Teal IT, auteur de Digiteal, une solution de facturation et de paiement numérique via QR code, s’est lancée dans une opération de crowdfunding sur la plate-forme Spreds (anciennement MyMicroInvest).

Objectif: renforcer le capital pour se donner les moyens de croître à l’international mais aussi, et de manière plus prosaïque, pour respecter les obligations légales. Désormais agréée par la BNB, Teal IT doit en effet se plier aux règles en vigueur sur les fonds propres et la couverture des risques auxquels sont astreints les organismes financiers, notamment dans la perspective de la nouvelle directive européenne PSD2 (directive sur les services de paiement). 

Pas d’exception pour les petits calimeros

“Il y a trois raisons à notre tour de table”, explique Cédric Nève, fondateur de la société. “Compléter notre déploiement européen, terminer le développement de notre future solution de paiement de confiance [escrow account] et répondre aux contraintes imposées aux établissements de paiement en termes de niveau de fonds propres.”

Pas d’exception possible, à cet égard, pour une start-up fin tech, “les exigences restent les mêmes que pour les établissements de paiement traditionnels”, regrette Cédric Nève. “Et c’est clairement cette exigence de couverture de risques de position qui est la plus lourde pour nous en raison de la manière dont la BNB effectue ses calculs. Elle déduit en effet des fonds propres tout ce qui est actifs incorporels. Or, c’est exactement ce que nous produisons. Nous n’avons, pour notre part, pas beaucoup d’immobilisés…”

Cédric Nève (Teal IT) “Nous n’avons pas de problème de cash. Nous aurions pu nous passer de ce tour de table mais il a été rendu nécessaire par les obligations imposées en matière de fonds propres. Une bonne partie des fonds levés dormiront donc sur nos comptes.”

Au total, pour renforcer son capital, la société recherche 800.000 euros, si possible d’ici la fin du troisième trimestre afin de satisfaire les exigences de la Banque nationale.

A ce jour, elle a déjà récolté “plusieurs centaines de milliers d’euros provenant d’entreprises, d’institutionnels et de notre réseau privé” mais a également voulu faire appel à la “foule” et aux utilisateurs de sa solution eux-mêmes dans la mesure où “cela a plus de sens par rapport à nos valeurs (management participatif) et à notre objectif sociétal.”

Teal IT a en fait déjà l’assurance d’avoir levé 395.000 euros auprès de privés. Répartition: 180.000 euros viennent des actionnaires existants (au premier rang desquels LeanSquare qui remet 150.000 euros dans la cagnotte). 215.000 euros sont apportés par des business angels et des “3F”.

Quelque 200.000 euros supplémentaires sont quasi assurés (on n’attend plus que la signature officielle des investisseurs).

Pour ce qui est de l’opération de crowdfunding via la plate-forme Spreds, Teal IT espère réunir au minimum 50.000 euros. Restent 11 jours pour remporter ce pari. En ce début de semaine, le compteur affichait 30.000 euros…

Prêts en-ligne, entre particuliers (P2P) et bientôt en P2B et B2B

Pendant ce temps, Mozzeno, autre start-up évoluant dans le domaine des fin tech, a bouclé un nouveau tour de table. Pour les besoins de sa plate-forme en-ligne de financement de prêts entre particuliers, elle vient ainsi d’engranger un million d’euros auprès des actionnaires déjà en place, en particulier auprès du fonds W.IN.G (qui réinjecte 200.000 euros après avoir misé 125.000 euros en juin 2016). Mais il y a aussi et surtout l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire en la personne du fonds privé belge Tharsos Invest, dirigé par Pierre Lemaire et Jean-Marie Thibaut (par ailleurs dirigeants de Mainsys).

Pour Mozzeno aussi, le but de ce tour de table était de “renforcer l’assise financière et d’accélérer le développement”. 

“Nous allons accélérer le développement de notre offre de prêts à tempéraments entre particuliers en accentuant notamment les efforts marketing”, explique Xavier Laoureux, co-fondateur de Mozzeno. “Mais nous allons surtout diversifier l’offre en développant de nouvelles formules de prêts.”

Mozzeno se lance ainsi dans les “prêts business”, autrement dit des prêts destinés à des (sous-)secteurs de marché bien spécifiques, “tels que les co-propriétés”, qui ont des besoins relativement limités en prêts et qui ne trouvent pas de solution auprès d’autres acteurs, en ce compris du genre Look & Fin (les conditions d’éligibilité étant parfois restrictives).

La forme des prêts que gèrera la plate-forme Mozzeno reste la même, fort proche du prêt à tempérament classique, et toujours garanti par Atradius.

Autre axe que Mozzeno veut développer davantage parce qu’ayant déjà rencontré une demande plus forte que prévu: le B2B. Il s’agira en l’occurrence d’un service de “prête-nom” (marque blanche) permettant à des sociétés d’utiliser sa plate-forme pour des crédits ou investissements sous leur propre marque. Un premier client a été engrangé (qui ne désire pas être cité) et d’autres discussions sont en cours.

De nouvelles fonctionnalités et options vont également venir s’ajouter à la plate-forme, notamment la possibilité pour les prêteurs de revendre leurs investissements avant leur terme. “Mozzeno pourra racheter les participations d’un investisseur à un ou plusieurs prêts et les revendre à d’autres. C’est là un souhait des investisseurs qui, parfois, même s’ils reçoivent des intérêts mensuels, rechignent parfois à devoir attendre 60 mois avant de récupérer leur investissement. La possibilité de revendre avant terme pourrait aussi avoir un effet positif sur la durée des prêts”, estime Xavier Laoureux.

Montée en puissance des prêts

Après 20 mois d’activités, Mozzeno dit avoir géré plus de 2 millions d’euros de prêts, représentant plus de 350 opérations (entre particuliers). En général, les prêts se situent dans la fourchette des 5,5 à 6.000 euros. “Notre volonté est de pouvoir augmenter la taille des prêts possibles. Pour cela, nous devons élargir la base des investisseurs qui passent par notre plate-forme afin que chacun puisse diversifier son risque.”

Si la plate-forme Mozzeno ne peut actuellement opérer comme relais de prêts que sur le seul sol belge, la société espère se lancer à l’international d’ici un an. Sans doute en visant d’abord les Pays-Bas (mais cela doit encore être confirmé). Et il lui faudra aussi choisir de le faire en nom propre ou via collaboration (marque blanche).

Dernière précision: si les prêts ne sont donc pour l’heure octroyés qu’à des destinataires belges, les investisseurs, eux, viennent parfois déjà de l’étranger.