L’annonce en a été faite – un tantinet prématurément! – par le ministre Pierre-Yves Jeholet: la Maison des Maths et du Numérique de Quaregnon va bénéficier d’un aide financière stable, en tout cas pour les trois années à venir (2019-2021), apportée collégialement par la Région, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le privé.
Budget global sur trois ans: 1,98 million d’euros.
Pourquoi parler d’annonce “prématurée”? Tout simplement parce que, primo, les responsables de la “2MN” (ou MdMeN) n’ont pas encore reçu la confirmation écrite du joli cadeau ; deuzio, parce que la confirmation, côté Fédération, doit encore venir (le point sera à l’ordre du jour du gouvernement la semaine prochaine et “ne devrait être qu’une formalité”) ; et, tertio, que le privé doit encore faire un effort pour parvenir à remplir sa part du contrat. “60% de la somme sont déjà garantis”, souligne Gilles Samyn, président du conseil d’administration de la 2MN et par ailleurs directeur du Groupe Frère-Bourgeois, société membre et contributeur financier de l’asbl Les Amis de la Maison des Maths et du Numérique. “Nous devons encore trouver, du côté d’investisseurs privés, les 40% restants pour atteindre le chiffre de 220.000 euros pour la première année”.
Trouver ces nouveaux donateurs privés sera l’une des tâches du tout nouveau directeur qui entrera en fonction ce 1er juin. Il s’agira de Thierry Devillez, jusqu’ici directeur général de TechnoCampus.
Le numérique, en plus des maths
Depuis janvier 2019, la 2MN a ajouté une corde à son arc en organisant systématiquement pour tous les groupes d’enfants ou d’adolescents qui la fréquentent une activité orientée numérique. Nom de baptême générique: NumeriX.
La journée ou demi-journée est en effet structurée en quatre activités, les trois premières (atelier, animation, séance de manipulation ludique) sont orientées mathématiques, la dernière est réservée au numérique. Pour l’essentiel, il s’agit d’apprentissage ludique du codage, avec utilisation de tablettes et de robots, selon des degrés de complexité et de ludique variant selon les groupes d’âge.
Les “Aventures de Blue” sont par exemple réservées aux plus jeunes – de la 2ème maternelle à la 2ème primaire. Objectif: programmer un robot de telle sorte qu’il évolue (à l’écran) selon la trame d’une histoire. Les plus grands – de la fin du primaire au début du secondaire – sont eux invités à l’apprentissage du codage au moyen d’un robot (Ozobot) qui se commande par détection de couleurs. Plus d’infos sur les différentes animations et prises en mains via le site de la 2MN.
En numérique comme en maths, la 2MN tient à rester fidèle à son approche pédagogique privilégiant ludique et didactique active – “découverte, modélisation, manipulation”.
“Chaque enfant est réellement acteur de son apprentissage. Voilà pourquoi chaque enfant travaille avec son propre robot et ne doit pas le partager avec quatre ou cinq autres enfants”, souligne Olivier Golinveau, l’un des animateurs de la 2MN, qui y officie depuis janvier 2017 après avoir été professeur de maths dans le secondaire inférieur. “Un groupe ne dépasse par ailleurs jamais les 15 unités.”
“A l’avenir, nous comptons y ajouter des activités d’apprentissage en mode déconnecté, sans support de matériels, afin d’amener les jeunes à comprendre les procédures et les dessous du codage”, ajoute encore Olivier Golinveau.
Côté animateurs, tous et toutes sont formés pour dispenser les animations et ateliers numériques. “Nous travaillons en équipe. Certains sont certes plus spécialisés en numérique mais nous construisons ensemble. Cela tend d’ailleurs à prouver que tous les enseignants, quel que soit leur niveau, peuvent enseigner le numérique, le codage…”
En la matière, la 2MN mettra d’ailleurs la main à la pâte, à partir de l’année prochaine, afin de former les enseignants eux-mêmes. Dès 2020, des sessions de formation au numérique devraient en effet être organisées à destination des enseignants et des futurs enseignants donnant cours de la 2ème maternelle à la rhéto.
“Vitesse de croisière”
L’agenda de réservations de la 2MN pour des activités (ateliers, animations, séances d’expérimentation) est complet jusqu’à la fin de l’année, annonce Gilles Samyn. “Nous avons retrouvé le rythme de croisière” qui avait été atteint avant le “couac” de 2018 (en l’occurrence, les problèmes de gouvernance qui avaient conduit à la rupture avec la précédente équipe de direction).
Au-delà de la fréquentation de la 2MN, l’évaluation des activités passera à l’avenir par la définition de certains paramètres nouveaux.
“Les indicateurs de “performances” qui attesteront de l’efficacité de la 2MN ne se limiteront pas à de seules données quantitatives, tels que les chiffres de fréquentation ou d’activités”, déclare Gilles Samyn. “Notre véritable “performance” sera mesurée à l’aune des résultats PISA à plus long terme. Nous voulons également oeuvrer à coaliser les efforts de différentes initiatives, individuelles ou collectives, poursuivant toutes ce but commun.
Pour ce faire, afin de déterminer la manière de contribuer à améliorer les résultats wallons aux tests PISA, nous avons notamment pris contact avec Mathematikum, en Allemagne [un musée scientifique qui organise des activités d’initiation et sensibilisation similaires à celles de la 2MN], et nous ferons appel à des spécialistes en pédagogie qui pourront nous conseiller sur la nature des KPI et des moyens à mettre en oeuvre.”
Poursuivre le développement
Grâce aux moyens financiers mis à disposition, le but est de continuer à développer les activités en 2020, notamment en matière d’animation numérique, comme on l’a vu.
L’une des missions du prochain directeur général sera aussi d’imaginer et d’organiser d’autres activités, en dehors des heures “classiques” (heures de classe).
Par contre, il n’est pas encore question de déployer des activités mobiles, comme il en avait été question à un moment donné de la part de l’ancienne direction. Le but aurait été qu’une “Math Mobile” sillonne la partie francophone du pays, amenant la sensibilisation aux maths et au numérique vers les écoles. “Cela supposerait un investissement en matériel et en ressources humaines d’une toute autre dimension. Une réflexion est en cours mais aucune décision n’a encore été prise”, souligne Gilles Samyn.
Gilles Samyn: “Les indicateurs de “performances” qui attesteront de l’efficacité de la 2MN ne se limiteront pas à de seules données quantitatives. Notre véritable “performance” sera les classements PISA à plus long terme.”
Côté ressources humaines, dans l’état actuel des choses, après remise en ordre de la 2MN, la Fédération Wallonie-Bruxelles a autorisé le détachement de 6,5 équivalents temps plein, soit sensiblement moins que ce qui avait eu cours, certaines années, mais “nous sommes devenus plus efficaces, notamment grâce à la convention passée avec le PASS qui nous permet de réaliser de sérieuses économies en matière administrative”.
Quatre des 6,5 ETP acteuels faisaient déjà partie de la précédente équipe d’animateurs.
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