100% des foyers et entreprises du territoire de Bruxelles-Capitale (19 communes) connectés à un réseau fibre optique 10 Gbps d’ici 2026. Voilà l’ambition affichée et la promesse officiellement formulée cette semaine par Proximus. Et, deux ans plus tard (2028), l’intention d’atteindre les 70% de couverture à l’échelle de la Belgique entière.
Pas de chiffre précis d’investissements cités lors de l’annonce du plan FTTH/FTTB bruxellois. “De nombreux millards”, résumait simplement Guillaume Boutin, CEO de Proximus. Avec toutefois une indication en termes de “montée en puissance”: “pour les investissements globaux dans notre réseau, nous avons l’intention de pousser jusqu’à 1,3 milliard par an dès 2021, et ce, pour les cinq prochaines années.”
Quid du calendrier de déploiement sur Bruxelles?
Quelque 50.000 clients (foyers ou entreprises) sont pour l’instant connectés à la fibre (les dernières extensions en date ayant concerné des clients à Koekelberg et à Anderlecht). “25.000 nouvelles connexions auront été réalisées cette année”, déclarait Geert Standaert, CTO de Proximus. “En 2021, il y en aura 70.000 de plus. A partie de 2022, le rythme de croisière sera de 100.000 par an.”
Guillaume Boutin (Proximus): “Le plan de déploiement de la fibre pour connecter 100% des foyers et des entreprises de Bruxelles-Capitale est notamment un facteur de relance économique et un vecteur de compétitivité pour la ville, pour le développement d’applications disruptives, pour une société plus durable et inclusive.”
A l’échelle de la Belgique toute entière, le score actuel est chiffré à “400.000 habitations”. A la date-butoir fixée de 2028, le chiffre devrait être passé à 4,2 millions de bâtiments ou habitations. Correspondant donc à la couverture de 70% promise. Pas de précision par contre en termes de priorités (sous-)régionales éventuelles. Si ce n’est la promesse malgré tout qu’aucun territoire ne sera oublié.
Rythme de déploiement pour l’ensemble du territoire: “en 2020, nous aurons connecté entre 150.000 et 200.000 foyers. On passera à 300.000 en 2021 et on doublera à nouveau en 2022 pour atteindre un rythme de plus de 500.000 par an.”
Quant aux 30% restant (et on sait les craintes que ce soient toujours les mêmes défavorisés…), au-delà de 2028, ils ne seront pas oubliés mais, soulignait Guillaume Boutin, cela exigera de passer d’autres partenariats de déploiement, “sans doute des partenariats public-privé [sous-entendu, les regards se tournent vers les Régions, notamment], voire des subventions européennes afin de pouvoir y arriver.”
En solo à Bruxelles, en partenariat ailleurs
Pour déployer son réseau fibre sur le territoire bruxellois, Proximus agira en solo, sans partenaire technologique, contrairement à ce qui est prévu en Flandre (partenaire: Delta Fiber) et en Wallonie (partenaire: Eurofiber, avec lequel l’objectif est de connecter “au moins 500.000 foyers et entreprises en Wallonie”).
La raison du solo bruxellois? “Dans un premier temps, les déploiements se feront toujours en propre, par nos propres équipes”, déclare Guillaume Boutin. “Dans les régions moins denses, nous ferons appel à des partenaires pour nous épauler”. A Bruxelles, région “plus proche” et surtout densément peuplée, donc plus rémunératrice, Proximus estime pouvoir opérer en solo.
Par contre, en termes de communication, de campagne de sensibilisation et de déploiement sur le terrain, “des partenariats avec la Ville, avec les 19 communes, avec Bruxelles Mobilité, avec les entreprises de services publics, il devra y avoir un partenariat étroit et le projet doit être activement porté par les politiques, seule manière de concrétiser notre ambition”, déclarait Geert Standaert.
Guillaume Boutin (Proximus): “Le réseau fibre optique de Proximus sera un réseau ouvert. Ouvert à des partenaires opérateurs qui y seront actifs. Des accords ont déjà été passés avec 25 opérateurs – positionnés en B2B, sur des créneaux spécifiques ou s’adressant au résidentiel.” Mais pas de noms cités, les partenaires “ne le souhaitant pas à l’heure actuelle”.
Les équipes de Proximus, y compris à Bruxelles, seront d’ailleurs loin d’être les seules à mettre la main à la pâte. Des partenaires installateurs seront activés, A tel point qu’ils représenteront 80% des emplois à pourvoir pour le programme d’installation et déploiement. Au total, ce sont 600 nouveaux emplois qui devraient ainsi être créés à Bruxelles, couvrant une vaste panoplie de compétences: installateurs de fibre, techniciens en connexion, spécialistes du câblage structuré, designers de réseau fibre, chefs de projets… Tant Actiris, Bruxelles Formation que le VDAB seront sollicités pour les recrutements et les formations.
La position de la Région bruxelloise
Non sans ironie, le ministre Bernard Clerfayt, en charge de l’Economie et de la Transition numérique, accueillait l’annonce de Proximus par un “bienvenue parmi les partenaires de la fibre optique”, rappelant que la Région-Capitale avait investi, de son côté, et depuis belle lurette dans le déploiement et la gestion d’un réseau fibre pour les organismes publics bruxellois (administrations, écoles, hôpitaux…). Un réseau géré en partenariat avec un partenaire privé – Orange pour ne pas le citer…
Interrogé sur l’intérêt d’avoir à terme deux réseaux fibre, il se contentait de souligner que l’essentiel est que la totalité du territoire soit couvert et pas uniquement une clientèle business. Pour le reste, le réseau Irisnet sera remis en concurrence en 2022 pour le déploiement de sa troisième version. “Ce sera un marché ouvert, au terme duquel le meilleur opérateur proposant les meilleurs services et offrant des conditions d’accès au meilleur prix possible sera désigné. Certains plaident pour une concurrence. La décision dépendra de l’orientation qui sera donnée au marché…”
Par contre, toute ironie mise à part sur ce débarquement tardif de l’opérateur, le ministre saluait le projet: “c’est le signe que Proximus croit dans l’avenir de la Ville (ou Ville-Capitale) et qu’elle est un lieu intéressant pour y investir afin d’attirer nouveaux métiers, activités et investisseurs.”
Philippe Close, bourgmestre de la ville de Bruxelles, soulignait pour sa part: “ce que je trouve intéressant dans le projet de Proximus, c’est qu’il n’oublie aucun foyer. Il n’est pas question de favoriser un quartier plutôt qu’un autre. C’est bien dans l’esprit du service universel.”
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