Namur Capitale Digitale: un label pour valoriser les acteurs et actions numériques

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Par · 16/01/2020

Une marque. Un label. Un réseau. Une ambition de réunir et de (mieux) promouvoir la dynamique des acteurs namurois qui oeuvrent, via des événements et des activités (ateliers, conférences…), à la transformation numérique – qu’elle concerne le territoire, les villes et communes, l’enseignement, les entreprises, la culture… – et à l’“intelligence territoriale”.

Voilà ce que propose d’être l’initiative “Namur Capitale Digitale” – en franglais dans le texte. Peu avant l’été 2019, l’idée est née au détour d’une réunion entre le gouverneur de la Province, le directeur du BEP (Bureau Economique de la Province de Namur) et l’administrateur délégué du Cercle de Wallonie a allumé la mèche.

L’idée a pris racine et a réussi à rallier d’autres acteurs, tant publics que privés: l’Université de Namur, la Haute Ecole Henallux, Technobel, EasyFairs (organisateur du salon SETT – “l’enseignement à l’heure des nouvelles technologies”), NamurInvest, les organisateurs du KIKK, le hub créatif TRAKK, l’UCM… 

Un “réseau de partenaires” qui collaboreront notamment pour alimenter le contenu des conférences, animations, événements orientés numérique qu’ils organisent. Un réseau ouvert à d’autres adhésions futures.

Mais pas de grosse machine derrière, pas d’entité juridique, pas de cadre strict ou de conditions formelles. Seul fil rouge ou dénominateur commun à respecter pour pouvoir se revendiquer du réseau et pouvoir afficher le label NDC/Namur Capitale Digitale: l’adhésion à une charte qui est actuellement en phase de finalisation. Une charte en mode lean qui ne fera que quelques paragraphes mais qui devrait “permettre aux futurs membres de vérifier s’ils se reconnaissent dans ce que nous proposons”, déclare Denis Mathen, gouverneur de la Province. A ses yeux, le but est surtout d’alimenter la dynamique, de “penser à de nouvelles perspectives”.

 

Denis Mathen: “L’ambition est de rassembler – largement – outils, acteurs et moments” [du numérique].

 

Namur Capitale Digitale – qui se fera mieux voir et connaître sous l’acronyme NCD – se calque, dans une certaine mesure, sur le fanion Liège Together. Au-delà de l’effet “marque” et “identité”, il faudra vérifier, au fil du temps, ce que cela apporte réellement comme regain de visibilité, de notoriété, d’attractivité, de dynamisme et de – réelle – collaboration amplifiée entre les acteurs du crû.

Un logo qui se veut simple, “non invasif, pour ne pas occulter l’identité propre à chaque événement labellisé”. Et qui suggère que le numérique, symbolisé par les barres verticales (allusion aux séries de 1 et de 0), peut ou doit “s’effacer devant l’humain”.

Dans l’état actuel des choses, les parties prenantes mettent l’accent sur la volonté de rassembler et de soutenir des dynamiques existantes, “de tirer le territoire vers l’avant”, sur le fait que “l’hinterland namurois compte des acteurs qui constituent désormais une masse critique réelle”. Dixit Maxime Prévot, en sa qualité de bourgmestre de la ville de Namur.

Une “masse critique”, sans doute, mais qui doit encore grandir. Et qui a tout intérêt à s’allier et à mieux se faire connaître, intra et extra muros. Maxime Prévot, lui aussi, en appelle d’ores et déjà à “densifier le réseau” pour mieux “consolider la crédibilité du label, et la participation des opérateurs économiques en est déjà le signe.”

Autrement dit, Namur clame haut et fort “nos estans firs di nosse pitite digi-contrêye”.

Sur le terrain, bien des choses se passeront en 2020…

La liste des activités, événements, conférences, inaugurations, cycle de formation et de sensibilisation qui se passeront sur le sol namurois (la ville et la province) est en tout cas du genre plutôt fourni.

En voici quelques exemples…

Ville de Namur – La Ville mettra surtout en avant sa différence par le biais de la poursuite de sa stratégie open data.

De nouveaux jeux de données viendront s’ajouter à la soixantaine existante. Parmi les nouveaux jeux promis: ceux portant sur les thématiques des logements et des ménages (en collaboration avec le CPAS). La mobilité sera aussi au rendez-vous, dans le cadre de la politique STI (Système de Transport Intelligent). L’accès sera ainsi donné à des jeux de données portant ou permettant notamment le comptage des flux de piétons et de cyclistes, sur la qualité de l’air, sur l’utilisation des moyens de transport en commun ou partagé, sur les temps de parcours…

Autre projet en cours: la cartographie et l’accessibilité des données sur les cimetières locaux (le territoire de la ville en compte 30, soit quelque 40.000 tombes). L’idée est de permettre la géolocalisation de chaque sépulture, par les citoyens, familles, agents communaux, fleuristes… Avec détails sur le type de sépulture, de propriété, l’état d’entretien de la tombe…

Pour tous les citoyens namurois, deux nouveaux services de type guichet électronique verront le jour pour la gestion virtuelle et accélérée des demandes de permis d’occupation de l’espace public, que ce soit pour l’organisation d’événements ou pour la réalisation de travaux, déménagements…

 

Maxime Prévot (Ville de Namur): “Namur veut devenir une ville locomotive en matière de révolution numérique et se singulariser. Nous ne sommes pas un centre industriel mais nous comptons par contre de nombreuses start-ups, PME et acteurs créatifs notamment dans le monde des industries culturelles et créatives et de la santé.”

 

TRAKK – Le hub créatif mâtiné de fablab inaugurera sa nouvelle implantation (avenue Reine Astrid) ce 31 janvier.

Le hub accueille actuellement quatre start-ups: SkalUp, spin-off de l’Namur spécialisées dans les logiciels d’aide à la décision (orientation marketing numérique) basés sur l’intelligence artificielle ; l’agence Web Spade ; l’agence de communication numérique Kingsize ; et Level Studio, un studio d’architecture. Le nouveau site, d’une superficie totale der 2.600 m2, offrira 16 espaces bureau pour start-upos, réservera quelque 315 m2 au fablab, et proposera des espaces de réunions et de coworking.

Côté formations, des passerelles ont été jetées vers les centres Technobel et Technicité ainsi qu’avec les Hautes Ecoles Hennalux, Albert Jacquard (infographie, pédagogie…) et IMEP (musique et pédagogie).

En 2020, le Trakk accueillera voire co-organisera divers événements et conférences:
– 13 février: conférence sur la recherche de financements par les start-ups et scale-ups, en collaboration avec le fonds WING
– 30 avril: conférence sur l’intelligence artificielle, organisée par l’Namur, dans le cadre de son cycle de neuf conférences sur l’IA ; thème choisi pour le 30 avril: la stratégie IA au niveau européen
– dans le courant du deuxième semestre se dérouleront une conférence sur le thème de la gamification au service des projets entrepreneuriaux et un atelier sur “les enjeux numériques du territoire namurois” ; cible pour cet atelier: les communes, les agents administratifs et les autorités politiques (il y sera question de diagnostic numérique des communes et du territoire, d’outils et ressources proposés par le BEP, d’open data…)
– du 17 mars au 23 juin, hébergement du programme d’accélération Reaktor orchestré et accompagné par Creative Engine.

 

KIKK – En 2020, le KIKK Festival, qui mêle numérique, sciences, arts, médias et culture, fêtera ses 10 ans du 5 au 8 novembre prochains et a de solides ambitions en termes de programme et de participants. 

Outre les désormais traditionnelles composantes que sont les conférences pour professionnels, le Market (espace de démo de projets innovants pour tous publics), Espace Kids, rencontres B2B internationales KIKK Pro et Kikk in Town (parcours d’installations interactives) s’ajoutera un grand spectacle numérique sur le site de la Citadelle. Cette dernière deviendra en outre l’un des nouveaux lieux, décentrés, où le parcours Kikk in Town se déploiera.

Pour son dixième anniversaire, le festival espère mettre à l’honneur dix pays partenaires (France, Canada, Allemagne, Chine, Japon, Mexique, Indonésie…) qui auront droit à un pavillon. Les premiers contacts ont été pris pour concrétiser le projet et “accentuer ainsi encore davantage la portée internationale de l’événement”, souligne Gilles Bazelaire, grand prêtre du festival.

En termes d’attrait de participants, le Kikk voit grand puisqu’il espère attirer 50.000 visiteurs en 2020, contre 30.000 en 2019. Et vise même les… 2000.000 visiteurs en 2021.

Notons encore notamment cette nouvelle activité de l’asbl KIKK: la production et la diffusion d’oeuvres artistiques, installations et “performances hybrides” croisant arts, sciences et nouvelles technologies numériques. Deux appels à projets seront organisés chaque année.

2020 verra aussi l’inauguration du “Pavillon” sur le site de la Citadelle. “Centre d’art, d’exposition et d’expérimentation”, le Pavillon se définit comme un espace dédié à la transition numérique, une vitrine à explorer et tester par le grand public mais aussi un lieu de découverte pour les entreprises, notamment celles qui visent le secteur touristique. Expositions et prototypes s’y côtoieront, “au croisement entre les arts, les sciences, la technologie et l’économie”.

 

Université de Namur – Comme signalé ci-dessus, l’Université via son institut NaDI (Namur Digital Institute)  démarre, en mars, un cycle de neuf conférences consacrées à l’Intelligence Artificielle, à destination d’une variété de publics.

Le 12 mars, l’Namur organisera la deuxième édition de la conférence Vivre la Ville, dans le cadre de la stratégie “smart city”. Co-organisateurs: la Ville de Namur et le BEP. Thème de l’édition 2020: “(Re)Connectons la ville intelligente”, sous-entendu avec les citoyens mais aussi avec les entreprises. L’événement sera notamment animée par des chercheurs et des “acteurs du territoire impliqués dans la transition de la ville”.

Autres dates-clé pour l’UNmaur: l’inauguration, en février, d’un nouveau MOOC destiné à aider les étudiants à réussir leur passage du secondaire vers l’université (cours de méthode de travauk, conseils pour mémoriser les matières…) et le lancement effectif à la rentrée académique 2021 du nouveau master en informatique organisé, à Charleroi, en collaboration avec l’UMons et l’ULB. Public-cible: les bacheliers universitaires ou issus des Hautes Ecoles.

L’Université s’implique également dans une thématique bien actuelle: l’assistance au phénomène de vieillissement de la population. Sa faculté d’informatique fut ainsi à l’origine d’un projet de recherche baptisé Silverkit, une plate-forme dont les outils et fonctionnalités adapteront automatique des applis aux carences cognitives ou physiques d’utilisateurs senior ou souffrant de maladies dégénératives telles qu’Alzheimer, modifiant spontanément l’interface ou les capacités d’interaction. Nous vous en avions parlé en juin 2019.

Début 2020, un premier prototype sera testé par une quinzaine de personnes âgées.