Nouvelle étape pour la société liégeoise Øpp (voir le résumé de son parcours en note de fin d’article) créée par Dominique Mangiatordi. Elle vient en effet de lever un million d’euros auprès de LeanSquare (groupe Meusinvest) et de Nethys pour donner naissance à Øpp Startup Studio.
Le studio annonce vouloir “sélectionner et mener à bien cinq ou six projets par an, sans limitation de secteurs.” Il y aura par contre un fil rouge: la gamification – qu’elle s’applique à des logiciels ou de processus métier, comme la société Øpp en a déjà pris le pli avec des solutions ajoutant une bonne dose ludique à des processus et solutions CRM, RH…
Petit rappel de ce qu’est un “startup studio”: il s’agit d’une structure qui incube des idées de projets technologiques, qu’elles soient le fruit du “studio” lui-même ou qu’elles viennent d’entreprises (grandes, petites, start-ups) qui ne disposent pas, parmi leurs rangs, de toutes les compétences techniques voire orientées commercial nécessaires pour franchir l’obstacle de l’opérationnalisation de l’idée de base. Les idées sont donc incubées, maturées, finalisées, en sollicitant les compétences d’une équipe pluridisciplinaire.
Dans le cas du Øpp Startup Studio qui voit le jour, les spécialistes en programmation, conception, “gamification” ou encore marketing de Øpp pourront être sollicités par des porteurs de projets et responsables d’entreprises tierces (start-ups comprises) ayant besoin de ce genre de compétences pour faire décoller leur projet.
Cinq à six projets par an
“Notre équipe a déjà imaginé quatre applis et a encore plein d’idées pour la suite”, souligne Dominique Mangiatordi. D’autres idées viendront de porteurs de projets externes. Notamment, mais sans droit de préemption, de sociétés du groupe Nethys et de l’écosystème qui s’est constitué autour de LeanSquare.
La sélection des projets sera effectuée par un comité qui se réunira tous les trois mois. L’intention est de sélectionner 5 ou 6 projets chaque année. Trois projets seront systématiquement menés de front. “Nous voulons nous limiter à cinq ou six projets, même s’il y aura certainement la tentation d’en faire plus, en raison de la taille du studio.” [Ndlr: la société compte actuellement 7 personnes, en recrutera quatre d’ici septembre – date de lancement effectif du studio – et sans doute deux de plus avant la fin de l’année. Øpp Startup Studio prévoit de continuer à engager – quatre nouvelles personnes devant en principe venir rejoindre l’équipe au deuxième trimestre 2019].
Le but est qu’au bout de 24 à 30 mois, chaque projet puisse voler de ses propres ailes et quitter le studio. Avec possibilité pour l’un ou l’autre collaborateur d’Øpp Startup Studio de s’en aller avec lui…
Dès la première réunion du comité de sélection, en septembre, au moins neuf projets seront en lice. “Nous en retiendrons un ou deux sur lesquels nous pourrons travailler en plus des quatre produits déjà au catalogue.”
“Øpp Startup Studio à Liège peut servir de lieu de near-shoring pour des projets parisiens”, venus de grands groupes ou de start-ups déjà convaincues de l’intérêt de la gamification.
A noter que parmi les neuf projets qui ont déjà été alignés en vue du comité de sélection, quatre viennent de… Paris. Deux émanent de “sociétés bien connues”, les deux autres de start-ups qui, par ailleurs, sont en phase de levée de fonds. Via l’Øpp Startup Studio, une partie de l’apport pourrait donc se faire sous forme de “service for equity”.
Cette importante proportion de projets français n’est pas un hasard. L’espoir de Dominique Mangiatordi est en effet de faire en partie de l’Øpp Startup Studio une sorte de pôle de compétences (idéation, développement, concrétisation) pour l’écosystème innovateur parisien.
“Øpp est déjà très connecté au marché parisien où nous réalisons une bonne part de notre chiffre d’affaires. Paris concentre également pas mal de grands centres de décisions, d’entreprises qui ont compris, bien plus qu’en Belgique, l’importance de la gamification. Et Paris est devenu une place majeure pour les start-ups.
Liège peut servir de lieu de near-shoring pour les projets parisiens. Les coûts de développement sont trois fois moins élevés qu’à Paris.”
Services contre parts au capital
Le “deal” que propose Øpp Startup Studio aux projets sélectionnés: en contre-partie de la mise à disposition de ses profils spécialisés, la société prend une participation au capital dans les start-ups aidées ou naissant en cours de processus. Ce qu’elle appelle du “service for equity”. Fourchette de cette entrée au capital: “de 3 à maximum 40%”, précise Dominique Mangiatordi. “En fonction des objectifs de l’entrepreneur.”
Dominique Mangiatordi (Øpp): “Nous voulons donner leurs chances à cinq ou six entrepreneurs qui ont des idées et qui trouveront au sein du studio les ressources leur permettant de concrétiser confortablement leur idée.”
Pour ce qui est des expertises mises à disposition pour la mise en production des projets aidés, ells viendront aussi bien de l’équipe Øpp proprement dite que, potentiellement, d’“autres structures avec lesquelles Nethys et Meusinvest sont déjà partenaires et chez qui des talents éligibles pour le studio pourront être identifiés.”
De quoi ou de qui parle-t-on exactement? “Notre but est d’apporter un plus et de nous intégrer dans l’écosystème suscité par Meusinvest qui compte plus de 100 start-ups. On y trouve des compétences, des talents qui peuvent venir à point pour concrétiser les projets qui seront sélectionnés. Nous voulons donner leurs chances à cinq ou six entrepreneurs qui ont des idées et qui trouveront au sein du studio les ressources leur permettant de concrétiser confortablement leur idée.”
Les compétences et talents puisés dans l’écosystème seront de nature technologiques mais pas que… C’est également dans cet écosystème que Øpp Startup Studio espère dénicher des meneurs de projets, des profils “pointus”, des gestionnaires, des personnes reconnues pour leur vision stratégique ou commerciale, ayant un beau carnet d’adresse, ayant porté un projet, une start-up (couronnée ou non de succès).
Les motivations des deux investisseurs
Pour LeanSquare, le but en devenant partenaire de l’initiative, est de compléter son catalogue de services d’accompagnement aux jeunes pousses. “Le succès des studios comme Rocket Internet à Berlin ou, plus proche de nous, celui de eFounders nous montre l’intérêt d’un tel outil”, déclare José Zurstrassen, président de LeanSquare. “LeanSquare”, ajoute Dominique Mangiatordi, “s’interrogeait depuis quelque temps sur l’opportunité de créer son propre startup studio. Øpp permet de réaliser l’idée.”
Pour Nethys, l’intention est de profiter des compétences du studio pour “accélérer l’innovation et lancer de nouveaux projets pour le groupe, dans les secteurs concurrentiels où il est actif – télécoms, média et énergie.”
“Le rapprochement entre Nethys et Øpp s’est fait tout naturellement”, déclare pour sa part Dominique Mangiatordi. “Ils connaissaient déjà la société et même Royal App Force puisque Nethys est entré au capital de LeanSquare [Ndlr: alors que Meusinvest, via LeanSquare, était déjà au capital d’Øpp]. Nous avions également participé à un “Industry day” de Nethys avec 9 autres start-ups avec qui le groupe voulait échanger en vue de possibles investissements. L’intérêt était donc mutuel. Nethys est un grand groupe industriel, dont les filiales ont des besoins constants d’innovation que leur cellule interne ne peut pas toujours satisfaire en raison d’une philosophie traditionnellement moins flexible qui est celle d’une grande structure. Nous, par contre, nous sommes plus pointu, plus pirate…”
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Øpp est née à la suite de la revente de certains produits de Royal App Force à la société bruxelloise Efficy qui a ainsi ajouter de nouveaux potentiels de “gamification” à sa solution de CRM.
Dominique Mangiatordi, fondateur de Royal App Force, avait alors rebaptisé sa société pour continuer à faire évoluer les autres applis en portefeuille (HappyFormance, SeeYa et Hunterz) et en imaginer de nouvelles. Relire notre article.
Dès la mise sur les rails d’Øpp, MeusInvest, déjà actionnaire de Royal App Force, avait suivi Dominique Mangiatordi, entrant à auteur de 22% au capital. Toujours à la même époque, le même Dominique Mangiatordi avait promis de réancrer la société plus fermement en terre liégeoise, là où, jusque là, pour des raisons de duo de fondateurs, son principal pied-à-terre se situait plutôt du côté d’Aix-en-Provence. [ Retour au texte ]
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