Coup sur coup, en l’espace de deux semaines, Destiny, fournisseur de solutions de communication cloud pour entreprises (téléphonie, voix+données, communications unifiées, communications mobiles), a annoncé deux acquisitions en Belgique francophone et une en France, poursuite dès lors d’une stratégie de croissance et de positionnement comme opérateur alternatif de référence, à l’échelon transnational.
Ces dernières années, l’opérateur a procédé à toute une série d’acquisitions, essentiellement aux Pays-Bas mais également sur notre propre marché (voir notre encadré).
Ces dernières semaines, c’est donc davantage vers le marché francophone que se sont portés ses regards.
Petit rappel d’acquisitions récentes de Destiny
– Juin 2019: rachat de la société belge Escaux et de sa filiale Fuzer, positionnée sur le terrain des solutions IP, cloud et mobiles (en mode Unified Communications)
– Juin 2019: achat d’Ozmo cloud communications, fournisseur néerlandais de solutions de communications cloud destinées au marché des PME
– Avril 2019: acquisition de la société néerlandaise DSD Business Internet, prestataire de services professionnels Internet
– Mars 2019: rachat de Belgium Telecom, prestataire de services télécom pour PME (VoIP, UC, télétravail).
– 2018: achat, toujours aux Pays-Bas, de Motto Communications et de sa plate-forme de distribution cloud Flux (provisionnement de services cloud)
– 2016, rachat d’Ergatel (Belgique).
Lors de l’acquisition de DSD en 2019, Daan De Wever, fondateur et PDG de Destiny, déclarait: “Le fait de combiner portail de services cloud et opérateur local fiable, comme nous le faisons aux Pays-Bas, est un modèle que nous désirons reproduire à l’avenir dans d’autres pays européens. La stratégie commerciale, qui varie d’un pays à l’autre, est la seule chose que nous devrons adapter.” La société semble donc bien décidée à concrétiser cette ambition…
Côté Belgique francophone, les acquisitions concernent le groupe Ulysse, basé à Mons, et la jeune pousse Faqbot, fondée par Mathis André, entrepreneur précoce qui, à ce rythme, tutoie déjà l’étiquette de serial entrepreneur. Côté français, le rachat concerne Alliantel, opérateur télécom alternatif (voix et données) qui vise le marché des petites et grandes entreprises.
Mais concentrons-nous ici sur les deux acquisitions wallonnes.
Ulysse, le concullègue montois
Ulysse Group, basé à Mons, se positionnait (et continuera de le faire) comme opérateur télécom alternatif et prestataire de services et solutions de type réseaux privés, connectivité Internet, développement et hébergement de sites Internet transactionnels, téléphonie IP, maintenance. Sa clientèle-cible: les PME et grosses PME (de 50 à 500 personnes). Parmi ses clients figurent des sociétés telles qu’EPC-Familia, le PMU, les Editions Dupuis, Michelin, Murprotec, Delitraiteur ou encore quelques institutions publiques.
Dans un passé récent, Ulysse s’était accroché au “verein” (association volontaire entre sociétés qui préserve la structure, l’autonomie et le statut légal des sociétés associées) constitué par le groupe français Atlanse. L’association avait été dissolue pour cause de raisons de santé de son fondateur…
“Le verein fut un premier pas dans notre recherche d’un partenariat de grande envergure qui puisse nous permettre, en tant que petite société [Ndlr: 20 personnes en comptant les indépendants opérant en sous-traitance], d’accéder à des marchés plus importants et, plus particulièrement, de pouvoir concourir valablement pour des marchés publics où nous étions barrés en raison de notre taille”, explique Gauthier Delfosse, administrateur-délégué et associé d’Ulysse (aux côtés de Laurent Druart et de Xavier Cluysen). “Depuis quelques années, nous étions à la recherche d’un partenaire, belge ou français, avec lequel nous aurions des atomes crochus en termes de plan industriel.”
Matière à synergies
Destiny était loin d’être un inconnu pour Ulysse, non seulement parce qu’il leur arrivait de se croiser et de se concurrencer sur certains projets mais aussi parce qu’ils avaient déjà fait alliance, justement, sur certains projets.
L’acquisition est donc apparue comme naturelle et profitable. D’une part, parce qu’Ulysse y trouve l’envergure qui devrait lui ouvrir de nouvelles portes. D’autre part, parce que la société accède ainsi à un portefeuille de produits et de compétences dans le domaine du mobile, chose qui manquait jusqu’ici à son catalogue.
Gauthier Delfosse (Ulysse Group): “Depuis quelques années, nous étions à la recherche d’un partenaire, belge ou français, avec lequel nous aurions des atomes crochus en termes de plan industriel.”
A rebours, Ulysse procure à Destiny non seulement de nouveaux clients en Belgique francophone et dans d’autres pays (France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, Espagne, Italie, Grand-Duché de Luxembourg…) mais aussi des compétences en développement de sites Internet. Sans parler, et c’est sans doute là l’un des arguments qui intéressait Destiny, les interconnexions qu’Ulysse avait tissées avec divers cablopérateurs (dont Voo) depuis près de trois décennies, ainsi qu’avec des clouds privés de sociétés, ou encore les accès au réseau fibre optique de la Sofico…
Quelle(s) synergie(s) seront développées concrètement à l’avenir entre les deux sociétés? Quelle marge d’autonomie Ulysse conservera-t-il éventuellement? Encore trop tôt pour le dire. “La volonté sous-jacente est de réaliser l’intégration”, déclare Gauthier Delfosse. “Certaines intégrations seront rapides, comme par exemple la possibilité d’utiliser certains outils de gestion de Destiny (CRM, comptabilité…). Ce type d’outil et les bonnes pratiques de Destiny seront un apport important pour industrialiser notre propre démarche et augmenter la qualité de nos services à la clientèle.
Pour le reste, les prochains mois seront mis à profit pour analyser ce qu’il sera intéressant d’intégrer mais sans qu’il y ait d’urgence particulière…”
Tant Gauthier Delfosse que ses deux associés Laurent Druart et Xavier Cluysen restent à bord. Lui s’orientera davantage vers un rôle de business development tandis que ses deux acolytes, eux aussi ingénieurs de formation (le trio est issu de la Polytech de Mons) se concentreront davantage sur des activités de développement et de gestion du réseau dorsal.
Dans le domaine de la gestion, intégration et déploiement d’infrastructures cloud (privées ou publiques), Ulysse se plie aux préférences et choix de ses clients, proposant donc des solutions pour environnements Microsoft, Amazon, Google, Fuzer, pour des infrastructures aménagées par des acteurs tels que Computerland ou EASI, pour des contextes Azure, KVM, VMware, Kubernetes… Même si la société a plus particulièrement développé, depuis plusieurs années, des compétences dans l’environnement Microsoft Azure.
Un nouveau chapitre
Le marché des communications (mobiles, unifiées…) n’a évidemment pas échappé à la lame de fond que furent la crise sanitaire et les changements de comportements et de modes de travail et de communications qu’elle a provoqués. Certes, les activités d’Ulysse, et celles de Destiny, étaient à cet égard bien positionnées pour répondre aux besoins des entreprises mais la crise du Covid a clairement donné un coup d’accélérateur et renforcé la demande de solutions de communications à distance. Comment dès lors Gauthier Delfosse voit-il le marché évoluer cette année et à court terme?
“Le télétravail a fait faire un bond aux notions de connectivité et de mobilité et aux réflexions au sein des organisations, privées comme publiques. En ce compris en matière de sécurité.
Le télétravail demeurera une réalité, même après la crise, pour de nombreuses personnes. Ne serait-ce qu’à raison de quelques jours par semaine.
Les solutions cloud se sont donc fortement développées. Par le passé, le mode de fonctionnement des entreprises était largement tourné vers l’interne et n’était pas adapté au télétravail. Depuis un an, les entreprises ont dû repenser une partie de leur structure. Beaucoup se sont tournées vers le cloud, privé ou hybride, afin de pouvoir continuer à opérer. Mais nombre d’adaptations se sont faites dans l’urgence. Il s’agira, demain, de consolider les infrastructures (systèmes, solutions, cloud, solutions mobiles, voix & données, intégration avec la téléphonie fixe, connectivité avec les clouds privés…). Le processus prendra encore quelques années.
Je constate par ailleurs une réelle prise de conscience – enfin – du côté des plus petites PME de l’importance de la sécurité de leur réseau et de la nécessité de la renforcer. L’environnement privé [lisez: les solutions – matérielles et logicielles – privées utilisées dans le cadre professionnel] sont une brèche potentielle. Des sociétés comme la nôtre doivent donc procurer davantage de solutions de communications sécurisées, prôner l’authentification multi-factorielle, l’analyse des brèches et des accès aux données…”
Pour ce faire, Ulysse veut s’appuyer sur un partenariat que la société avait déjà passé voici quelques années avec le suédois Clavister. Mais la gamme de produits de sécurité et de télétravail sera sans doute encore étoffée….
Le conversationnel automatisé via Faqbot
L’autre acquisition belge récente de Destiny concerne la jeune pousse Faqbot qui, comme son patronyme l’indique, est positionnée sur le marché en pleine expansion des chatbots.
Quel intérêt Destiny a-t-il identifié dans cette technologie?
“La technologie chatbot sera tout d’abord utilisée sous la forme aujourd’hui proposée par Faqbot, c’est-à-dire comme service distinct proposé aux clients”, déclare Joachim Lauwers, directeur général de Destiny Belgique et responsable produits.
“Dans le courant du deuxième semestre de l’année, nous l’intégrerons dans notre plate-forme de communication cloud omni-canal, afin d’orchestrer un relais entre le chatbot et un intervenant humain. Par exemple, lorsqu’un utilisateur final ou un consommateur voudra entrer en contact avec un collaborateur de notre centre d’appel, il pourra cliquer sur un bouton dans le chatbot afin d’être mis en communication directe, par vidéo ou canal audio, avec une personne…
Cette possibilité sera proposée sous forme de service et pas uniquement sous la forme d’un code ou d’un dispositif. Pour la mise en oeuvre d’un bot, le client bénéficiera d’un accompagnement et d’une formation par l’un de nos customer success managers de telle sorte qu’il puisse rapidement utiliser le chatbot lui-même…”
Destiny aurait pu choisir une autre solution que celle développée par Faqbot (ce ne sont pas les solutions et les fournisseurs qui manquent…). Dès lors, quels furent les arguments qui l’ont convaincu de jeter son dévolu sur cette petite start-up montoise (trois personnes, en incluant son fondateur Mathis André, et deux data scientists indépendants opérant en sous-traitance)?
“Nous avons choisi Faqbot en raison du type de clients qu’il desservait [Ndlr: Buy Way, Decathlon, l’ULB, Hubo figurent parmi ses clients les plus récents – “des clients de type B2C, midsize, pas trop grands, pas trop petits, qui ont du volume et qui signent vite”, explique Mathis André] mais aussi de l’esprit d’entrepreneuriat qui habite Mathis André et son équipe.
La technologie sous-jacente, aussi, a joué un rôle. De ce point de vue-là, Faqbot revendique deux spécificités: “Une interface utilisateur qui facilite la mise en oeuvre et le paramétrage, et une technologie de paraphrasing qui permet d’entraîner les chatbots”, explique Mathis André. “Créer une IA du type IBM Watson ou Dialogflow devient de plus en plus accessible dans les entreprises. Finalement, tout le monde essaye de mieux faire et dépense des centaines de milliers d’euros pour avoir le même résultat. Nous avons choisi une autre option: ce n’est pas l’engine qui fait le bot mais plutôt le fait qu’il est entraîné. On a donc développé une Intelligence Artificielle qui le permet…”
“Mais le plus important [dans la décision d’acquisition]”, continue pour sa part Joachim Lauwers, “fut la philosophie de services que la société a développée: accompagnement des clients, mise à disposition de customer success managers, support… Ce sont là des éléments qui correspondent à la manière dont Destiny envisage une prestation de services.”
Autre avantage que pointe Joachim Lauwers: “le caractère universel de la solution qui nous permettra de proposer aisément ces services dans n’importe quel pays, quelle qu’en soit la langue ou la localisation géographique. Après tout, Faqbot, tout comme les services de Destiny, repose sur le cloud.”
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