Branle-bas de combat e-learning dans les Centres de compétence

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Par · 31/03/2020

Les différents Centres de compétence wallon, mandatés ou co-financés par le Forem, ont pour mission de procurer aux chercheurs d’emploi et, dans une moindre mesure, aux personnes actives, un panel de formations destinées à développer de nouvelles compétences ou d’en mettre certaines à niveau afin de favoriser leur employabilité et de faire face aux besoins des entreprises.

L’arrêt brutal des formations en présentiel, pour cause de pandémie coronavirus, a bousculé bien des programmes et habitudes.

Pour ne pas laisser en plan les personnes à former, dès la semaine dernière, les équipes se sont évertuées à trouver, dans l’urgence, des moyens de transformer le présentiel en service d’e-learning. Pour certains, tels que Technofutur TIC à Gossielies, une bonne partie du catalogue de formations était déjà disponible et diffusé en ligne. De même, certaines formations se prêtent plus ou moins aisément à une conversion en mode apprentissage à distance. 

Pour d’autres centres de compétences, orientés industrie et professions à forte teneur technico-manuelle, la chose est nettement plus difficile, voire impossible.

Voici comment Technocité, à Mons, et Technofutur TIC, à Gosselies, ont fait face à la situation…

>> Technofutur TIC

Chez Technofutur TIC, même si la plate-forme d’accueil est en train de changer (le Centre abandonne Blackboard au profit de Moodle), les formations virtuelles à distance (PHP, html5, création ou gestion de site Internet, référencement Internet…) se poursuivent (le catalogue peut être consulté via ce lien).  Une réflexion est par ailleurs en cours pour étendre le catalogue via la rediffusion gratuite des webinaires déjà donnés.

Pour le reste, un projet de transformation des formations en présentiel vers du distanciel a été initié – baptisé Go2FullDigit. Priorité est donnée aux formations destinées aux demandeurs d’emploi. “Toutes les formations longues qualifiantes en cours ont basculé depuis le 18 mars en full à distance, avec une nouvelle approche pédagogique, grâce à des outils tels qu’Office 365 Teams, Moodle et LiveStorm”, indique Yvan Huque, directeur de Technofutur TIC. “Grâce à un processus d’amélioration continue, nous adaptons la pédagogie afin de maximiser son efficacité: compétences acquises, travail sur le savoir-faire, objectif de mise à l’emploi…

En fonction des extensions éventuelles de la période de confinement, nous préparerons également la possibilité de lancer de nouvelles formations, avec recrutement et sélection à distance. Mais c’est là encore quelque chose pour laquelle la décision n’a pas été prise.”

>> Technocité

A Mons, le Centre de compétence Technicité consacre habituellement environ 70% de ses activités à l’offre de formations destinées aux demandeurs d’emploi. Le solde se répartissant comme suit: 20% d’activités pour les établissements d’enseignement et 10% à destination de salariés d’entreprises ou d’indépendants.

Compte tenu des injonctions de confinement, les formations qualifiantes en présentiel pour demandeurs d’emploi ont dû basculer, en l’espace de quelques jours, en formations à distance. “Il était impensable de priver les apprenants de ce potentiel, en particulier compte tenu de l’incertitude qui plane sur la durée du confinement”, indique Richard Roucour, directeur adjoint et responsable technique et pédagogique chez Technocité. 

“Nous avons recherché le meilleur moyen de créer une “classe virtuelle”, avec des apprenants bénéficiant, chez eux, d’un cadre qui soit le plus proche possible des conditions pédagogiques habituelles. Nous avons testé plusieurs outils de visioconférence, optant finalement pour la solution Discord, associée à quelques outils complémentaires pour les conversations individuelles ou encore la prise en mains à distance de l’ordinateur de l’apprenant par le formateur.”

Au total, une soixantaine de demandeurs d’emploi (répartis en 5 groupes d’apprenants) sont concernés par les formations basculées en distanciel. Il s’agit en l’occurrence de formations en UX Web design, administration réseau orienté virtualisation, administration réseau orienté services IP et de trois formations gaming (conception 2D/3D, game design, développement orienté gaming).

“Dans l’état actuel des choses, nous pourrions supporter jusqu’à 10 groupes d’apprenants. Dans quelques jours, nous envisageons d’ajouter une formation pour développeur .Net, une autre pour JavaScript et une pour spécialiste Effets spéciaux.” A l’heure où nous l’avions contacté, Richard Roucour attendait simplement la signature du contrat avec le Forem pour avancer dans ce sens.

Se posera bien évidemment la question de la sélection des candidats-apprenants. Les interviews en face-à-face étant devenues impossibles, il faut, là aussi, basculer en mode entretien à distance. “Pour certains, cela se fera via vidéoconférence. Pour ceux qui ne sont pas équipés, il faudra se contenter de l’outil classique du téléphone, en devant dès lors faire un trait sur le non-verbal qui, pour la sélection, est parfois aussi important que le verbal…”

Du faux présentiel

Suivre des cours à distance peut, pour certains apprenants, poser de sérieux problèmes en raison d’un matériel insuffisant à domicile ou de connexions “capricieuses”. C’est là un phénomène que les Centres de compétence – mais aussi les établissements d’enseignement – tentent de contrecarrer.

Image étonnante que cette salle de cours, vide, où seuls les écrans révèlent la présence visuelle des apprenants, confinés chez eux, en train de participer au cours à distance. Ici la salle de classe virtuelle de Technocité.

Chez Technocité (Mons) et chez Technofutur TIC (Gosselies), des mesures ont donc été prises, dans la mesure du possible, pour suppléer à des carences d’équipement à domicile. “Nous avons fourni des ordinateurs portables aux stagiaires qui n’en avaient pas et, par ailleurs, chaque stagiaire a accès, si besoin est, à une machine virtuelle sur nos serveurs – avec tout l’environnement logiciel et la puissance de calcul nécessaire”, indique Yvan Huque.

Idem à Mons où Technocité a déployé l’outil de virtualisation (bureau à distance) AnyDesk, installable sur des ordinateurs faiblards. Ce sont donc les stations de travail habituelles, installées dans le salles du Centre de compétence, quo gèrent les contenus des cours et assument les charges de traitement. L’ordinateur à domicile opère lui en mode terminal.

Faire évoluer l’accompagnement

Basculer en “distanciel” (enseignement à distance) est une excellente chose, en particulier dans les circonstances actuelles, mais encore faut-il veiller à ce que l’accompagnement des apprenants et que les processus de gestion administrative et logistique soient à la hauteur. La démarche doit être repensée et adaptée.

Côté administratif, il faut veiller à une juste comptabilisation des “présences”, des cours, des résultats obtenus par les apprenants, gérer les contrats – avec les fournisseurs de contenus, les formateurs ou enseignants, mais aussi avec les pouvoirs publics subsidiants (dans le cas d’organismes opérant en sous-traitance pour le Forem, par exemple).

Un suivi scrupuleux du nombre et du type de cours qui auront été diffusés, du nombre d’apprenants à distance qui les auront suivis et qui auront franchi les différents paliers de leur apprentissage sera nécessaire pour les Centres de compétence afin de pouvoir justifier de leurs activités et obtenir ainsi les financements qui s’y rapportent.

Les autres publics

En général, la majorité des activités des Centres de compétence visent les demandeurs d’emploi. La proportion de cours ou de contenus de formation qu’ils mettent à disposition des entreprises et de leurs employés, ou d’apprenants au profil d’indépendants, varie de l’un à l’autre.

Dans le cas de Technocité, ce volet d’activités, avant la crise, était limité (environ 10% du total) et d’un seul coup d’un seul, ce volet s’est évaporé. “On aurait pu imaginer que les employés ayant potentiellement plus de temps pour se former, les entreprises clientes chez nous en aient profité. Mais on a constaté qu’elles ont plutôt annulé tout ce qui était planifié”, indique Richard Roucour. “De notre côté, nous n’avons pas actuellement la volonté d’adapter prioritairement nos formations pour ce public. Il existe en effet déjà, sur le marché, nombre de solutions et d’opérateurs commerciaux qui proposent des contenus de formation à distance pour les salariés. Il serait donc assez inutile de vouloir revendiquer une place sur ce marché. Nous préférons nous focaliser sur la continuité du service aux demandeurs d’emploi.”

Chez Technofutur TIC, par contre, ce registre d’activités était plus important et le centre met actuellement tout en oeuvre pour la maintenir dans la mesure du possible, en dépit de la situation. “Nous avons un peu attendu de façon à laisser aux entreprises le soin de s’organiser. Nous allons toutefois créer des produits de formation spécifiques et orientés solution pratique [offre baptisée OnTheJob]. Le lancement pourrait se faire dès le courant de cette semaine”, indique Yb-van Huque.

“En parallèle, nous continuons les projets Job2job, qui visent la problématique de l’upskilling/reskilling.” Un exemple: le projet IT&Me, “une collaboration avec la société flamande Multimedi, commandité par le Fopas (fonds pour la formation et le développement de compétences dans le secteur des assurances). Ce projet vise à évaluer le potentiel de reskilling de travailleurs du secteur des assurances (francophones ou néerlandophones) vers un métier de l’IT. Tout le processus se fait à distance et suit une séquence spécifique: test, interview, choix de métier à tester, formation via des Mooc, avec accompagnement technique et apprentissage, test pour évaluer le potentiel réel sur base des formations suivies (potentiel de compétence mais aussi d’appétence), entretien-bilan avec la personne.”

Technofutur TIC n’oublie pas l’enseignement

A compter de cette semaine, le Centre de compétence Technofutur TIC inaugure par ailleurs une nouvelle initiative à destination des établissements d’enseignement. En l’occurrence, un “Edulab-TV”, qui procure aux enseignants un ensemble de ressources et de contenus éducatifs à distance, de quoi pallier aux conditions de confinement: témoignages d’enseignants, outils à utiliser à la maison, tutoriels, webinaires à suivre en direct ou en rediffusion…

Pour plus de détails sur cette initiative, nous vous invitons à lire cet autre article.

Pendant ce temps-là, à l’Eurometropolitan eCampus…

L’Eurometropolitan eCampus, installé à Froyennes près de Tournai, a récemment ajouté deux nouveaux modules de formation en distanciel.

D’une part, sa formation e-commerce destinée aux commerçants, indépendants et PME vient d’être transformée en contenu à distance. D’une durée de départ de trois jours, la formation a été “modularisée” en bouchées virtuelles consommables sur une durée de deux semaines (vidéos, exercices, textes, avec trois sessions temps réel interactives).

De l’autre, un nouveau module pour l’apprentissage de la comptabilité qui a été développé avec l’aide de professeurs de l’UMons, des Fucam et des Hautes Ecoles Condorcet et Hainaut. Conçu pour la plate-forme Moodle, il inclut des exercices, des questionnaires, des vidéos d’experts, des contenus animés… Public visé: les étudiants et les adultes voulant revenir sur les bancs (virtuels) de l’école.

Par ailleurs, la formation qui débouche sur l’octroi d’un certificat en Stratégie de communication digitale, organisée en collaboration avec la HELHa et l’UCLouvain, a elle aussi été convertie en mode vidéoconférence.