En Wallonie, près d’une dizaine de projets avaient postulé auprès des autorités régionales afin d’être retenus dans le cadre du programme européen DIH – Digital Innovation Hubs. Portés chacun par un consortium d’acteurs économiques local, ces DIH sont constitués et proposent un plan d’action en vue de “faciliter et accompagner la transformation numérique des entreprises”, en particulier celle des PME et petites structures, et, par ricochet, “contribuer au développement de l’économie” locale.
Levier pour la pertinence opérationnelle des PME
Les futurs DIH (Digital Innovation Hubs) sont une initiative de l’Union européenne, avec participation active des pays-membres ou régions d’Europe, les DIH s’inscrivent dans le cadre plus global du programme Digital Europe.
Ils devront opérer en tant que centres de compétences faisant office de structures d’aide et de soutien aux entreprises, en particulier aux PME, afin de les assister et guider dans l’amélioration de leurs processus d’entreprise et de production et celle de leurs produits et services grâce aux technologies numériques.
Leur rôle se situe à la fois au stade de la réflexion en amont – veille, compréhension des opportunités… – et au stade de l’activation, via une aide à l’accès aux connaissances et expertises nécessaires, à des centres et infrastructures de tests afin d’évaluer la pertinence d’un projet ou d’une solution avant de déclencher la phase de financement, au développement de compétences via des formations et du mentorat, à un support aux investissements et à la mise en réseau et construction ou développement d’un écosystème.
Pour ce faire, leurs activités s’inscriront dans une quadruple optique:
– sensibilisation, accompagnement, expertise technologique et démonstration de la pertinence des technologies numériques, selon le principe du ”tester avant d’investir”
– formation et développement de compétences pour le secteur ou les métiers thématiques choisi
– élaboration ou formalisation d’un écosystème d’innovation, avec une mise en réseau des entreprises concernées selon leurs besoins et apport de solutions
– assistance à la recherche de financement pour les projets de transformation numérique et d’innovation portés par les PME.
Après pré-sélection au niveau d’une région ou d’un pays, les candidats DIH retenus seront soumis à un processus de sélection au niveau de l’Europe, en vue d’un cofinancement Europe-local.
La phase locale est désormais bouclée tandis que l’agenda pour la phase de sélection finale est encore relativement incertain.
L’appel à projets européen devrait s’ouvrir en mars, avec une période de dépôt de dossier qui devrait s’étendre sur deux mois. Après décision européenne, la mise en oeuvre concrète des DIH devrait donc être initiée fin 2021 ou début 2022.
Industrie et construction
Au final, la Région a retenu deux projets locaux qui seront soumis à l’Europe pour possible sélection finale et financement. Ces deux projets concernent la transformation des entreprises opérant dans le monde de l’industrie et dans celui de la construction.
Nous nous arrêtons, dans cet article, sur le projet “Connect” destiné au secteur wallon de la construction.
Partenaires: le Centre scientifique et technique de la construction (CSTC) qui joue le rôle de coordinateur du projet, la Confédération wallonne de la construction (CCW), le pôle de compétitivité GreenWin, Job@Skills, l’UCLouvain (département ICTeam) et le Centre de recherche et de formation (CeREF) de la Haute Ecole HELHa (Louvain en Hainaut). Auxquels viendront potentiellement s’ajouter, en seconde ligne, des acteurs de l’animation économique tels que les clusters, la Sowalfin, des incubateurs ou centres de recherche (Cenaero, Cetic…), le Réseau AI, sans oublier des acteurs de la formation (IFAPME, Forem…).
Financement du projet de DIH “Connect”
Comme tout projet DIH, celui qui a choisi le secteur de la construction, sera cofinancé par l’Europe et la Région. S’il est sélectionné, l’UE interviendra à hauteur de 50%, la Région à hauteur de 30%, laissant 20% à supporter par des investissements propres – sans doute provenant des industriels et acteurs économiques. Le budget n’a pas encore été précisé, “en attente d’un cadre budgétaire précis à définir par l’Europe”, indique Benoît Parmentier, coordinateur Stratégie & Innovation au sein du CSTC.
Rien ne garantit encore que le projet de DIH Construction de la Région wallonne soit retenu par l’Europe. Benoît Parmentier, coordinateur Stratégie & Innovation au sein du CSTC, estime toutefois que plusieurs éléments plaident en sa faveur: “les technologies numériques et le projet de DIH représentent sans conteste une valeur ajoutée importante pour le secteur.
En Wallonie, les Baromètres successifs de l’AdN indiquent en effet que le taux de pénétration et d’appropriation du numérique dans ce secteur est encore bas. La construction a donc encore un long chemin à faire mais le potentiel est important.
Le numérique est d’ailleurs l’un des trois axes majeurs que nous avons identifiés et intégrés dans notre plan stratégique “Ambitions 2025”. Notre crédo est que l’adoption des technologies numériques est essentielle pour le secteur de la construction. Dans cette optique, un outil tel que le DIH est particulièrement utile. Il nous faut renforcer l’interface entre le numérique et la construction, entre tous les acteurs concernés, et activer davantage l’écosystème local.
Ensuite, deuxième argument, nous avons l’avantage d’avoir déjà mis sur les rails un démonstrateur [ voir plus bas ]. La structure de l’offre de services existant déjà, il sera plus facile de la déployer.
Enfin, la Wallonie peut se prévaloir d’une spécificité dans le registre construction. Plus de 30.000 entreprises travaillent dans ou pour ce secteur. Par ailleurs, parmi tous les projets DIH sélectionnés au niveau des différents pays, fort peu visent ce secteur, contrairement par exemple à celui de l’industrie 4.0…”.
Cocktail de technologies
Quelles sont les technologies ou solutions numériques que le projet compte mettre en avant et “évangéliser” auprès des acteurs de la construction wallonne?
“Nous avons mis l’Intelligence Artificielle et l’Internet des Objets au coeur de notre projet”, explique Benoît Parmentier. “Mais le panel est bien plus vaste et varié puisqu’il inclut également des solutions et technologies telles que les drones, la robotique, les applications métier, les exosquelettes, les maquettes numériques…
L’intelligence artificielle peut potentiellement faire progresser le secteur de la construction, plus particulièrement en matière de gestion de la planification ou des informations sur chantier”, souligne-t-il. “Il y a une multitude de données qui peuvent être collectées et qui ne le sont pas encore actuellement ou qui sont mal exploitées.
L’IA peut également intervenir dans le champ de la sécurité – sécurisation du chantier, surveillance de zones et de comportements à risque, détection de flux (personnes ou matériaux) pour optimiser par exemple la livraison des éléments de construction. Ou encore pour comparer le déroulement d’un chantier avec d’autres afin d’améliorer la planification, ou pour apprendre des projets déjà effectués.
En amont du chantier, l’IA peut se combiner avec les technologies 3D pour rationaliser les produits et matières utilisées. L’analytique peut aussi se mettre au service d’une supervision plus holistique, pour optimiser, en mode multi-critères, les performances énergétiques, acoustiques…”.
Accompagner et acclimater
Selon les quatre axes d’action prévus dans le cadre d’un DIH, les animateurs et partenaires du projet Connect se proposent donc d’organiser des campagnes de sensibilisation des entreprises et acteurs du monde de la construction (PME, gestionnaires de bâtiment, agents publics, éditeurs de solutions, prestataires de services, installateurs…), d’organiser voire de faire développer des formations spécifiques, et d’assurer un accompagnement, tantôt individualisé tantôt collectif.
Le volet “test avant investissement” vise quant à lui, comme expliqué plus haut, la mise en oeuvre de ressources et services aidant les entreprises à découvrir, tester, vérifier la pertinence pour elles des technologies avant de devoir formellement consentir des investissements en propre et les déployer dans leur contexte spécifique.
Parmi les “outils” mis en oeuvre dans le cadre du candidat DIH Connect, on trouve notamment le démonstrateur numérique de la construction “Build4Wal”, déjà partiellement concrétisé par le CSTC. Nous vous l’avions présenté voici un peu plus d’un an (relire l’article)
Il permettra aux acteurs du monde de la construction de venir se familiariser aves des technologies et solutions telles que BIM évoluée, réalité virtuelle et augmentée, impression 3D (béton et autres matériaux), Internet des Objets, solutions robotiques, drones… “Des ateliers et conférences de sensibilisation ont déjà été organisés. Nous avons commencé à élaborer des scénarios de démonstration, en fonction du taux de maturité et du profil des entreprises concernées, pour les aider notamment à planifier un trajet de transformation, à se définir des priorités…”
De premiers “mobile hubs”, camions aménagés en démonstrateurs mobiles, ont commencé leur premières visites sur le terrain, sur chantiers, “pour procéder aux démonstrations en situation réelle. Nous pouvons ainsi démontrer l’utilité d’outils de gestion opérationnelle, avec intégration des solutions nouvelles avec un ERP, ou encore l’utilité qu’il y a à optimiser l’ensemble des processus, faire la chasse aux gaspillages, améliorer la communication entre les différents intervenants de la chaîne de construction…”
Le bâtiment qui servira d’espace de démonstration fixe devrait lui être inauguré en 2022, à Limelette, à proximité du siège du CSTC.
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