Les trois lauréats des prix Innovative Starters (un financement de 500.000 euros) décernés par Innoviris à des projets “stratégiques d’innovation présentant une valeur technologique et économique probante” sont connus.
Il s’agit des start-ups Wooclap (solution d’interaction pédagogique), Kabandy (plate-forme de Building Information Management) et Shape.AI (plate-forme de test et de suivi analytique de données destinée notamment aux analystes business).
Evoluer vers l’“apprentissage adaptatif”
Le projet qui a valu à Wooclap de recevoir son prix est le développement de nouvelles fonctionnalités basées sur l’intelligence artificielle et les neurosciences afin de “personnaliser l’enseignement et de le rendre plus efficace en termes de compréhension, d’assimilation des connaissances et de mémorisation”.
Petit rappel sur ce qu’est la solution Wooclap. La start-up a imaginé une appli pour smartphone qui permet aux professeurs et aux apprenants d’interagir en temps réel, pendant le cours, afin de permettre à l’enseignant, par le biais de questions, sondages ou récolte de commentaires, de mieux cerner le degré de compréhension qu’ont les élèves de la matière qu’il est en train de donner.
Les réponses sont immédiatement collationnées et injectées dans le logiciel qu’utilise le professeur pour son cours (par exemple, une présentation Powerpoint). “Cela permet à l’enseignant d’adapter éventuellement le rythme ou le contenu du cours, en temps réel”, explique Sébastien Lebbe, CEO et co-fondateur de Wooclap.
Les nouvelles fonctionnalités qui font l’objet du projet récompensé par Innoviris, ont pour but d’affiner encore davantage le processus d’adaptation du contenu du cours à la manière dont les étudiants le vivent.
“L’un des éléments essentiels sur lequel nous travaillons est la manière de capter l’attention de l’étudiant, essentiel pour l’apprentissage, quel que soit l’environnement – un amphithéâtre ou tout lieu où l’étudiant poursuit son apprentissage, en dehors des murs de l’école ou de l’université, en mode révision, via une plate-forme d’e-learning… C’est pour cela que nous nous appuierons davantage sur l’Intelligence Artificielle et sur les neuro-sciences afin d’évoluer vers une solution d’adaptive learning.
Grâce à l’IA, les questions que le professeur posera par exemple aux étudiants, pendant son cours, seront formulées en fonction du niveau de connaissances ou de progrès de chacun d’eux. Cela permettra à l’enseignant de mieux s’attaquer aux lacunes de chacun là où, jusqu’à présent, la solution Wooclap ne lui permet encore que de comprendre et d’adapter le contenu de son cours à l’ensemble de l’audience.
Demain, l’autre atout supplémentaire sera de lui permettre d’opérer à distance, tout au long du processus d’apprentissage continu.”
Les premiers tests ou proto des nouvelles fonctionnalités pourraient être disponibles “d’ici quelques semaines”, indique Sébastien Lebbe. “Nous espérons que la nouvelle version sera opérationnelle à la rentrée de septembre.”
Si le monde de l’enseignement (secondaire et supérieur) est la cible prioritaire de la société (selon elle, quelque 80.000 enseignants, belges mais également français, utilisent sa solution), Wooclap ne dédaigne pas pourtant le monde des entreprises. L’application, disponible dans six langues (français, anglais, néerlandais, allemand, espagnol et russe), peut en effet être utilisée lors de conférences ou de séminaires pour des interactions avec l’orateur ou encore dans le cadre de formations pour entreprises. Plusieurs acteurs publics l’utilisent également. Sébastien Lebbe cite par exemple le ministères des Finances belge et français et le ministère de l’Intérieur outre-Quiévrain.
Signalons encore au passage que Wooclap a bouclé, fin d’année dernière, une levée de fonds de 1,4 million d’euros, un peu plus d’un an après avoir déjà engrangé une manne de 350.000 euros. “Avec le prix Innovative Starters (500.000 euros), ces nouveaux moyens vont nous permettre d’accélérer sensiblement et de poursuivre dans le sens de l’innovation”, souligne Sébastien Lebbe.
Il en profite pour faire passer un message aux professeurs du secondaire et du supérieur: “nous aimerions collaborer avec un plus grand nombre d’entre eux, quelles que soient les matières qu’ils enseignent, afin de contribuer à faire évoluer les fonctionnalités du produit.
L’un des co-fondateurs de la société est le professeur Olivier Verdin, expert en neurosciences, professeur et coach à Solvay Entrepreneurs, et nous disposons déjà d’un petit groupe d’experts (professeurs, ingénieurs pédagogiques, spécialistes du neurolearning) que nous consultons régulièrement mais nous voudrions élargir ce cercle.”
Dans la perspective d’utiliser notamment la solution Wooclap dans le cadre de leurs cours, plusieurs professeurs sont en train de restructurer ces cours, de casser les modalités existantes afin de mettre réellement l’étudiant au coeur de l’apprentissage.”
De l’IA dans le BIM
Cette fois fut la bonne pour Kabandy. Cette jeune société, spin-off de l’ULB, auteur d’une solution BIM (Building Information Management, ou gestion des informations du bâtiment), avait déjà posé sa candidature dans le cadre du programme Innovative Starters en 2016.
Le projet qu’a proposé cette fois la société repose en partie sur des techniques d’intelligence artificielle. Le financement obtenu d’Innoviris lui permettra de développer de nouveaux outils de collaboration, basés sur une certaine dose d’IA. En l’occurrence, un assistant numérique formulera des recommandations d’actions à entreprendre, facilitera la recherche d’informations pertinentes et aidera à la prise de décision par le biais d’analyses prédictives, à destination de divers métiers impliqués dans un projet de construction immobilière (architecte, entrepreneurs, exploitants…).
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