Molengeek, un nouveau financement de Google à fins de promotion de talents entrepreneuriaux

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Par · 07/06/2018

L’histoire d’amour entre Google et Molengeek remonte quasiment aux débuts de ce centre de promotion et formation à l’entrepreneuriat numérique pour jeunes en décrochage scolaire ou social qui multiplie les activités: espace de coworking, coding school, incubateur pour porteurs de projets numériques, formations à l’entrepreneuriat, événements participatifs (hackathons, Startup Weekend…).

Une aide financière, logistique mais aussi humaine (mise à disposition de coachs, organisation d’ateliers thématiques, conseils aux aspirants entrepreneurs…), avait déjà été dispensée par le passé. Google dispose par exemple d’une personne au comité de pilotage pédagogique de la coding school  de Molengeek. Cette année, Big G remet ça, cette fois par le biais de Google.org, l’organisme qui gère ses actions philanthropiques.

A la clé: un chèque de 200.000 euros destiné à financer l’extension des activités de Molengeek. Une satisfaction toute particulière pour les deux initiateurs, Julie Foulon et Ibrahim Ouassari, et toute l’équipe dans la mesure où c’est une première pour une initiative belge.

L’argent a déjà servi à aménager un deuxième étage dans le bâtiment qu’occupe Molengeek sur la Place de la Minoterie à Molenbeek. Il sera utilisé à la fois pour des formations (coding school) et un espace d’incubation de projets. Le chèque permettra aussi d’accueillir davantage de jeunes et de renforcer l’équipe d’encadrement (coachs et mentors).

Jusqu’ici 177 jeunes ont eu droit à de l’accompagnement, de la formation voire de l’incubation à Molengeek. L’ambition est de pousser à 250, sur base annuelle.

Un profil pile-poil conforme aux visées de Google.org

Quelles sont les raisons qui ont poussé Google.org à pointer Molengeek parmi toutes les sollicitations que ce programme reçoit de partout sur la planète? Il y a, comme indiqué plus haut, la relation qu’entretiennent les deux acteurs depuis quatre ans. C’est donc Google Belgique qui a signalé l’intérêt de l’initiative, comme le font les autres filiales de Google pour les projets de terrain implantés dans les divers pays.

Pour Molengeek, des actions de visibilité, comme un voyage dans la Silicon Valley et une apparition aux Nations Unies en compagnie d’Alexander De Croo, ainsi que les projets d’extension de ses activités (que ce soit en Belgique – prochaine étape Schaerbeek – ou à l’étranger – Maroc) ont également eu leur petit effet.

Jacquelline Fuller (Google.org), de profil sur la photo: “Chaque fois que nous rencontrons l’équipe de Molengeek, nous leur faisons un peu plus confiance. C’est exactement le type d’équipe que nous voulons épauler.”

Mais c’est sur le fond que le dossier a été analysé au QG californien. “Molengeek correspond très exactement à l’un des types de projet que nous supportons, en l’occurrence des équipes entrepreneuriales qui s’attaquent à des problématiques telles que l’apprentissage de compétences numériques et l’action inclusive à destination de groupes sociaux sous-représentés”, explique Jacquelline Fuller, directrice de Google.org (voir sa bio-minute en fin d’article). “Molengeek s’inscrit en pointe dans ce genre d’activités. C’est le type-même d’initiative dont le monde a besoin. La Commission européenne a indiqué que, d’ici 10 ans, au moins neuf emplois sur dix nécessiteront des compétences numériques, ne serait-ce que de base. Or, actuellement, 44% des personnes actives ne possèdent pas de telles compétences…”

“Nous étudions également soigneusement ce qu’un organisme candidat pourrait faire avec notre investissement. Molengeek peut clairement accroître ses activités, aider davantage les jeunes qui réussissent à la coding school à franchir l’étape suivante qui consiste à devenir des entrepreneurs ou à décrocher des opportunités d’emploi. 

Notre financement permettra d’accueillir davantage de jeunes, de les faire encadrer par de nouveaux coachs de qualité, de proposer de nouvelles formations pour s’assurer que les jeunes trouvent de véritables jobs.”

L’espoir de l’équipe de Molengeek est… que le chèque de 200.000 euros ne soit pas un “one shot” mais que, sur base des résultats tangibles obtenus, l’investissement puisse être reconduit.

Pour cela, il s’agira de prouver le retour sur investissement. Selon quels paramètres? “Je fournirai à Google.org, en début, en milieu et en fin de période des rapports reprenant des statistiques, telles que le nombre de jeunes ayant participé à nos différentes actions, le nombre de formations réussies, d’insertion dans la vie active…”, énumère Julie Foulon. “Mais aussi des évaluations sur d’autres paramètres tels que le degré d’autonomie, les progrès en termes de confiance en soi des jeunes, l’évolution de leurs motivations…

Quatrième promo à la coding school de Molengeek

Lancée au début 2017, la coding school de Molengeek en est déjà à sa quatrième “saison”.
18 nouveaux jeunes viennent de commencer leur formation en développement Web et mobile.
Caractéristique: pas de pré-requis académique, une volonté d’attirer en particulier des jeunes non diplômés ayant décroché du système scolaire, désireux de renouer avec des chances d’emploi, voire d’entrepreneuriat.
A noter que… 40% de la nouvelle cohorte est composée de jeunes femmes. Assez inhabituel et digne d’être souligné!
Qu’ont donné les trois premières sessions de la coding school? “100% des participants de la première promo ont trouvé un emploi, lancé un projet ou poursuivi leur formation”, se réjouit Julie Foulon. Le score de réussite fut de 84% pour la deuxième promo (13 personnes, 2 abandons en cours de route). La 3ème promo n’a pas encore totalement terminé son parcours mais est qualifiée de “très bonne promo”.

Beaucoup en entrant chez nous disent avant tout vouloir trouver un emploi. Avec le temps, leur motivation devient de plus en plus de monter un projet eux-mêmes, de développer leur capacité en tant qu’entrepreneur…”

“Avant de donner notre accord pour l’investissement”, confirme Jacquelline Fuller, “nous nous sommes mis d’accord sur les livrables [effets tangibles]. Nombre de jeunes terminant leur formation avec succès, combien d’entre eux décrochent un travail ou créent eux-mêmes leur activité… Tout cela sera surveillé, par le biais de rapports…”

Terminons en pointant deux autres projets, aux finalités similaires, que Google.org a récemment aidés financièrement en Europe.

“Chiquitas” est un projet tchèque qui poursuit des buts assez similaires à ceux de Molengeek mais s’adresse spécifiquement à un public féminin et, plus particulièrement, “aux jeunes femmes, mères de famille, qui désirent se réinsérer dans la vie professionnelle, en acquérant des compétences numériques et entrepreneuriales”.

En Hongrie, un projet de “coding club” a également eu droit à l’aide financière de Google.org. Sa cible: des enfants venant de milieux défavorisés, souvent hébergés dans des homes en semaine, “en manque de perspectives que ce soit en termes d’éducation ou d’emploi”. 

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Qu’est-ce que Google.org?

Il s’agit d’une branche “à finalité philanthropique” de Google qui dispose d’un joli petit magot annuel puisque Big G lui permet, partout sur la planète, d’investir chaque année 1% de son bénéfice net au profit d’organisations qui poursuivent des objectifs tels que l’inclusion sociale, l’accès à l’enseignement pour des enfants défavorisés, la culture, la promotion de la technologie et de l’innovation comme “moteurs d’une économie propice à la réussite d’un plus grand nombre”, ou encore le développement durable.

Tout récemment, le 23 mai, à l’occasion de la réunion Tech for Good organisée par Emmanuel Macron à l’Elysée, Google.org avait annoncé sa volonté de distribuer 100 millions de dollars (plus de 85 millions d’euros) en l’espace de cinq ans à des organismes sans but lucratif opérant en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient qui oeuvrent en faveur des compétences et métiers d’avenir.

Jacquelline Fuller en est la directrice depuis son lancement en 2007. Elle avait auparavant travaillé pendant huit ans comme directrice adjointe Global Health pour la Fondation Bill & Melinda Gates.

Diplômée en sciences politiques de l’Université de Californie (Los Angeles) et détentrice d’un master en Action publique, décroché à la Kennedy School of Government d’Harvard, elle fut également la plume derrière certains discours de Louis Wade Sullivan, Secrétaire américain à la Santé et aux Services humains sous la présidence de Georges Bush père. [ Retour au texte ]