L’ICAB et le MIC Bruxelles tentent un nouvel accompagnement ‘scale-up’

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Par · 03/12/2018

Un nouveau programme d’accélération de start-ups vient d’être lancé en Région bruxelloise. Sa cible: les jeunes pousses estampillées numérique ou ingénierie démarrant leur phase “scale-up”. 

Particularité essentielle de ce programme: 18 mois. Une durée relativement longue qui sera structurée en trois phases (voir ci-dessous).

A la manoeuvre: le MIC Brussels (Microsoft Innovation Center) et l’incubateur ICAB qui ont planché conjointement sur la formule et mettront à disposition leurs compétences et réseau de coachs. Toutefois, ces derniers ne seront pas (ou pas forcément) ceux que l’on active généralement pour des start-ups plus “early stage”. Profil recherché (il y aura appel d’offre): des entrepreneurs chevronnés, ayant par exemple eux-mêmes réussi un parcours scale-up et/ou ayant une expertise spécifique du domaine dans lequel la start-up est active.

Trou d’air

Le constat n’est pas neuf. Il y a tout d’abord la phase d’excitation, les premiers pas, les premiers succès (d’estime ou plus tangibles), l’assurance que l’idée ne va pas se dégonfler comme une baudruche. Et puis, c’est le palier, le vent qui ne prend pas dans les voiles. Le “scale-up” ne se fait pas ou de manière beaucoup trop imperceptible, voire chaotique.

Source: programme Amplitude+

“Le feedback que nous avons des start-ups que nous accompagnons au travers de différents programmes – tant au MIC que du côté de l’ICAB – est le même: une fois qu’elles ont réussi a obtenir un tant soit peu de “traction” sur le marché, auprès des premiers clients, les jeunes pousses ne savent pas très bien comment se structurer pour la croissance”, explique Cécile Jabaudon, directrice du Microsoft Innovation Center de Bruxelles.

L’écueil? Un “market fit” trop peu construit ou limité à une seule dimension: le produit ou le service imaginé, qui a donc séduit de premiers clients mais qui, lui-même, doit encore convaincre à plus grande échelle. Sans oublier toutes les autres facettes du market fit: les compétences et talents à recruter pour grandir, le cadre commercial, les processus opérationnels… 

“Le programme Amplitude+ permettra de travailler avec les start-ups sur quelques points-clé”, insiste Marnix Housen, patron de l’ICAB. “Notamment, leur efficacité opérationnelle, la professionnalisation de leur fonctionnement et démarche, et du due diligence afin de pouvoir attirer clients, partenaires et/ou investisseurs. Trop souvent les start-ups ne savent pas ce qu’impliquent la quête d’une plus grande envergure, la mise en place de conditions de croissance, une aptitude à convaincre des publics (clients, investisseurs…) qui ont des attentes et prismes d’évaluation différents”

18 mois “parce que croître prend du temps”

Pour leur nouveau programme Amplitude+, les deux co-pilotes ont choisi le temps long. Dix-huit mois. Mais avec un agenda scindé en trois phases et qui sera caractérisé par un processus d’élimination progressive des participants.

Au départ, huit start-ups seront sélectionnées pour participer au programme (les candidatures peuvent être introduites jusqu’à fin janvier). Lien vers le site du programme.

Pendant une première phase de trois mois, l’accent sera mis sur l’analyse de la situation, la manière dont fonctionne l’entreprise. “Ce sera comme une série de piqûres de rappel, afin de vérifier l’état de leurs connaissances et compétences dans les registres finances, marché, gestion, due diligence.”

Pour ce faire, cinq ateliers thématiques, collectifs pour les 8 participants (les CEO ou COO des start-ups), mais aussi des sessions individuelles seront organisées.

A l’issue des trois mois, une première sélection interviendra au bout de laquelle seules cinq start-ups seront admises à l’étape suivante. 

Cette deuxième phase durera, elle aussi, trois mois. L’accompagnement se fera strictement individuel et se focalisera sur la définition des objectifs que la jeune pousse se donne pour devenir une scale-up pérenne, l’élaboration d’un tableau de progression (avec KPI et étapes chronologiques) et l’analyse de l’impact que la poursuite de ces objectifs aura sur l’équipe. “Les objectifs doivent être ambitieux mais ils devront aussi avoir un caractère concrétisable.”

Trois mois plus tard, ce sera l’heure de la nouvelle défense devant jury, avec nouvelle élimination de deux des cinq start-ups. Il n’en restera donc que trois pour s’engager dans la phase de mise en pratique et de concrétisation des objectifs de croissance. A ce stade, chaque start-up aura droit non seulement à l’accompagnement personnalisé, régulier, par des coachs “chevronnés” (quelques heures par mois), ayant les compétences nécessaires pour les mener à la croissance, mais aussi à une supervision plus épisodique par un comité consultatif “qui pourra jeter un oeil extérieur”.

Ce comité jugera notamment de la mise en oeuvre du plan de marche, selon une grille de progression (indicateurs de performances et étapes-clé à respecter), afin de vérifier si la start-up a correctement mis en oeuvre les éléments nécessaires pour atteindre ses objectifs. Que ce soit en termes de progression commerciale, de marché, d’effectifs à recruter…

Chaque “comité consultatif” sera composé de “CxO aguerris, ayant un palmarès professionnel mais combinant ce profil avec des compétences en coaching.” Autre raison d’être de ces advisory boards: ouvrir leurs carnets d’adresses aux start-ups accompagnées.

Qui peut être sélectionné?

Première condition sine qua non: être une start-up bruxelloise, “ou avoir l’intention d’établir une filiale ou un bureau” dans la Région de Bruxelles-Capitale. Deuxième critère: avoir un profil de jeune pousse technologique. A savoir, orientée numérique ou engineering. Et plus précisément encore – du moins de préférence – s’aligner sur les priorités du plan NextTech bruxellois: intelligence artificielle, Internet des Objets, réalité virtuelle et augmentée, big data.

Pour le reste, les start-ups candidates doivent déjà pouvoir démontrer de premières sources de revenus, un marché potentiel, une équipe “robuste” et avoir jeté les bases d’un produit (ou service) “scalable”, “susceptible d’intéresser une vaste clientèle”.