autres clients hébergés aux Isnes, des opérateurs d’infrastructures IT hébergées ou de solutions cloud (rappelons qu’Engie s’est toujours présenté comme un acteur “co-location”), des éditeurs de logiciels et prestataires de services (parmi les derniers à avoir choisi le site d’Engie Cofely: l’éditeur nivelloise Easi, pour les clients de sa solution IaaS Cloud2be), des intégrateurs…
Actuellement, 55% de l’espace et des disponibilités de l’infocentre sont occupés.
Cela veut dire 45% encore disponibles, ce qui peut paraître beaucoup et sous-entendre une difficulté à “recruter” des clients. Nicolas Coppée donne deux explications. La première, selon lui, tient au nom-même d’Engie. Pas en termes de réputation mais plutôt en termes de positionnement. Il y a, selon lui, de la confusion dans l’esprit des clients qui comprennent mal que le data center soit un centre de services d’hébergement en co-location et non pas l’infrastructure “maison” d’Engie qui sous-louerait en quelque sorte de l’espace.
Le passage sous la bannière LCL devrait donc en principe faire disparaître les réticences. A vérifier…
Laurens van Reijen (LCL): “Le développement de la 5G et de l’Internet des Objets va nécessiter d’importantes bandes passantes. L’une des autres conséquences est la nécessité d’héberger les données dans des data centers régionaux, pour des raisons de latence.”
Deuxième raison invoquée: “l’effet public cloud dont ce fut tout un temps la mode. Mais on en revient aujourd’hui beaucoup s’étant entre-temps rendu compte du coût réel qu’impliquait le fait de se tourner vers les grands opérateurs public cloud”. Non pas qu’Engie Cofely/LCL se positionne pour autant dans le low cost: “être dans un environnement solide, profiter d’une maintenance, d’une sécurité garantie a un coût…” Les arguments différenciateurs, par contre, sur lesquels le data center de Gembloux compte s’appuyer à l’avenir, face à la concurrence locale, seront, d’une part, son étiquette de “carrier neural” (“nous n’obligions pas le client à choisir ou à privilégier les connexions de tel ou tel opérateur” et, de l’autre” le “customer intimacy” – avec adaptation aux besoins de chaque client, quelle que soit sa taille, intervention d’équipes sur site pour restaurer rapidement un serveur déficient, service de sécurité 24×7…
Pour l’avenir, LCL vise-t-il des “profils” de clients spécifiques? La piste de clients publics a déjà été évoquée. Au-delà, l’un des secteurs qui retient l’attention de LCL, pour l’avenir, est celui de la santé.
Autres secteurs d’intérêt: les médias, les éditeurs de solutions cloud, les opérateurs.
“Le développement de la 5G et de l’Internet des Objets va nécessiter d’importantes bandes passantes”, souligne Laurens van Reijen. “L’une des autres conséquences est la nécessité d’héberger les données dans des data centers régionaux, pour des raisons de latence. C’est là l’une des raisons de ce premier pas que nous franchissons en Wallonie.”
Nicolas Coppée (Engie Cofely/LCL): “L’exploitation d’infocentres ne correspond plus au coeur de métier d’Engie Solutions, qui veut se recentrer sur les services asset light – construction, maintenance de data centers… ”
A noter que la société ne recherche pas uniquement de gros clients. Les PME sont également des clients intéressants pour le site, comme le souligne Nicolas Coppée: “Des clients de grande envergure et plus modestes sont tous deux bons à prendre dans la mesure où ils sont complémentaires. Si un client requiert une salle de 200 m², il faut bien évidemment la place pour l’accueillir. A contrario, un client qui n’a besoin que d’une armoire peut aisément trouver de la place dans un petit endroit…”
LCL-Engie: collaboration en vue
LCL rachète donc l’infocentre qu’Engie Cofely avait construit et gérait en Wallonie mais les chemins des deux sociétés ne se séparent pas pour autant. Engie détient en effet des compétences – et des ressources – que LCL compte mettre à profit à l’avenir. Jusqu’à présent, ce ne fut le cas que de manière épisodique et limitée. Il y a cinq ans, Engie (via Fabricom) était par exemple intervenu sur le site de Diegem de LCL pour une extension d’UPS et des travaux de câblage. Notons ici que d’autres gestionnaires d’innocentes situés en Belgique font beaucoup plus appel aux équipes d’Engie – citons par exemple Colt et NRB – notamment pour leurs compétences techniques (maintenance d’infrastructures énergétiques, conception de sites…).
A l’avenir, “nous devrions faire appel à l’expérience d’Engie pour de nouveaux projets de parcs solaires ou pour la construction de nouveaux centres”, souligne Laurens van Reijen. Un autre axe d’innovation pour lequel LCL se reposera sur Engie est celui de la production d’hydrogène vert pour les besoins de data centers.
Nicolas Coppée (Engie Cofely/LCL): “Engie Solutions s’implique totalement dans la transition énergétique et la réduction de l’empreinte carbone. La production d’énergie solaire et, demain, d’hydrogène vert pour les besoins des data centers en est un exemple. Le groupe s’est engagé à être neutre en carbone d’ici 2030.”
Ajoutons encore au passage que l’un des futurs sites de LCL pourrait voir le jour du côté de Huizingen, où, suite au rachat de l’infocentre d’Atos l’année dernière, la société a non seulement investi dans la rénovation du centre mais a également acheté un nouveau terrain où un nouveau data center devrait dont surgir de terre dans un avenir non encore précisé…
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.