WSL: plus que jamais un rôle-clé dans le paysage “ré-industrialisation” wallon?

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Par · 10/06/2020

Avec quelques semaines de retard, circonstances de confinement obligent, l’incubateur des sciences de l’ingénieur WSL tirait cette semaine le bilan de ses activités 2019.

Avec des chiffres qui sont plutôt positifs: + 25% en termes de chiffre d’affaires cumulé réalisé par les start-ups “incubées”, + 20% en termes d’emplois temps plein générés.

L’incubateur pour “techno-entrepreneurs” (secteurs électronique et mécatronique, industrie 4.0, ICT, AI, med tech et green tech) comptait ainsi 82 jeunes poussés en portefeuille en 2019. 

Notons au passage que plusieurs contrats d’accompagnement étant arrivés à échéance, elles n’étaient plus que 62 en début d’année 2020, mais 12 nouvelles devraient les rejoindre avant la fin de l’année (prochaine sélection imminente de six start-ups, et six de plus à l’automne). Voir encadré c-idessous pour quelques chiffres marquants 2019).

WSL en 2019

– 10 nouvelles start-ups en portefeuille (ALX Systems, APEO, Depthen, Heart Kinetics, Melmot, Microspir, Neurogreen, Novobiom, Scoup, Tphase)
– total de 82 sociétés accompagnées, dont 10 au stade du projet, 66 en phase de démarrage (start-up, réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires) et 6 en phase de croissance (chiffre d’affaires se situant entre 1 et 5 millions d’euros)
– 10 projets accompagnés dans le cadre du programme MedTech booster
– subventions européennes SME Instruments décrochées par 2 jeunes pousses: Tessares et Mirmex
– 2 exits: Cefaly et Smartnodes
– chiffre d’affaires cumulé des 82 accompagnées: 134 millions d’euros
– effectif cumulé des 82 accompagnées: 1.041 ETP

C-R-L

Dans les semaines qui suivent, un nouveau type d’aide et d’accompagnement va être ajouté au catalogue: le CRL Booster, placé sous la direction de Sébastien Assouad.

CRL, comme dans “customer readiness level”, l’un des deux axes du modèle MatMax qu’applique depuis déjà quelques années le WSL (développement technologique du produit ou service en ordonnées ; développement et quête de maturité clientèle/marché en abscisses. Pour le CRL, le parcours de maturation s’organise en plusieurs étapes ou échelons progressifs: segmentation du marché-cible ; hypothèses commerciales validées auprès de clients et/ou partenaires potentiels ; vérification d’adéquation du “couple” produit/marché ; plan commercial et marketing ; premières ventes significatives ; déploiement commercial ; validation du modèle d’affaires.

L’optique marché / adéquation avec la (réelle) demande ou le (réel) besoin du marché reste (souvent) le péché mignon, la faiblesse des start-ups et entrepreneurs “techno” dont l’adn est l’ingénierie – tous secteurs et champs d’applications confondus. Plus encore que les autres jeunes pousses, les “deep tech” (et apparentées) règlent leurs boussoles d’abord sur le progrès et l’innovation technologiques, ne pensant concrétisation commerciale qu’en “second thought”.

C’est cette lacune que le programme d’accompagnement CRL Booster, en mode “accélérateur”, veut combler ou contribuer à atténuer. Objectif: “aider les start-ups à vendre plus vite, à renforcer la traction.”

La grille d’évaluation MatMax: degré de maturité technologique et commerciale des start-ups…

En quoi consistera-t-il? Pas d’ateliers théoriques, ex-cathedra, mais un accompagnement orienté sur la pratique et les défis concrets rencontrés – avec “analyse de concepts, présentation et formation aux outils, exercices et mise en oeuvre concrète, échanges et sollicitations d’experts en one-on-one…”.

Neuf ateliers (pratiques) seront organisés, sur des thèmes tels que couple produit-marché, entretiens de vente, marketing, growth hacking, communication interpersonnelle…

On en saura plus sur les modalités pratiques d’ici quelques semaines. Le WSL, en tout cas, souligne qu’une dizaine d’experts, belges ou étrangers, seront mis à contribution pour entourer et épauler les start-ups. Parmi eux, plus de la moitié qui n’ont pas encore fait partie, jusqu’ici, de l’écosystème du WSL.

Lancement effectif de la première session CRL Booster: novembre (soit deux mois de retard par rapport au planning initial qui avait été imaginé avant la crise du coronavirus). Durée: quatre mois, jusqu’en février 2021.

Qui peut en bénéficier? Les start-ups et techno-entrepreneurs accompagnés par le WSL mais aussi d’autres sociétés non liées à cette communauté et qui pourraient justifier des mêmes profils et besoins.

“Pérenniser et amplifier le modèle WSL”

Les résultats en progression positive régulière qu’affiche le WSL ont retenu l’attention (notamment) du Ministre Willy Borsus, ministre de l’économie et du numérique en Région wallonne. Lors de sa visite au WSL et après une séance privée bilan-perspective avec la direction du WSL, il promet dès lors d’“apporter un soutien au développement d’un modèle qui est porteur de résultats, tout en reposant sur une structure légère, agile, qui privilégie les partenariats, et qui a obtenu une reconnaissance internationale [Ndlr: notamment lors du benchmark des incubateurs réalisé par l’Association internationale UBI-Global].”

“Soutenir” mais aussi “amplifier” le modèle. La réflexion est donc engagée, côté WSL et côté pouvoirs publics, pour identifier de “nouveaux éléments de stabilisation” et apporter des “moyens financiers complémentaires”.

Concrétisation et atterrissage sans doute vers la fin de l’année. Le type d’activités et d’accompagnement de jeunes pousses techno-entrepreneuriales que mène WSL s’inscrit en tout cas dans la philosophie de “redéploiement industriel” qui connaît un regain côté wallon – dans les discours et les déclarations d’intention depuis le lancement de la législature en cours et avec un nouveau regain à l’occasion de la crise pandémique.

 

Willy Borsus: “La volonté du gouvernement est de favoriser le redéploiement industriel pour la Wallonie, afin de ramener chez nous des activités industrielles nouvelle vague. Il est dès lors important de mettre en oeuvre une capacité de faire grandir des projets. Un acteur tel que WSL permet de tirer les fruits de la recherche mais aussi de les concrétiser, ce qui est un aspect important pour la création et la croissance des activités. La croissance des start-ups et des PME est l’un des enjeux-clé pour la Région.”

 

Le redéploiement industriel de la Wallonie, le soutien à la délocalisation trouveront une place dans le Plan de relance que prépare le gouvernement wallon. Autres volets de ce plan: un soutien aux investissements, à la numérisation, à la recherche et innovation.

Lors de sa visite au WSL, le ministre Borsus a clairement dit sa conviction que WSL était l’un des outils sur lesquels recherche, réindustrialisation, soutien à l’expansion de projets numérico-industriels pouvaient s’appuyer.

“Il est dès lors important de mettre en oeuvre une capacité à faire grandir des projets. Un acteur tel que WSL permet de tirer les fruits de la recherche mais aussi de les concrétiser, ce qui est un aspect important pour la création et la croissance des activités. La croissance des start-ups et des PME est l’un des enjeux-clé pour la Région.”

D’où la promesse de soutien à son développement et d’“amplification” du modèle. Selon des modalités concrètes qu’on découvrira sans doute d’ici quelques semaines…

L’“effet Covid” sur les start-ups

Période exceptionnelle oblige, le WSL faisait également, cette semaine, le bilan de la manière dont les start-ups accompagnées ont traversé cette crise pandémique, avec les bouleversements économiques et comportementaux qu’elle a engendrés.

Le bilan est relativement contrasté, en termes d’impact, selon les start-ups et les domaines sur lesquels elles se positionnent, mais dans l’ensemble “pas de crash”, affirme Agnès Flémal, directrice de WSL.

 

Agnès Flémal (WSL): “Deux ou trois start-ups [du portefeuille WSL] ont effectué quelques adaptations à leur solution en raison d’un “effet Covid” et de l’évolution du marché mais sans changement radical.”

 

Sur l’ensemble du petit peloton – fort de quelque 62 jeunes pousses, un “échantillon” non négligeable -, le bilan est d’ailleurs plutôt positif. Certes, dix start-ups ont ressenti des effets négatifs, avec une baisse d’activité et de chiffre. “Essentiellement parce qu’elles s’adressent à des marchés qui ont été à l’arrêt ou fortement ralentis, comme l’automobile ou l’horeca”. Mais le gros des troupes a plutôt bien traversé la tempête:

Répartition sectorielle du “portefeuille” de start-ups WSL – 2019

– 41 n’ont pas ressenti d’impact: “simplement parce qu’elles en étaient au stade du prototype, du développement de leur solution, et ont donc continué dans cette voie”, souligne Agnès Flémal
– 4 ont ressenti des effets à la fois négatifs (ralentissement dans le processus de concrétisation des ventes) et positifs (nouvelles opportunités) qui, dans l’ensemble, s’annulent – statu quo donc
– 7 (donc malgré tout sensiblement moins que celles qui n’ont ni progressé, ni souffert) signalent des effets positifs de la période pandémique, essentiellement parce qu’elles se trouvaient sur les “bons” créneaux: “il s’agit de sociétés actives dans la gestion des données [big data, analytique…], la télé-surveillance, l’échange d’informations, la signature numérique, les green tech. Elles ont tiré parti des tendances qui se sont fait jour durant la crise.” Des exemples? Dynamic Flows a convaincu certains clients, notamment de grandes entreprises, de déployer des processus de gestion et de signature électroniques de documents et contenus. Tessares a vu venir vers elle des opérateurs télécoms (étrangers) en quête d’une solution immédiate leur permettant de doper la bande passante de leurs réseaux, mis à mal par l’explosion de l’utilisation d’Internet (télétravail, vidéo temps réel…). Sa solution MP-TCP (Multipath TCP) tombait à pic…