Gridmax, positionné sur le terrain des solutions 4G et opérant initialement en province de Luxembourg (la société est née et basée à Vresse-sur-Semois), vient de se faire racheter par Cegeka. L’intérêt du groupe se situe sans doute pour une bonne part dans le fait que Gridmax avait également posé sa candidature pour décrocher une licence 5G pour mieux exploiter et étendre la solution imaginée.
Les droits d’utilisation de la fréquence des 3,5 GHz (droits octroyés pour la 4G mais avec une fréquence qui sera l’un des piliers de la 5G) avaient été décrochés dès 2011 par la société luxembourgeoise qui les a mis à l’oeuvre dans sa zone initiale d’activités, à savoir les entités de Vresse-sur-Semois, de Bièvre, de Gedinne et de Bouillon.
Gridmax désirait étendre son rayon d’action et desservir un territoire plus large avec ses solutions 4G/5G mais se trouvait bloquée dans ses ambitions par l’IBPT qui lui avait signifié une fin de non recevoir, dans l’attente de l’attribution des licences 5G aux divers candidats en lice. Postuler à une licence nationale semblait par ailleurs devoir imposer au minimum des “alliances”, comme la société l’évoquait en 2019 dans une interview au journal Le Soir.
L’acquisition par le groupe Cegeka, au sein duquel on retrouve notamment la société wallonne NSI IT Software and Services, lui ouvre ainsi de nouvelles perspectives. Quant à Cegeka, il renforce ses chances de se voir octroyer la licence 5G convoitée. “Grâce à cette acquisition, Cegeka fait un pas de plus vers le marché prometteur de la communication pour objets industriels dans le cadre de l’Internet des Objets (Industrial IoT).
Grâce au réseau existant et au spectre exploité par Gridmax, nous pouvons faire nos premiers pas sur le marché des télécommunications sans-fil, avant le déploiement de nouveaux services 5G”, a ainsi déclaré Stijn Bijnens, patron de Cegeka. “Il s’agit d’une étape importante dans notre stratégie, qui vise à anticiper de manière fondamentale et à long terme sur les besoins de transformation numérique auxquels vont être confrontés des secteurs importants du marché B2B”.
Cible: le B2B industriel
Gridmax vise une clientèle industrielle, leur proposant des solutions de communication/connectivité et de services gérés: surveillance d’équipements, pilotage à distance, gestion de flux industriels…
Elle a développé une solution 4G de communication industrielle sans-fil (technologie Wimax) avec Qualité de Service et VLAN tagging – de quoi sérier et prioriser le trafic.
Eric Smekens (Gridmax): “Grâce à NSI IT Software & Services et à Gridmax, il y a pour Cegeka une belle opportunité de développement, pour une vraie dynamique industrielle à activer au départ de la Wallonie.”
La principale référence de la société concerne la mise en oeuvre de sa solution pour le pilotage et la gestion à distance de sous-stations de distribution d’électricité (client: Ores). Limité, pour des raisons régulatoires, dans sa petite région d’origine, il était difficile voire impossible à la société d’étendre sa clientèle. Seul autre projet d’envergure, mais encore au stade des tests internes: une solution de comptage intelligent de distribution et consommation d’eau pour les communes locales.
“Notre expertise en solutions de communications industrielles 4G end-to-end avec QoS est sans nul doute ce qui intéressait Cegeka”, indique Eric Smekens, co-fondateur et patron de Gridmax.
“En vue des enchères pour l’obtention d’une licence 5G définitive, je recherchais un partenaire qui ait les capacités financières nécessaires mais je cherchais aussi des gens qui connaissent le métier et qui offrent les meilleures perspectives possibles pour l’exploitation des capacités technologiques et intellectuelles existantes.”
Cegeka, l’un des candidats à la licence 5G (aux côtés des opérateurs télécom historiques ainsi que de Citymesh et Entropia), remplissait à ses yeux ces conditions.
Pour Gridmax, le désenclavement
Désenclavement géographique, qui va permettre à la société d’Eric Smekens, de sortir de sa zone de la Basse Semois pour étendre sa couverture de territoire et, dès lors, sa clientèle.
Désenclavement ou, plus exactement, extension et évolutions technologiques ensuite. L’avenir, à l’heure du 5G, sur lequel mise Gridmax, est le champ du m-MTC (massive Machine-Type Communication).
Quelles synergies et collaborations vont s’installer à l’avenir entre la micro-structure Gridmax (deux ingénieurs et un recours ponctuel à des sous-traitants) et le groupe Cegeka ou sa filiale NSI IT Software & Services? Encore trop tôt pour le dire précisément. “Nous devons encore nous coordonner”, indique Eric Smekens. “Des liens sont également possibles avec l’une ou l’autre filiale de Cegeka du côté néerlandophone, qui rechercherait des solutions dans le champ industriel et IoT/m-MTC. Les diverses entités s’épauleront mutuellement, notamment pour activer les bonnes ressources dans la perspective d’une évolution vers ce qu’on appelle le Multi-access Edge Computing (MEC) qui consiste à renforcer les capacités de traitement en extrémité de réseau. Cegeka dispose d’importances capacités en termes de virtualisation des ressources IT et des applications.”
Autre solution et évolution technologique vers lesquelles Gridmax porte activement ses regards: les solutions OpenRAN, “nouvelle architecture en devenir ayant pour but de réaliser la virtualisation des équipements de radiocommunication.”
La 5G industrielle
Impossible de présumer de l’octroi des licences 5G (il faudrait tout d’abord que la Belgique dispose d’un gouvernement fédéral de plein exercice) mais quid si Cegeka ne décrochait pas sa licence? Quelles perspectives resterait-il alors à la société ou à Gridmax qui, tient à souligner Eric Smekens, demeure une entité autonome dont il assure la gérance?
“Depuis la fin mars et la décision de l’IBPT de débloquer les contraintes géographiques imposées jusque là à Gridmax et Citymesh, les choses commencent à bouger. Les enchères formaliseront la chose. Mais je ne me sens pas inquiet de l’octroi des licences. Il y a assez à faire.
Ce qui est en fait important c’est l’émergence d’un pôle d’acteurs nouveaux [Gridmax/Cegeka, Entropia, Citymesh] dans le domaine industriel, un domaine dans lequel la Belgique pourrait peut-être s’illustrer. Une approche par licences est à même de promouvoir l’espace nécessaire dans le spectre pour développer le métier. Je veux continuer à jouer personnellement un rôle pour fairer émerger ce pôle.
Pour ce qui est de la licence 5G, nous nous préparons à exploiter le nouveau potentiel sur les bandes 4G/Wimax industriel. Nous recherchons des solutions, notamment via l’OpenRAN mais rien n’empêcherait de continuer en Wimax.”
Le réel défi, poursuit Eric Smekens, “est plutôt que les pouvoirs publics, à tous les niveaux, soient conscients de l’importance de la 5G, qui soit plus que du Neflix grand public. Il y a aussi tout le champ de l’industrie 4.0, un domaine dans lequel l’Allemagne fait figure de référence. L’industrie 4.0 doit rechercher et garantir son espace dans les bandes allouées.”
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