Dans le cadre global du programme “Digital Commerce” que déploie la Région wallonne dans le but d’aider commerçants, artisans, indépendants et entreprises à adopter davantage des outils et processus de commerce électronique (ou, à tout le moins, d’une présence en-ligne), un nouveau volet s’ouvrira en 2021.
Nom de baptême: “Smart Commerce”. Cible plus spécifique: les municipalités elles-mêmes, les responsables de l’animation et de l’aménagement des territoires locaux et les commerçants de centre-ville.
A l’origine de ce nouveau projet de sensibilisation/activation: la volonté de (re)dynamiser le commerce de proximité et les quartiers commerçants en centre-ville en leur donnant de nouveaux leviers d’attractivité du chaland.
Pour tenter de trouver une solution à un double problème quasi endémique et qui ne fait que s’amplifier – d’une part, la désertification commerciale touchant les petites enseignes et “family commerce” et, d’autre part, le manque d’articulation entre commerce numérique et échoppes physiques -, le scénario qui a été élaboré par l’AdN pour 2021 est d’amener les villes et communes à mieux s’approprier et exploiter certains gisements de données concernant leur territoire et les acteurs qui y vivent ou qui les fréquentent.
Le territoire dans tous ses états
Pour ce faire, la Région financera le développement d’une “méthodologie d’audit et d’un outil d’audit à destination des communes pour l’élaboration d’un parcours-client sans friction”.
La notion de “parcours-client” couvre potentiellement toutes les étapes d’un achat: depuis le repérage en-ligne d’un produit ou service jusqu’à l’acte d’achat (ou de récupération de commande) auprès du commerçant.
“En ce compris, le trajet à suivre, les moyens de transport à disposition, les conditions et modalités de parking, l’existence éventuelle de points de collecte sur le territoire de la ville ou de la commune, les possibilités de livraison…” énumère Hélène Raimond, chargée des projets Digital Commerce à l’AdN.
“Pour favoriser le parcours d’achat en centre-ville [ou sur le territoire urbain/communal], les villes et communes ont besoin de données et d’être en mesure de les exploiter intelligemment.” Le but du projet Smart Commerce est dès lors d’établir une corrélation avec la notion de Smart City/Smart territoire et d’aborder la problématique de la dynamique commerciale intra-urbaine sous l’angle de l’utilisation “intelligente” de gisements de données et d’une meilleure connaissance du territoire afin de permettre aux chalands de venir acheter et consommer plus aisément auprès des commerçants de proximité.
Hélène Raimond (AdN): Le but n’est pas de se substituer au privé mais d’aider à la mise en oeuvre d’une démarche plus méthodique afin d’aider les communes à réfléchir autrement à la dynamique commerçante.”
Les “outils”
Un prestataire (à désigner à l’issue d’un marché public – voir encadré ci-dessous) aura pour tâche de développer à la fois une méthodologie et un outil d’“audit” que chaque ville et commune pourra utiliser pour mieux identifier, répertorier et utiliser les données à sa disposition et pour développer, sur base de l’analyse et de l’exploitation de ces données, un plan d’actions structuré selon ses spécificités.
Le(s) prestataire(s) à désigner devra ou devront, en principe, satisfaire aux critères suivants (entre autres paramètres d’évaluation de candidature):
– avoir de l’expérience dans le développement d’outils d’audit
– avoir si possible déjà travaillé pour les pouvoirs publics
– faire preuve d’une connaissance et d’une pratique appropriées des exigences d’ergonomie et de convivialité auxquelles l’outil à développer devra satisfaire afin de le rendre aisément maîtrisable par les responsables municipaux
Et, bien entendu, s’engager à respecter le calendrier: le développement de l’outil et de la méthodologie, la phase-pilote auprès de 6 communes (voir plus loin), la phase éventuelle d’amélioration de l’outil, la mise à disposition des intercommunales devront avoir été bouclés avant la fin 2021.
La méthodologie devra permettre à chaque ville ou commune d’“aborder chaque étape d’un processus d’achat sous les angles suivants:
– ressources humaines à mobiliser
– technologies à mettre en oeuvre ou existantes à exploiter
– respect des normes en matière de données (RGPD)
– valorisation des données collectées
– coût et profit dégagés à chaque étape…”.
Pour former les villes et communes à l’utilisation de l’outil, l’idée est de passer par les huit intercommunales de développement économique du territoire qui bénéficieront d’une aide financière de la Région (dans le cadre du programme) afin de former les responsables municipaux à l’utilisation de l’outil d’audit et à la préparation des cahiers des charges devant désigner un prestataire pour la définition du plan d’actions et des outils numériques à publier au profit des citoyens et des chalands.
Des données en tous genres
Connaissance du territoire, (open) data et attractivité des commerces de proximité s’entrecroisent donc dans le scénario de ce nouveau projet sponsorisé et financé par la Région.
Mais quelles sont ces données dont les villes et communes (voire les associations de commerçants) pourraient se saisir pour “favoriser l’attractivité des centres-villes”?
On l’a déjà évoqué: des données et informations sur les moyens de transport, les axes de pénétration, les possibilités de parking, des informations sur les commerces eux-mêmes, des données provenant par exemple potentiellement des opérateurs télécoms (flux de personnes, zones d’affluence, taux de fréquentation de rues commerçantes, nuitées passées sur son territoire, provenance des usagers de certains services…).
Idem pour les données des services de transports publics (problèmes de trafic, concentrations de flux piétons…) ou encore les données récoltées par les outils et applications mis en oeuvre par les autorités municipales elles-mêmes (portail, appli mobile, hotspots WiFi urbains…).
Hélène Raimond (AdN): “le but de Smart Commerce est de donner aux villes et communes les moyens d’identifier les maillons faibles et les maillons forts dans leur propre connaissance de leur territoire.”
Le tout pour cartographier les atouts et faiblesses de l’infrastructure et des acteurs et services opérant sur le territoire des villes et communes et permettre d’agir sur les éléments faisant défaut ou manquant d’efficacité.
Six communes-pilote
L’outil d’“audit” (caractérisation et exploitation des gisements de données) que développera le prestataire sera, dans un premier temps, testé, validé, voire amendé par six communes-pilote.
Qui seront ces six cobayes? “Leur sélection s’effectuera à la fois sur base volontaire et en fonction de la réalité des territoires. Nous voulons en effet le meilleur panachage possible entre urbain, rural, degré de densité de population…”, indique Hélène Raimond. Autre prérequis: “il s’agira de communes affichant un minimum de maturité numérique, à même dès lors d’apporter une contribution concrète à l’exercice.”
Après la phase-pilote, l’intention est de mettre l’outil à disposition d’une vingtaine de villes et communes, en collaboration avec les intercommunales. Le déploiement ultérieur s’effectuerait, sans plus d’intervention financière de la Région par le biais des intercommunales de développement économique, chacune d’elle étant invitée à inclure l’outil d’audit et la méthodologie comme services supplémentaires dans son catalogue (à un tarif qu’il lui reviendrait de déterminer).
Pourquoi passer par l’“étage” des intercommunales? “Cela nous est apparu comme la meilleure manière de couvrir la totalité du territoire. Sans oublier”, ajoute Hélène Raimond, “que les intercommunales disposent elles-mêmes de sources intéressantes de données territoriales (spécificités de la dynamique commerciale, flux de passage…), qu’elles peuvent donc mettre au service de l’outil”. [/private]
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