Le dossier a pris plus de temps que prévu pour se concrétiser mais la société californienne Eon Reality, spécialisée en réalité virtuelle à usage professionnel, ouvrira bel et bien un “Interactive Digital Center” à Liège. Avec certes un an de retard sur l’agenda imaginé au départ, lorsque la SRIW avait investi dans le projet (à hauteur de 25%), mais selon le scénario prévu au départ. A savoir, un site qui servira tout à la fois d’espace de développement, de formation et de démonstration pour solutions AR/VR.
L’Interactive Digital Center (IDC) de Eon Reality se focalisera, dans un premier temps, sur une clientèle locale mais le champ d’action qui lui est dévolu, dans la perspective d’un essaimage commercial, est nettement plus large puisqu’il couvre également les Pays-Bas, l’Allemagne et même l’Autriche. Des territoires que la société américaine désire conquérir au départ de Liège en y créant à terme des IDC-satellites qui, pour les missions de développement, pourraient en appeler aux ressources liégeoises, générant ainsi business et emplois pour la région.
“Créer de la croissance en dépassant les frontières évite de se cantonner dans un réflexe purement local, autarcique. Rechercher du business hors frontières permettra d’augmenter le volant d’affaires”, déclare Jean-Michel Demoulin, embauché avant l’été pour prendre la direction d’Eon Reality Belgique.
Mais c’est là l’étape future. Dans l’immédiat, place donc à l’entrée en opérations en janvier 2019. Et pas mal de choses doivent encore être concrétisées d’ici là.
Un grand espace où s’installera le showroom d’En Reality, avec matériels et environnements AR/VR…
A commencer par l’aménagement des locaux – ce sera au Pôle Image (notamment “pour des raisons techniques”) et non au Val Benoît comme imaginé au départ – et par la constitution d’une équipe autour de Jean-Michel Demoulin.
Dans l’immédiat, il a pour mission de recruter un commercial, un chef de projet, un graphiste qui, au-delà de compétences directement liées à son métier devra aussi démontrer des qualités d’écoute et de transposition des besoins métier, et un développeur, ce dernier devant à l’évidence avoir des compétences en réalité virtuelle, univers interactifs…
L’équipe basée à Liège pourra, selon les besoins, faire appel au réservoir de compétences d’autres sites européens d’Eon Reality, essentiellement ceux de Manchester, au Royaume-Uni, et de Laval, en France.
Pôle développement
Ce sera le moteur des activités d’Eon à Liège. La société a certes pris pour habitude de baser son développement commercial et sa conquête de parts de marché en investissant dans le développement de compétences – d’où l’axe formations (voir ci-dessous) qui fait partie intégrante de son modèle. Mais pour garantir une assise opérationnelle stable et atteindre ses objectifs de croissance, c’est surtout sur des missions de développement pour le compte de sociétés et d’acteurs industriels que la société mise. Et ce sera également le cas en Belgique.
Le démarrage tardif par rapport aux espérances est d’ailleurs en partie expliqué par la nécessité d’arriver sur le marché au bon moment.
Jean-Michel Demoulin (Eon Reality): “Soyons pragmatique. Nous commencerons en mode ciblé, avec des acteurs motivés, porteurs d’une vision propice à l’AR/VR. Des premières success stories dépendra la crédibilisation de notre modèle.”
“Le marché local de la réalité virtuelle/augmentée (AR/VR) dans un contexte professionnel [commercial ou industriel] est seulement en phase de maturation”, déclare Jean-Michel Demoulin. “Tous les ingrédients techniques sont là pour permettre à l’AR/VR de devenir réalité: capacités de calcul, de création graphique, réseaux haut débit, espaces de stockage… Mais pour concrétiser, il faut encore en passer par une phase d’évangélisation. Il s’agit pour nous d’écouter les problématiques des gens opérant dans les différents secteurs. C’est à cela, notamment, que servira notre espace showroom.”
Pas convaincus? Passez votre chemin
“Nous voulons en priorité toucher et intéresser les entreprises où l’on peut apporter une réelle valeur ajoutée, répondant à un besoin concret, bien identifié”, souligne Jean-Michel Demoulin. “Ce sera aussi la philosophie appliquée pour la salle de démonstration: les personnes qui viendront y découvrir l’AR/VR doivent l’imaginer dans leur contexte professionnel, identifier des manières de l’appliquer. Ce sont eux qui connaissent leur métier. Nous serons là pour les accompagner et concrétiser les scénarios.”
Pour s’engager dans des projets de développement aux côtés des entreprises et industriels locaux, “le plus important est que les personnes concernées aient une vision claire de leur stratégie, une perception de ce que l’innovation technologique peut leur apporter.
Jean-Michel Demoulin (Eon Reality): “Le plus important est que les sociétés clientes aient une vision claire de leur stratégie, une perception de ce que l’innovation technologique peut leur apporter. Notre but est de transférer des connaissances pour qu’elles puissent voler de leurs propres ailes.”
Qu’elles puissent définir leur retour sur investissement, qu’elles aient conscience des gains potentiels – en coûts, qualité produit, sécurité opérationnelle, productivité, temps -, qu’elles aient déjà accompli ou qu’elles s’engagent dans une démarche intellectuelle autour de besoins spécifiques.”
Jean-Michel Demoulin (Eon Reality): “Le plus important est que les sociétés clientes aient une vision claire de leur stratégie, une perception de ce que l’innovation technologique peut leur apporter. Notre but est de transférer des connaissances pour qu’elles puissent voler de leurs propres ailes.”
Dans un premier temps, le travail d’évangélisation et le lancement de premiers projets de développement viseront en priorité des secteurs où Eon a déjà acquis de l’expertise et qui sont plus mûrs pour adopter l’AR/VR. Jean-Michel Demoulin cite en particulier l’ingénierie, l’aérospatial, l’éducation, la logistique et les transports, sans oublier l’industrie manufacturière – pour des applications multiples et variées (conception, R&D, maintenance, expérimentation de production, enrichissement de l’expérience client, marketing immersif…).
“L’AR/VR peut être un instrument de réduction des coûts, en simulant des prototypes, en planifiant mieux la maintenance. Elle améliore les conditions d’apprentissage, permet de mieux maîtriser les risques de certains environnements dangereux, de vérifier la conformité de matériaux…”
L’oeuf et la poule
Si les conditions (technologiques) sont réunies pour faire décoller l’AR/VR dans des contextes professionnels, ce qui freine encore l’émergence de ce type de solutions est le “contenu”. Dans le monde des solutions grand public, on parlerait de “killer app”. Certes les coûts de développement et de production d’applications AR/VR se sont réduits mais cela n’en est pas encore devenu du “mainstream” et du “contenu sur étagère” pour autant.
Le catalogue Eon Reality
Creator: outil de création de contenus et tutoriels AR/VR à destination notamment des formateurs
Virtual Trainer: solution de formation permettant un apprentissage simulé/immersif, par exemple pour des environnements de travail impliquant des procédures complexes et l’apprentissage de réflexes comportementaux.
AR Assist: solution faisant intervenir la réalité augmentée comme outil d’assistance pour des utilisateurs professionnels sur le terrain (équipes techniques d’intervention, personnes chargées de la maintenance); la solution opère selon le principe de la superposition d’images de réalité virtuelle sur le contexte réel et d’accompagnement temps réel via instructions visuelles.
Eon Reality propose certes un outil de création de contenus (le Creator) permettant de puiser dans un catalogue d’éléments et objets pré-conçus, que l’on peut assembler et personnaliser pour générer une appli, une présentation, une démo AR/VR plus rapidement. Mais au-delà, c’est tout le modèle économique de l’AR/VR, réellement utile au niveau local, pour des sociétés et industriels n’ayant pas forcément de gros moyens, qui est en jeu et doit encore être défini.
Est-il envisageable d’évoluer vers une sorte de creative commons, de mutualisation et de partage de développements? “Tout est possible”, estime Jean-Michel Demoulin. “Dans de nombreux cas, notre démarche s’alignera bien entendu sur les obligations de non-disclosure avec chaque client, qui ne voudrait pas que son concurrent dispose des mêmes développements AR/VR. Les projets développés resteront donc leur propriété intellectuelle, leur bibliothèque d’outils.
Mais un second cas de figure, plus innovant, pourrait aller dans le sens de la mutualisation. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, où un professeur d’université pourrait mettre ses contenus pédagogiques basés sur l’AR/VR à disposition d’autres enseignants. C’est d’ailleurs là aussi une manière pour un établissement d’enseignement de renforcer sa visibilité et de dépasser ses frontières géographiques…”
Pôle formation
La date précise à partir de laquelle la “Virtual Reality Innovation Academy” d’Eon Reality entrera en action à Liège n’est pas encore connue. Mais le but est d’accueillir, le plus tôt possible en 2019, les premiers apprenants désireux de s’immerger dans l’apprentissage de la réalité virtuelle et/ou augmentée afin de se former aux métiers de designer, de développeur ou de chef de projet.
Durée de la formation: 10 mois, dont 6 consacrés à du travail concret sur projet, pendant lesquels les apprenants côtoieront des graphistes et développeurs chargés de développements concrets pour des clients.
Sur deux niveaux: l’espace Studio de développement (rez-de-chaussée) et l’espace formation. Source: Helium3
Côté contenu de la formation, le programme (en cours d’élaboration à l’heure actuelle) comportera des cours d’apprentissage des principaux matériels et logiciels AR/VR ainsi que l’appropriation de méthodes (Agile, Scrum). Le tout avec une certaine flexibilité du contenu, adaptable à d’éventuelles demandes spécifiques.
Nombre de personnes pouvant être accueillies: de 15 à 30.
Profils? De jeunes diplômés mais aussi des personnes en phase ou en recherche de reconversion professionnelle. “Il ne faut pas forcément disposer, au départ, de compétences informatiques mais il faut par contre faire preuve d’autres aptitudes et qualités. Par exemple, avoir une approche structurante, cartésienne des problématiques et contextes professionnels et industriels dans lesquels s’implantera l’AR/VR. Pour les designers, faire preuve d’une bonne dose de créativité. Pour les développeurs, savoir adopter une méthode rigoureuse, mathématique…”
Chose importante pour l’acquisition des compétences nécessaires à l’AR/VR, les formations ne seront pas cloisonnées en silos fonctionnels: “L’Academy fera se mélanger les apprenants. Un graphiste doit en effet comprendre la problématique du développeur et vice versa. Voilà pourquoi nous prévoyons un tronc commun de 4 mois. Il faut de la compréhension, de la tolérance des besoins et contrantes de chaque aspect, une empathie réciproque…”, souligne Jean-Michel Demoulin.
Au départ, les formations seront assurées par des collaborateurs d’Eon, venus de divers sites européens. A terme, l’espoir est de disposer de personnes formées à Liège qui pourront reprendre le flambeau. Autre ambition: décrocher le statut de formation qualifiante, reconnue comme telle par les autorités locales. Un parcours d’agréation qu’Eon Reality a par exemple également démarré en France.
Pôle démonstration
L’Interactive Digital Center (IDC) de Eon Reality servira aussi d’espace-vitrine. Un endroit où les entreprises – de toutes tailles, de tous secteurs – pourront venir découvrir divers matériels et logiciels de réalité virtuelle ou augmentée, réfléchir avec l’équipe d’Eon à la manière de les utiliser dans leurs propres contextes, voire même tester des projets.
Que pourra-t-on y voir et expérimenter? Des casques de réalité virtuelle/augmentée (Oculus, HTC Vive, Microsoft Hololens), des systèmes immersifs (iCube et iDome).
… le plan du showroom, où Eon on pourra enfiler des casques AR/VR, s’immerger dans un iCube ou iDome… Source: Helium3
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