Alors que tout le monde se calfeutre, la société IBGraf, basée à Liège et à Wavre, spécialisée en intégration de solutions de gestion comptable et commerciale, annonce l’acquisition de deux (petits) confrères: le belge Plug & Go (Liège) et le luxembourgeois Account IT (Strassen).
Au catalogue d’IBGraf figurent donc des solutions de gestion comptable, de gestion commerciale interne, des solutions de dématérialisation des processus de gestion, ainsi que des plates-formes de collaboration. Citons notamment Sage (Bob, Cloud Demat), Horus, Teamleader, EMAsphere, SmoAll, Skwarel, Codabox…
Croiser offres et compétences
Plug & Co et Account IT sont de très petites structures (respectivement 3 et 2 personnes rejoindront les effectifs IBGraf). Le renfort, de ce point de vue-là, ne sera donc pas énorme pour la société liégeoise. L’effet est surtout attendu en termes d’enrichissement du portefeuille par des solutions complémentaires (voir ci-dessous), de mutualisation de compétences, et de cross-selling.
L’acquisition se justifie en effet par la volonté d’IBGraf d’étendre son type de clientèle et la nature des produits et services qu’elle leur propose.
“Notre volonté était avant tout de renforcer notre position sur les marchés wallon, bruxellois et grand-ducal”, indique Matthieu Moor, l’un des deux directeurs d’IBGraf.
“Notre clientèle est composée de TPE (petite PME employant jusqu’à 25 personnes, selon la définition qu’en donne IPGraf), de PME et de fiduciaires. Account IT s’adresse elle aussi à une clientèle de fiduciaires et de PME. Plug & Co, pour sa part, dessert également des entrepreneurs et des start-ups, une clientèle que nous ne touchions pas encore jusqu’ici. Plug and Go, par exemple, propose des solutions de gestion pour caisses enregistreuses, ce qui nous ouvre une cible complémentaire.”
IBGraf en chiffres…
… après les deux acquisitions
Effectifs: 45 personnes (dont 40 chez IBGraf elle-même – 25 en Belgique, 15 au Grand-Duché)
Chiffre d’affaires: 5,5 millions d’euros
Au Grand-Duché, IBGraf disposait déjà d’une antenne: IBLux, basée à Windhof.
Clientèle d’IBGraf, avant acquisition: environ 2.000 clients dont quelque 500 fiduciaires. Au Grand-Duché, IBLux compte environ 600 clients, dont la moitié de fiduciaires et de structures financières.
L’acquisition de Plug & Go et d’Account IT, c’est la promesse de quelque 600 clients supplémentaires. Si environ un quart de la clientèle d’IBGraf est constituée de fiduciaires, les pourcentages sont sensiblement moindres du côté des deux sociétés rachetées: 10% du côté de Plug & Go, 25% pour Account IT.
A contrario, Account IT pourra bénéficier du catalogue des deux autres entités – en pouvant désormais proposer à sa clientèle des solutions de gestion commerciale et de dématérialisation.
“Les synergies sont possibles dans les deux sens”, explique Matthieu Moor. “Plug and Go apporte ses solutions de caisses enregistreuses. Nous proposons pour notre part Modullo, une solution intégrée de gestion sur tablette (ERP, CRM, RH, e-shop) qui permet aux commerçants de gérer plus souplement leurs processus. Plug and Go pourra désormais la proposer également à ses propres clients…”
Matthieu Moor ajoute encore: “Les clients de Plug and Go et d’Account IT ont été fidélisés mais peu démarchés à ce jour. De l’upskilling, en termes de produits qu’on leur propose pour répondre à leurs besoins, est donc possible.”
D’autres acquisitions futures?
IBGraf estime-t-elle nécessaire d’encore procéder à des acquisitions pour étendre son assise et sa représentativité sur le marché? “Notre réaction sera opportuniste”, déclare Matthieu Moor. “Si nous sommes sollicités, nous analyserons les dossiers, nous évaluerons les risques. Si le retour d’expérience est positif avec les deux acquisitions d’aujourd’hui, le scénario pourrait être possible à court ou moyen terme.”
Bruno Roloux (à fr. sur la photo, aux côtés de Matthieu Moor): “Nous continuerons de proposer un catalogue qui couvre les besoins de A à Z, avec des produits interconnectés.”
Mais, comme tient à le souligner son collègue Bruno Roloux, co-directeur d’IBGraf, “l’essentiel sera d’évaluer ce que cela peut apporter, tant en termes de services au client que d’expériences pour nos propres effectifs.”
Outre l’acquisition, une autre voie pourrait être la constitution d’une antenne ou d’une structure-soeur, “par association avec des partenaires spécialisés dans une thématique ou une fonctionnalité précise, dans un secteur spécifique.” Comme cela a déjà été fait avec les deux entités-soeurs que sont Webcom2you et Rcarré (voir plus bas).
Si IBGraf a choisi de racheter deux sociétés, c’est pour mieux “répondre aux besoins actuels et futurs des entreprises belges et luxembourgeoises en matière de digitalisation, à une époque où l’informatique de gestion est en pleine transformation numérique, avec la généralisation du modèle SaaS, la fameuse guerre des talents ainsi que les nouvelles attentes des générations Y et Z (mobilité, connectivité, smart solutions, smart services…) qui constituent aujourd’hui près de 50% du tissu managérial.
Au-delà de l’effet “mutualisation de compétences” et extension du catalogue par une sorte de “fertilisation croisée” entre les produits que les trois entités proposent (en ventes et prestation de services), les responsables d’IBGraf estiment-ils que d’autres produits ou thèmes technologiques manquent encore à leur offre?
Réponse de Matthieu Moor: “IBGraf poursuit une politique d’exploitant de technologie [en tant qu’intégrateur] et d’explorateur. Nous continuerons à opérer en mode veille technologique. Dans le monde de la comptabilité, différents thèmes sont appelés à changer le métier. La Directive PSD2 [Payment Services Directive] signale par exemple l’arrivée sur le marché d’autres acteurs que les banques. Les générations Y et Z sont dans une démarche d’accès on time et en mode connecté, avec possibilité d’obtenir du cash ou de payer en temps réel. Les besoins et demandes des entreprises et des entrepreneurs continuent donc d’évoluer.
Et la Flandre?
IBGraf est présent sur le marché belge francophone et sur son voisin luxembourgeois. Quid de la Flandre?
“La Flandre est un marché différent de la Wallonie. Il faut y être basé pour espérer avoir une reconnaissance. L’approche des clients y est par ailleurs différente. Ils privilégient davantage la relation directe avec les éditeurs de logiciels [au lieu de passer par des intégrateurs]. Une extension à la Flandre n’est donc pas dans nos cartons, à l’heure actuelle.”
Côté fiduciaires, le métier est de plus en plus régulé. Les contrôles anti-blanchiment d’argent augmentent. Il est important pour elles de pouvoir garantir la conformité, par exemple en utilisant des solutions en ligne de recherche et vérification sur des bases de données.
Dans cette optique, l’ajout de certains modules fonctionnels, en mode SaaS, auront du sens, venant compléter les produits traditionnels.”
Ce à quoi Bruno Roloux ajoute: “Nous continuerons de proposer un catalogue qui couvre les besoins de A à Z, avec des produits interconnectés, spécialisés dans des fonctionnalités pointues. Ce pourrait par exemple être des produits d’accès aux données ou des outils d’analyses de profil KYC [Know Your Customer]”.
Eviter les lourdeurs
IBGraf signale que “chacune des sociétés conservera son nom, son ADN et sa culture d’entreprise. Plug and Go Info et Account IT garderont les leurs. C’est la même approche que nous avons déjà déployée pour Webcom2you, spécialisée dans le marketing digital, et Rcarré, qui propose des solutions et des services informatiques (cloud, hébergement, sécurité, téléphonie VoIP…).”
Ces deux sociétés du groupe IBGraf sont le fruit d’un processus de type start-up, avec pour objectif de donner naissance à ce que Matthieu Moor appelle des “solutions de diversification” [par rapport à l’offre initiale d’IBGraf].
Matthieu Moor (IBGraf): “Nous ne voulons pas devenir une structure mastodonte. Chaque entité gardera donc sa structure. L’idée est de mutualiser les ressources et de partager les talents.”
Si chaque société conserve son “ADN” et sa clientèle, tout en pouvant proposer des produits venus des catalogues de ses sociétés-soeurs, comment la gestion et le suivi des clients se dérouleront-ils? N’y a-t-il pas là un souci de chevauchement ou de confusion potentielle dans le chef des clients? “Le back office que nous avons mis en oeuvre, notamment pour et avec Webcom2you et Rcarré, a été conçu dans un esprit de mutualisation des ressources commerciales”, affirme Matthieu Moor. “Les données sont centralisées elles commerciaux travailleront en symbiose.”
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