Il a beaucoup été question des demandes, attentes, voire revendications, des “personnes-ressource” – ou coordinateurs informatiques – de l’enseignement lors de la toute récente conférence “L’école post-Covid, plus smart qu’avant?” qui s’est tenue (en virtuel) à l’occasion du Smart City Wallonia 2021.
En effet, en filigrane, le propos que l’on retrouvait notamment dans la bouche de Sébastien Reinders, spécialiste “ed tech”/école numérique à l’AdN, était le reflet fidèle des demandes de la FICT (association de personnes-ressource) qui étaient redites et défendues, parfois avec d’autres arguments.
Faisant référence aux efforts consentis par la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles pour équiper davantage les établissements d’enseignement en solutions informatiques et numériques – en ce compris les moyens supplémentaires décidés lors du basculement forcé en enseignement à distance -, il soulignait que la totalité de ce matériel “n’est pas utilisable ou n’est pas géré par manque de personnel, par manque de statut [pour les personnes-ressouce]. On a fait la moitié du chemin en prévoyant les équipements mais on s’expose maintenant à des soucis pour leur mise en oeuvre.
S’ajoute à cela que la formation initiale et continue des enseignants fait toujours l’objet de réflexions. Des démarches – timides – ont été entreprises au niveau de l’Ares. La réforme en cours n’amènera pas les enseignants au niveau qui devrait être le leur.
Il faudrait en fait que les enseignants soient eux-mêmes conscients de leurs besoins en formation. Il est donc nécessaire de procéder à une réflexion plus fondamentale sur la réforme de cette formation – tant initiale que continue. Sans quoi, il y a un risque de rejet des avancées qui ont été accomplies en temps de crise parce qu’on n’a pas assuré le suivi… Il est nécessaire de définir vers quoi on veut aller et comment on veut y aller.
On a défini un grand plan d’équipement. Il faut aussi un grand plan d’accompagnement et de formation. Et pour cela il faut un accord de coopération [sous-entendu efficace, concret et ambitieux] entre la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles.”
Trop peu et pas “on target”?
Sébastien Reinders (AdN): “La mise à disposition de coordinateurs informatiques devrait relever de la mission structurante de la politique numérique de l’école.” Source: AdN.
L’absence de statut [pour les “personnes-ressource” ou coordinateurs informatiques], le fait que ces tâches incombent à un enseignant qui doit (souvent) “mordre” sur ses heures de cours ou sur son temps libre pour les assumer, ont pour résultat, comme le disait un participant à la conférence Smart City Wallonia, que les écoles planifient le temps imparti au support technique en mode “reliquat de périodes”.
Ce qui suppose en réalité “une bonne dose de volontariat” de la part des enseignants concernés.
Poursuivre selon cette “méthode” ne résoudra donc pas entièrement le problème sous-jacent, même si l’on mutualise, entre plusieurs écoles, les temps disponibles dans le chef des enseignants se chargeant du support technique. “L’un des problèmes est en effet que les écoles gèrent la situation par reliquat de périodes”, reconnaissant Sébastien Reinders. “Alors que cela devrait relever de la mission structurante de la politique numérique de l’école.
La situation est bloquante. Ces personnes-ressource sont le réel “liant” des projets d’équipement. C’est dommage qu’il n’existe pas de structure ^permettant de les engager sur autre chose que des reliquats de période. Je suis favorable à des coordinateurs informatiques “volants” [mutualisés, opérant à la demande] mais il manque une politique globale.
Les mesures prises à ce jour sont donc jugées insuffisantes. La Fédération Wallonie-Bruxelles a certes décidé d’augmenter le nombre de “techno-pédagogues” dépêchés pour aider les enseignants dans leur apprentissage et leur maîtrise des outils numériques mais ce rôle, comme indiqué dans un précédent article, est surtout orienté pédagogie. Il ne correspond pas aux besoins davantage techniques qu’impliquent le déploiement et la gestion technique au quotidien d’infrastructures informatiques et numériques.
Qui plus est, leur nombre reste restreint: le but est d’arriver à une cohorte de 42 personnes. Comme l’indiquait Sébastien Reinders, un calcul rapide permet de s’apercevoir que cela correspond à un techno-pédagogue pour quelque… 2.500 enseignants.
Intervenant en fin de conférence, la ministre de l’enseignement, Caroline Désir, reconnaissait qu’“une perspective structurelle est nécessaire”, au-delà donc des décisions prises dans l’urgence.
Sans réellement proposer une mesure spécifique, elle redisait les “ambitions pour un numérique éducatif”. A savoir: “intégrer les compétences numériques dans le curriculum commun, investir dans les compétences numériques pour favoriser l’égalité des chances, accompagner les enseignants dans les usages, aller au-delà de l’équipement en prenant l’optique des projets pédagogiques, avec une nécessaire réflexion au sein des établissements. Avec l’espoir d’en arriver, à l’avenir, à un usage plus construit et plus rationnel des outils numériques.”
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