Tapptic, agence bruxelloise spécialisée dans le développement de solutions mobiles et IoT, vient de lier intimement sa destinée à celle de la société wallonne Idweaver, qui se définit comme une “agence en stratégie digitale” (marketing et communication).
Les deux sociétés sont loin d’être des étrangères. Un premier rapprochement, sous forme de co-entreprise, avait été envisagé voici quelques années mais sans jamais aboutir, souligne Christophe Châtillon, directeur général de Tapptic.
Les deux sociétés, notamment depuis le changement d’équipe directoriale d’Ideawer, s’étaient toutefois à nouveau rapprochées ces derniers temps. Aujourd’hui, Tapptic officialise le rachat de la société de Waterloo. Les deux équipes ont d’ailleurs déjà commencé leurs démarchages commerciaux en commun depuis plusieurs semaines.
Mieux couvrir tout le champ du “digital”
Basée à Waterloo, créée voici plus de 15 ans et réalisant un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros (ce qui en fait l’une des plus importantes de Wallonie), Idweaver disposait aussi de pieds-à-terre à Bruxelles et, depuis 2017, à Paris (mais de manière plutôt modeste).
Parmi ses activités: création de sites Internet et d’applis, stratégie de communication et d’influence sur les réseaux sociaux, déploiement de campagnes interactives, (re)positionnement de marques…
Parmi les clients pour lesquels l’agence avait déjà travaillé, citons quelques grands noms tels que l’UCM, American Express, Ageas, BNP Paribas Fortis, Hello Bank, Areva, Knauf, Leroy Merlin ou encore l’Unicef.
Objectif visé par Tapptic en l’absorbant: “étendre le spectre d’intervention auprès des clients, notamment via l’expertise développée par Idweaver en matière de gestion des données”.
Plusieurs domaines et champs de compétences d’Idweaver intéressaient en fait Tapptic. A savoir, ses ressources et expertises en développements Web et en exploitation des plates-formes de médias sociaux. Ainsi qu’en matière d’exploitation des données, en ce compris via des mécanismes d’intelligence artificielle, “une compétence qui permet de s’attaquer aux problématiques concrètes du client, par exemple en matière de prédiction, de recommandation, de personnalisation des interfaces ou des contenus”, souligne Christophe Châtillon.
“Tapptic est essentiellement présente dans le domaine des développements mobiles. Le Web, par contre, ne représente que 10 à 15% de nos activités. C’était l’une des complémentarités. L’autre concerne les potentiels en exploitation des données, applicables, selon une démarche de cohérence, tant à la dimension Web que mobile. Nous allons d’ailleurs en faire une business unit à part entière.”
Les deux équipes (une trentaine du côté d’Idweaver, plus de 80 côté Tapptic) opèreront désormais de concert pour des missions de transformation et d’évolution des stratégies numériques des clients. “Pour le reste, quand il s’agira, dans le cadre de cette stratégie, d’aborder des problématiques plus technologiques – mobile, d’un côté, Web, de l’autre – pour la création et production proprement dite d’outils, d’applications etc., chaque équipe reprendra la main”, selon ses spécialisations.
Nouvelle envergure
En rachetant Idweaver, Tapptic vise donc avant tout à compléter son portefeuille de compétences. Les sphères Web et médias sociaux n’étaient pas encore suffisamment explorés et exploités. Or, souligne Christophe Châtillon, “nos clients n’ont aucune envie de solliciter deux ou trois agences différentes afin de couvrir l’ensemble de leurs besoins…”
C’est la stratégie des “strates” – Web, mobile, réseaux sociaux, e-commerce… – que Tapptic dit vouloir toutes couvrir.
La société envisage-t-elle dès lors de procéder à d’autres acquisitions? “Si l’opportunité se présente, si l’adn de la société correspond au nôtre, à notre esprit, à notre style, et s’il y a complémentarité de compétences, nous l’envisagerons certainement”, affirme Christophe Châtillon.
L’un des défis majeurs pour croître et faire face aux besoins et sollicitations des clients est, comme souvent, l’aptitude à trouver des profils sur le marché. Là aussi, des acquisitions peuvent être une solution.
Christophe Châtillon (Tapptic): “La taille critique se situe entre 100 et 150. Nous sommes à 120. Il s’agit en effet de couvrir quatre ou cinq métiers différents (web, mobile, e-commerce…) et de pouvoir monter des équipes de 10 à 15 personnes par métier. Nous avons du mal à travailler pour des clients qui ne voient pas en nous des partenaires. Nous ne travaillons pas sur de petits projets. Pour prendre une analogie, nous construisons des maisons ou des centres commerciaux, nous ne refaisons pas des cuisines…”
Christophe Châtillon laisse d’ailleurs entendre que ce ne sont pas les opportunités qui manquent ou qui manqueront, à brève ou moyenne échéance, sur le marché francophone (Tapptic se concentre en effet sur la francophonie – Belgique, France, Suisse).
“La première génération d’agences digitales, née au cours des années 90, est constituée en grande partie d’agences généralistes, avec des équipes qui ont vieilli, voire se sont endormies”.
La deuxième génération, ayant vu le jour entre 2000 et 2010, “s’est souvent choisi la voie de la spécialisation mais ce n’est pas une piste aisée, surtout si on s’est spécialisé dans un niche de marché qui reste petite. Tapptic a certes choisi, au départ, de se spécialiser dans le mobile, mais nous avons eu la chance que ce qui était une “niche” au départ est devenu très gros…”
Christophe Châtillon (Tapptic): “Le marché des agences digitales va complètement évoluer à court terme. Nous allons essayer d’en profiter sans pour autant être carnassier, ou de rechercher l’hyper-croissance pour le plaisir de l’hyper-croissance.”
Beaucoup d’autres agences, par contre, sont à bout de souffle, estime-t-il, “tout en ayant chez elles de bons talents…”
Et de poursuivre: “beaucoup d’agences, en Wallonie par exemple, sont en mauvaise santé. Certaines sont en redressement judiciaire depuis des mois et n’ont que deux options: la faillite ou un rachat. Le marché des agences digitales va complètement évoluer à court terme. Nous allons essayer d’en profiter sans pour autant être carnassier, ou de rechercher l’hyper-croissance pour le plaisir de l’hyper-croissance.”
Il prédit donc une “consolidation inéluctable”. D’une part, parce que certaines agences n’ont plus de quoi subsister. D’autre part, en raison de cette diversification de registre de compétences qu’il estime nécessaire pour satisfaire les clients (essentiellement les grandes sociétés qui constituent l’essentiel de la clientèle de Tapptic).
Un axe d’Idweaver n’est pas repris
A noter que l’acquisition qu’opère Tapptic ne porte pas sur la totalité des activités de la société de Waterloo. L’axe “Pop-Up Team”, dédié à l’accompagnement de la transformation de communication numérique d’entreprise, continuera son petit bonhomme de chemin, moyennant changement de dénomination.
Originalité de cette activité “pop-up”, le fait que Idweaver applique en quelque sorte à la refonte de la digital com’ et du repositionnement de marques le principe de la délégation de talents en régie, avec implantation d’une “cellule digitale” à part entière au sein-même de la société-cliente.
BNP Paribas Fortis, en France, mais aussi D’Ieteren ont fait appel à ce concept des “pop-up teams”.
Pourquoi Tapptic ne reprend-elle pas cet axe? “Ce travail en régie ne correspond pas à la manière dont nous opérons”, souligne Christophe Châtillon. “C’est un métier très différent. Nous préférons maintenir nos équipes chez nous. Quand des gens travaillent des mois, voire des années, au sein de l’entreprise du client, ce n’est plus du tout la même chose.
Nous préférons une approche où les personnes qui travaillent sur le projet d’un client puissent travailler et échanger avec le reste de nos équipes, voir ce qui se passe dans d’autres volets du numérique. Et cela leur permet aussi de ne pas toujours en rester à faire la même chose, pour un seul client.”
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