A l’automne dernier, la ville de Charleroi se dotait d’un “plan d’inclusion numérique” articulé en trois volets: formation et accompagnement des personnes éprouvant des difficultés à s’approprier les ressources et outils numériques ; renfort de la connectivité pour certains lieux du territoire municipal (en particulier les bâtiments dépendant de la ville) ; et équipements numériques (notamment pour les écoles). Relire l’article que nous avions publié à ce sujet en octobre 2020.
En ce début juin, l’échevin chargé du numérique, Eric Goffart, faisait le point sur l’évolution de ce dossier. Et annonçait par la même occasion l’organisation, d’ici la fin de l’année, d’un salon sur le thème de l’inclusion numérique qui permettra de braquer les projecteurs sur une variété d’initiatives contre la fracture numérique (individuelle ou davantage collective). “De nombreuses entreprises et associations ont déjà lancé des initiatives contre la fracture et pour l’inclusion numérique. L’idée n’est donc pas de réinventer la roue mais plutôt de proposer un salon, avec des conférences, des prises de parole, pour exposer les bonnes pratiques contre la fracture numérique”, explique Eric Goffart.
Acteurs privés, publics, associatifs, du Hainaut auront ainsi l’occasion de venir exposer leurs efforts, leurs projets, leurs bonnes idées et les écueils rencontrés. La date du salon doit encore déterminée mais devrait se situer à l’automne.
En 2022, un “congrès de l’inclusion numérique” sera par ailleurs organisé avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin et visera – géographiquement – plus large puisque Charleroi espère alors attirer et impliquer toute une série d’acteurs et de publics venant de l’ensemble de la Belgique francophone – Wallonie et Bruxelles. “L’ambition est de faire de Charleroi une ville référence en matière d’inclusion numérique.”
Premiers aidants numériques
Ces “aidants numériques” seront des personnes qui, au quotidien (ou régulièrement), sont en contact avec la population carolo, pour des services divers – administratifs, sociaux… Dans le cadre donc de leurs fonctions, pour répondre aux questions ou sollicitations, ils auront reçu la formation nécessaire pour renforcer leur propre bagage de connaissances de la pratique du numérique et acquérir quelques soft skills. De quoi aider ceux qui, soit, ne sont pas équipés à leur domicile, soit ne comprennent pas le fonctionnement de dispositifs et services en tous genres (demande de documents en-ligne, opérations bancaires à distance, identification Itsme, etc. etc.).
Source: Aidants Connect (gouv.fr)
Quelque 150 aidants numériques devraient ainsi bientôt être à pied d’oeuvre, dispersés sur le territoire carolo. Cela peut paraître peu au vu du nombre de “points de contact” auxquels les “décrochés du numérique” font appel au gré de leur quotidien, mais c’est sans doute un premier pas: si le financement suit (voir plus bas), le programme de formation et d’adoubement d’aidants numériques pourrait être étendu.
“Profil” de ces aidants numériques? Il s’agit aussi bien d’agents communaux, tels que les préposés aux guichets citoyens, que de personnes travaillant au CPAS ou actives dans le cadre d’associations (centres d’accueil de jour, aide aux personnes âgées ou à la jeunesse, aux centres de planning familial…).
Une formation “aidant numérique” pour “acquérir les ‘gestes de premier secours’ face à une personne en fragilité numérique – l’accueillir, évaluer son niveau de d’aptitude numérique, lever les freins à se former et l’orienter vers une structure de formation (tel que les EPN) pour développer son autonomie numérique…”
Toute une série de services et d’associations ont déjà été sollicités et les premières mesures ont été prises pour transformer une partie de leurs effectifs en aidants numériques. Des noms? Le CPAS, la société de logements de service public La Sambrienne, des associations actives dans le planning familial, l’aide au logement, la lutte contre les assuétudes, encore l’aide à l’alphabétisation et à l’intégration.
Des modules de formation d’une durée de 2 heures et demie (deux modules), proposés par WeTechCare, vont être mis en oeuvre. La logistique (inscriptions, organisation et suivi des formations) sera assurée par Technofutur TIC. Le financement, lui, viendra pour une bonne partie de partenaires privés. Premier à avoir répondu présent: Belfius. Son apport permettra de financer la formation de 100 premiers “aidants” dans le secteur associatif.
Ils viendront s’ajouter à 50 autres personnes qui ont d’ores et déjà été formées grâce à un financement Interreg (européen). Cette première cohorte est active au sein de services relevant de l’administration communale: Centres troisième âge, Maison de jeunes, bureaux de l’état civil et de la population, antennes du CPAS…
Eric Goffart (Charleroi): “Disposer de 150 à 200 aidants numériques d’ici la fin de l’année, afin de pouvoir prodiguer les conseils et l’accompagnement élémentaire à tous ceux qui rencontrent des difficultés dans la pratique quotidienne, minimale, du numérique: remplir un formulaire, accéder à une ressource Internet, effectuer une opération bancaire ou administrative…”
D’autres mécènes privés potentiels ont été et seront encore approchés à l’avenir. Eric Goffart cite (sans les nommer) des “banques, sociétés informatiques ou télécoms, acteurs de la logistique, de la grande distribution… […] Outre Belfius, d’autres grandes entreprises sont en passe d’octroyer des crédits pour financer des formations sur le territoire de Charleroi.”
Déploiement WiFi
La connectivité des lieux de vie publique est un deuxième volet du plan “inclusion numérique” de Charleroi. Et cela passe par le déploiement du WiFi urbain. Il est actuellement en cours ou planifié en certains endroits emblématiques et/ou fort fréquentés de la ville, tels que les quais de Sambre, l’esplanade de la Cité des métiers, le campus (centre Zenobe Gramme), le Parc Reine Astrid.
Sont également concernées les “maisons communales annexes” (Marcinelle, Ransart…). Ce sont d’ailleurs les premières servies. “Nous n’attendons pas de pouvoir tout équiper en même temps. L’obtention des permis, pour le placement de boîtiers-relais WiFi, sur des immeubles appartenant à des tiers, surtout lorsqu’il s’agit de privés, prend du temps. Voilà pourquoi nous commençons par les biens dont la Ville est propriétaire.” Les cinq maisons communales annexes ont donc été équipées. De même que deux premières bibliothèques.
Elles permettront bientôt à quiconque les fréquente d’accéder, via un portail sécurisé à certains contenus (actualités de la Ville, horaires des transports en commun, agenda culturel…) et de surfer, mais en empêchant la consultation de sites ne répondant par à certains critères éthiques (pornographie, racisme…). Ce portail est actuellement en phase de finalisation par WIN, partenaire installateur du WiFi dans le cadre du programme régional Digital Cities. “La dernière touche est en passe d’être donnée à la charte graphique. Pour le fond, le type de contenu ressemblera par exemple à ce que la Ville de Tournai a mis en oeuvre.”
Dont coût de ce programme d’équipement des bâtiments publics: 4 millions d’euros, à répartir annuellement en fonction d’un budget extraordinaire voté par la Ville, à raison d’un million par an entre 2020 et 2024.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.