EFAN, une charte francophone pour favoriser l’internationalisation des start-ups numériques

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Par · 21/06/2018

Plusieurs Régions et collectivités locales francophones – dont la Wallonie (via l’AdN et le BEP, bureau économique de la province de Namur) – ont signé, une “charte”, sorte d’union sacrée en vue de créer un terrain plus propice aux premiers pas internationaux de start-ups numériques. Son nom: EFAN, Ecosystème Francophone des Acteurs Numériques. Quel en est le but? Qui en fait partie?

Comme le dit d’emblée Benoît Hucq, directeur de l’AdN, co-signataire de cette charte, “elle deviendra ce qu’on voudra bien en faire”. Dans l’état actuel des choses, ce n’est encore qu’un document, un cadre – à peupler -, une sorte de déclaration de bonne intention devant permettre aux (jeunes) sociétés actives dans le numérique de “se projeter” plus aisément à l’international en commençant par une exploration des autres marchés francophones de la planète.

Voici comment Bordeaux Métropole, initiateur de ce grand rapprochement intra-francophone, le justifie dans une perspective de développement international des jeunes pousses locales: “L’expérience montre que, pour une start-up francophone qui veut s’attaquer à l’international, les marchés francophones représentent souvent un pas plus aisé et plus rapide à réaliser/ En effet, se projeter par exemple sur les importants marchés indien, chinois ou brésilien demande un long investissement pour comprendre la culture locale, identifier les acteurs-clé, éviter les écueils… L’accès aux marchés québécois, wallon, ivoirien, tunisien ou français n’est pas pour autant une évidence pour toutes les start-ups francophones, il fait s’y préparer sérieusement, mais la barrière culturelle est moins haute”.

Relations multi-latérales

L’EFAN veut donc permettre aux start-ups, initiatives et projets locaux francophones, d’où qu’ils viennent, de profiter plus aisément de l’effet de levier d’une “cause commune francophone”. D’une part, via l’établissement d’“échanges privilégiés et de liens durables entre incubateurs/accélérateurs de start-ups”. D’autre part, via aussi une plus grande visibilité et ouverture d’“événements numériques majeurs, dédiés aux jeunes entreprises en forte croissance” auxquels les start-ups francophones de toutes provenances auraient plus aisément accès.

Prochains événements prônant l’ouverture et le réseautage “privilégié” entre start-uppsnumériques? le Kikk Festival de Namur, l’événement Startup Fest de Montréal (mi-juillet), Afric’Up, qui se déroulera à Tunis en début octobre.

Autre exemple, pour lequel Bordeaux Métropole comptait notamment sur les autres membres de l’“Entente” EFAN pour supporter sa candidature: l’organisation de l’édition 2020 de la coupe du monde de robots – la fameuse RoboCup. La chose est d’ailleurs entendue depuis cette semaine: c’est bien Bordeaux qui accueillera cette “compétition de robotique et d’intelligence artificielle” à laquelle pas moins de 45 pays participent. Parmi les “épreuves”: football, sauvetage en situation de catastrophe, logistique industrielle, aide à la personne…

Si l’initiative de l’EFAN est partie de Bordeaux Métropole, elle a immédiatement été secondée par la Wallonie et le BEP (bureau économique de la province de Namur) avec lesquels la métropole française avait noué des relations étroites ces dernières années. Le but, tel qu’annoncé par les Bordelais, est de “passer du bilatéral au multilatéral, en utilisant les relations bilatérales existant entre les territoires de Bordeaux et Québec, de Québec et Namur, de Wallonie et Bordeaux, d’Abidjan et Tunis, de Bordeaux et Abidjan, de Montréal et Abidjan, etc. pour atteindre un effet démultiplicateur grâce à l’approche multilatérale consistant par exemple pour Bordeaux à travailler simultanément avec Namur, Montréal, Bruxelles, Abidjan, Tunis et ainsi de profiter à chaque territoire concerné.” 

Des initiatives régionales ou trans-régionales avaient fleuri entre-temps, notamment en terre africaine, avec Smart Africa, pilotée par l’Union africaine, ou encore l’AIMF (Association des Elus Locaux Francophones) entre Abidjan, Québec et Bordeaux.

Les régions et collectivités à la manoeuvre…

L’initiative émane et est pilotée par des autorités publiques régionales ou des collectivités. Elle vient donc s’ajouter – et devra idéalement se combiner – avec d’autres mécanismes de collaboration trans-frontières initiés par exemple par des acteurs privés ou des “clusters” (réseaux thématiques de sociétés actives dans tel ou tel secteur).

Les signataires de la Charte EFAN

Les fers de lance de l’association sont Bordeaux Métropole, la Wallonie (pointé grâce à sa stratégie Digital Wallonia), Montréal et Québec (cette dernière ville ayant initié le Quartier de l’Innovation, sorte d’incubateur-accélérateur-living lab, actif à “ciel ouvert” dans la ville), Abidjan (où est implanté un FrenchTech Hub).

Finalités de la charte:

  • “identifier et fédérer des acteurs économique territoriaux opérant en faveur du développement des entreprises porteuses d’innovation et de transition numérique
  • favoriser les interactions multilatérales entre ces acteurs pour que les start-ups “irriguent davantage l’écosystème francophone”
  • donner accès aux start-ups à des opportunités d’affaires au sein de leurs territoires respectifs”.

Les esprits chagrins feront sans doute remarquer que c’est là inciter les start-ups francophones à rester dans leur zone de confort, à ne pas s’aventurer en dehors d’un espace francophone “naturel”. Mais commencer par quelque part est toujours un premier pas – Québec se prévaut d’être un tremplin idéal, un sas de préparation vers les USA. Tunis et Abidjan peuvent être des portes d’entrée et des cartes de visite vers l’Afrique…