La quatrième édition du programme d’accélération MedTech du cluster Lifetech.brussels avait enregistré une quinzaine de candidatures dont huit furent retenues pour bénéficier de l’accompagnement (ateliers collectifs et coaching personnalisé) s’étendant sur trois mois (en fait 12 jours pleins en collectif – sur des aspects business, technologiques et réglementaires – et une vingtaine d’heures de coaching).
Cette fois encore la majorité des projets étaient d’origine universitaire ou hospitalière. “Logique”, indique Azèle Mathieu, responsable de Lifetech.brussels. “Ce sont en effet nos partenaires privilégiés. L’une des clés de la place que Bruxelles, en quelques années, a pu se faire parmi les principaux réseaux internationaux dédiés aux medtech réside dans les nombreux hôpitaux de la capitale qui testent et valident les solutions proposées par les néo-entrepreneurs.”
Nature ou objet des projets? Le fil rouge, comme le veut évidemment le programme, est celui des “dispositifs médicaux” – ce qui laisse un vaste champ de concepts. Les huit projets accompagnés concernent ainsi un système autonome de détection de chute, une solution d’évaluation de risques de déficience de développement chez l’enfant, des techniques nouvelles d’endoscopie, une appli de suivi pour personnes obèses, ou encore une plate-forme e-commerce B2B pour fournitures médicales en tous genres.
Ces prochains jours, nous consacrerons un article à trois de ces solutions. A savoir:
– ISA (inteligent sensing for ageing) de MintT: détection de chutes ou de comportements inquiétants pour personnes âgées ou malades; le projet est porté notamment par des anciens de Softkinetic
– Depist-Eye du département ACTE (autisme en contexte, théorie et expérience) de l’ULB: solution de dépistage précoce de l’autisme basée sur une technique d’analyse du traçage du regard (oculométrie)
– Seek&Care d’AP Solutions: place de marché pour professionnels des soins pour la commande et la gestion de fournitures médicales (mobilier, accessoires, implants, matériels divers…).
“La plupart des projets, lors du démarrage du programme d’accélération, avaient atteint le stade du proof of concept technologique. C’est d’ailleurs là l’une des conditions pour pouvoir postuler: avoir déjà au minimum réalisé un prototype en laboratoire”, souligne Sophie Liénart, coordinatrice de projets chez Lifetech.brussels.
Le volet business, lui, est généralement plus embryonnaire, se limitant souvent à des hypothèses de marché qu’il faut encore réellement valider ou affiner. Le fait que beaucoup de projets viennent de cercles académiques ou de la recherche explique cette spécificité.
Toutefois, parmi les huit projets acceptés dans le programme, plusieurs avaient déjà atteint un stade commercial plus évolué. MintT, par exemple, avait déjà réalisé un premier test-pilote en hôpital. Depuis, la jeune pousse a décroché deux premiers contrats en milieu hospitalier (nous y reviendrons) et quelques premiers clients, en France, du côté des maisons de repos.
Healthentia, un projet de plate-forme exploitant des données cliniques afin d’orienter les développements d’entreprises pharmaceutiques, avait passé un premier contrat avec l’une de ces compagnies.
Quant à Seek&Care, sa “place de marché” B2B avait déjà séduit quelques médecins. Le corps médical avait d’ailleurs été sollicité très amont afin de valider l’idée, née voici un an, mais aussi pour participer à un premier tour de table financier, intervenu en décembre 2018.
Densifier le “tissu” de la med tech bruxelloise
Petit à petit, les instruments que déploie la Région bruxelloise en matière d’e-santé et, plus spécifiquement, de med tech se mettent en place, donnant naissance à un maillage permettant un accompagnement plus complet de projets d’innovation et/ou d’entrepreneuriat – aux divers stades de maturité qui peuvent être les leurs.
Azèle Mathieu (Lifetech.brussels) [ici à droite sur la photo, avec Sophie Liénart, coordinatrice de projets]: “En l’espace de quatre ans, le programme d’accélération medtech a aidé 34 entrepreneurs. En quelques années, le nombre d’entreprises actives dans les secteurs de l’e-santé et des dispositifs médicaux a augmenté de 40%.”Le programme d’accélération MedTech a vu le jour en 2016, rappelle Azèle Mathieu. Un an plus tard naissaient les premiers meetup dédiés aux medtech ainsi que le Brussels Medical Device Center (BMDC). Le but de ce BMDC est d’accélérer et de renforcer l’efficacité du processus de développement et de mise sur le marché de dispositifs médicaux (notamment par application d’un système qualité et validation des processus de production par rapport aux exigences réglementaires).
Dans un premier temps, le BMDC se focalise essentiellement sur des dispositifs orientés endoscopie – logique compte tenu de la spécialisation de ceux qui en sont à l’origine, à savoir des médecins du service de gastro-entérologie de l’hôpital Erasme et des ingénieurs du service BEAMS – Bio-, Electro- And Mechanical Systems – de l’Ecole polytechnique de l’ULB.
Dans les mois qui viennent, deux nouveaux projets verront le jour. D’une part, un service de prototypage de dispositifs médicaux. Financé par la Région, il sera basé au BLSI (Brussels Life Science Incubator) et sera doté de différents équipements spécifiques (thermoscelleuse, matériel pour production stérile, tables de découpe…) permettant aux porteurs de projet de produire des prototypes qualifiés. “Le but est de leur fournir un lieu où ils trouveront les équipements nécessaires, en complément de ce que les fab labs peuvent déjà leur procurer – imprimantes 3D, découpeuses laser…”. Partenaire pour l’apport de conseils: Covartim.
Investissement consenti par la Région bruxelloise: environ 60.000 euros. Entrée en opérations prévue pour septembre.
Deuxième projet qui verra sans doute un an de plus avant de se concrétiser sous la forme d’un site physique à part entière: un partenariat public-privé qui verra s’ériger, sur le site d’Erasme, en collaboration avec le centre d’affaires EEBIC, un nouveau bâtiment dédié à l’e-santé et aux med techs. “Il servira de centre de connaissances en matière de santé et de dispositifs médicaux et sera adossé à un fonds d’investissement dédié”, indique Azèle Mathieu. Il jouxtera l’incubateur BLSI (Brussels Life Science Incubator) et accueillera le BMDC (Brussels Medical Device Center) ainsi que des start-ups opérant sur ce créneau med tech, qu’elles soient belges ou étrangères. Le partenariat public-privé sera une initiative d’ampleur nationale et pas uniquement bruxelloise.
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