Petite séance de remise de prix, ce mardi, lors de la conférence Smart City Wallonia. Séance somme toute un rien étonnante à ce stade. Le but était en effet de “récompenser”, en tout cas de mettre en lumière, les meilleurs projets ayant émergé de l’appel à projets Smart Territoire, qui a débouché sur l’acceptation – et le co-financement par la Région wallonne – de 43 projets. Dans trois catégories thématiques: mobilité, participation citoyenne,
Relire l’article que nous avions consacré, en mai, à la sélection de ces 43 projets.
Pourquoi cette remise de prix nous semble-t-elle “un rien étonnante”? Parce que l’opération ne peut encore que récompenser des idées et des scénarios, pas – ou pas encore – des réalisations et implémentations concrètes. Bien entendu, il y a de fortes chances pour que les projets, ou en tout cas la majorité d’entre eux, débouchent sur des implémentations et des déploiements bien réels. Mais n’aurait-on pas gagné en crédibilité et pertinence en attendant quelque peu pour juger et jauger les fruits réels des efforts encore à déployer.
Modérons ici notre propos. D’une part, il est toujours bon – pour le moral et l’émulation (pour ne pas parler de la simple image) – de mettre en avant des initiatives, par ailleurs parfaitement valables et acclamables.
D’autre part, parce que certains de ces projets reposent sur des bases bien concrètes, des éléments et technologies ayant déjà fait la démonstration de leur validité et utilité. Certains projets en sont arrivés au stade de la phase bêta et du prototype, n’attendant plus que la concrétisation finale.
Mais d’autres doivent encore apporter la preuve de leur applicabilité. Pour certains, on en est encore à la phase de R&D, d’idéation. A telle enseigne que contactés par nos soins pour en apprendre davantage sur leur teneur, leurs responsables nous ont enjoint de repasser plus tard, d’ici quelques mois, lorsque l’idée aura pris forme…
Les récompenser à ce stade ne peut donc qu’être une reconnaissance de la qualité et des promesses de l’idée. A eux dès lors de faire leurs preuves réelles et, à terme, de décrocher éventuellement un nouveau prix pour objectif atteint.
Ceci étant dit, the winners are…
Six prix ont été décernés, récompensant diverses “catégories”: projets orientés mobilité, participation citoyenne, gouvernance, commune “maligne”…
A tout seigneur, tout honneur, le Grand Prix “Territoire intelligent” est décerné au projet “Camions sentinelles”, porté par le Bureau Economique de la Province de Namur (BEP). Critères de choix de la part du jury (où siégeaient notamment des représentants de Digital Wallonia, de FuturoCité et du Smart City Institute): “l’accent mis sur l’interopérabilité des systèmes et solutions, l’exemplarité du projet, promesse de réplicabilité à grande échelle – par d’autres communes, intercommunales voir au niveau du territoire entier”.
Pour rappel, ce projet vise à faire des camions-poubelles des “réceptacles multi-données” grâce à l’embarquement d’un hub de capteurs multi-usages (surveillance de l’état (physique) des routes, des conditions météorologiques, de la qualité de l’air, du taux ou type de pollution…). Relire l’article que nous y avions consacré en juin dernier.
Pour ce Grand Prix, deux autres projets avaient été nominés:
– le projet de “Plate-forme de moyens de mobilité partagés zéro émission” de l’intercommunale Idelux. L’idée? Réserver, sécuriser et payer la location d’un vélo électrique via une application (rien de bien neuf jusque là…) mais avec intégration avec l’offre de services complémentaires du pôle urbain d’Arlon (réservation de restaurants, préparation d’achats locaux…) – l’appli mobile ou le vélo lui-même servant de balise de géolocalisation, “identifiant” l’utilisateur et ses diverses “consommations” de services. De quoi combiner promotion de la mobilité douce (merci l’environnement) et promotion des circuits courts
– le projet Coléco de l’intercommunale Ideta: “création d’outils numériques favorisant l’émergence de communautés de voisins qui se réunissent pour produire et consommer ensemble une énergie locale durable”.
Deuxième catégorie, un Prix Smart Commune, toujours basé sur des critères d’exemplarité et de reproductibilité, mais à un échelon moindre que les projets concourant pour le Grand Prix. Le lauréat, ici, est la commune de Bertrix qui a imaginé un projet de serious game devant récompenser les actions des citoyens favorisant à la fois l’économie locale et la promotion ou préservation de l’environnement.
Le projet est en fait une extension d’une solution déjà déployée par la commune. Reposant sur la solution de la start-up Joyn, cette première solution consistait à accorder des points de fidélité aux clients de commerces locaux, points qui, pour partie, sont convertis en chèques à dépenser dans les commerces de proximité et, pour autre partie, donnaient droit à des réductions ou conditions particulières pour participation à des stages sportifs ou autres spectacles culturels organisés sur le territoire de la commune et/ou par cette dernière elle-même.
Scénario classique jusqu’ici. L’idée qui a été jugée suffisamment “smart” pour être retenue comme socle de projet “Territoire innovant” est la suivante: y ajouter une couche de récompenses (sous formes de points à valeur réelle) pour toute action bénéfique à l’environnement.
Mathieu Rossignol, bourgmestre de Bertrix, souligne que le concept peut être prendre de multiples formes: “avec l’aide d’Idelux [l’intercommunale de la province de Luxembourg], il est par exemple envisageable d’associer le gain de points à une réduction des poids des poubelles que les citoyens produisent. Les citoyens auraient accès à leur “score” personnel, pourraient ainsi augmenter leur quota de points, à échanger contre des chèques commerce local…”
Autres nominés pour ce Prix “Smart Commune”, les projets de:
– Bassenge : déploiement de capteurs de présence et de niveau d’eau, avec notifications et alertes dynamiques vers les citoyens
– Braine l’Alleud : chatbot d’assistance en-ligne pour l’e-guichet communal
– et Verviers : appli gamifiée conçue en mode concours poussant les citoyens à s’investir dans la réduction de l’impact carbone sur son territoire.
Passons au Prix Smart Citizen. Thème sous-jacent: l’implication et l’interaction citoyenne.
C’est la commune d’Aubange qui remporte la palme pour un projet qui mêle plate-forme de participation citoyenne, visibilité physique de ces actions et campagne d’acculturation et formation aux nouvelles technologies numériques sous-jacentes. La commune, qui avait déjà opté pour la plate-forme de Fluicity, avait en effet noté un triple problème: une difficulté à effectuer le suivi des initiatives et propositions citoyennes, un “manque de transversalité entre services communaux” et une difficulté de certains citoyens à s’approprier et à utiliser les outils.
Le remède passera par une solution “phygitale”. “Nous nous servons en fait du prétexte de ces consultations populaires d’un genre nouveau pour familiariser les citoyens avec le numérique, avec une opération de décentralisation dans le villages de l’entité”, indique Tomaso Antonacci, directeur général d’Aubange.
Concrètement, cela impliquera, d’une part, une intégration avec la solution Itsme – permettant de valider l’identité des “votants” et d’aller au devant des citoyens, en mode mobile, pour les inviter à contribuer avec leurs idées – et, d’autre part, le déploiement d’une signalétique physique sur le territoire (panneaux LED et valves numériques pour la publication des idées et événements de participation citoyenne.
Dans cette catégorie “Smart Citizen”, les deux autres communes nominées étaient:
– Hannut: projet “Ride & Buy”, imaginé par des étudiants du secondaire, favorisant la mobilité douce, des conseils d’itinéraires et des outils de mesure d’impact environnemental
– Martelange: projet de chatbot diffusant des informations au sujet de services de proximité ou de repérage de lieux et biens situés sur le territoire de la commune – avec possibilité d’entrer en contact direct avec les commerces et gîtes.
La catégorie Smart Mobility a permis d’octroyer un prix à Ottignies-Louvain-la-Neuve pour son projet de navette autonome. Relire notre article, paru en août.
Autres projets nominés, ceux de Chaudfontaine (“Fais tes balises”, projet auquel nous avions également consacré un article) et de Bastogne (bornes d’informations connectées et micro-services – mobilité, stationnement, infos d’urgence… – basés sur la collecte d’informatiques dynamiques via capteurs, caméras…).
Avant-dernière catégorie : Prix Gouvernance de la donnée (concept d’open data compris).
Le lauréat, ici, est la Ville de Namur et son projet de valorisation de ses ressources open data. L’Université de Namur sera chargée d’“explorer des solutions participatives qui aident les utilisateurs experts à manipuler l’open data tout en impliquant une plus grande partie des citoyens dans le processus”.
Pourquoi ce projet? Parce que la Ville a constaté l’existence de certains freins et obstacles dans le déploiement d’une stratégie open data. Même quand elles existent (ou plus exactement sont mises à disposition), elles n’attirent pas forcément un gros intérêt de la part des acteurs (citoyens compris) qui pourraient les utiliser. Cela se limite souvent à un groupe d’“initiés” et d’experts, qui maîtrisent certains compétences. Parfois aussi – voire souvent -, on constate un manque d’adéquation entre les idées émises par les responsables municipaux et les besoins réels.
“Nous connaissons déjà, dans les très grandes lignes, le type de jeux de données déjà proposés qui rencontrent le plus de succès”, indique Samuel Nottebaert, chef du service Data Office et Géographie Urbaine de la ville. “Parmi le millier de téléchargements enregistrés en l’espace d’un an, ce sont surtout les jeux de données concernant l’énergie, la cartographie, la thermographie ou encore la densité de population, qui ont le plus de succès.
Mais nous ne connaissons pas le profil des personnes qui consultent ou téléchargent les données, ou l’utilisation qui en est éventuellement faite. Le but du projet est dès lors de mieux déterminer ce qui est souhaité, ou ce qui marche ou non…”
Autre nominé au rayon Gouvernance: le projet Mind Your Territory de l’intercommunale liégeoise SPI qui concerne la mise en oeuvre d’un outil de surveillance des services communaux et d’aide à la décision en matière de tourisme, commerces de proximité. L’outil devrait s’intégrer avec le portail open data de la Ville et comporter un potentiel de visualisation des données.
Enfin, dernière catégorie donnant lieu à un prix: Smart Energy & Environment.
Le projet récompensé est celui de l’intercommunale Idelux, en l’occurrence le projet TriScan, une solution logicielle basée sur l’intelligence artificielle devant permettre au citoyen de trier intelligemment ses déchets ménages (ou autres), via reconnaissance et analyse des clichés qu’il en prend avec son smartphone. Nous y avions consacré un article en juin.
Projets nominés mais finalement non récompensés:
– Charl-e-District, le projet de la Ville de Charleroi portant sur l’optimisation énergétique de tout un quartier de la ville (article à relire ici)
– et le projet de Leuze-en-Hainaut, qui prévoit le déploiement d’un réseau de bulles enterrées, connectées et équipées de capteurs Rfid, pour la gestion des déchets ménagers et la sensibilisation des citoyens.
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