EduCode: une asbl pour un enseignement plus partageur et dans l’air du temps

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Par · 18/05/2018

En début d’année, Nicolas Pettiaux, attaché à l’École supérieure d’informatique de la Haute Ecole Bruxelles-Brabant (H2B), initiateur de la conférence EduCode, annonçait la création d’une asbl qui aurait pour “vocation de promouvoir l’éducation et la formation à l’usage réfléchi du numérique”.

Elle sera à la fois le reflet, le réceptacle et le prolongement de la conférence EduCode qui s’étalera sur trois jours, fin août à Bruxelles, et qui proposera “réflexions, informations et formation à la pensée informatique et à la programmation en classe.”

L’intention des initiateurs de l’asbl est de la rendre la plus représentative possible du monde de l’enseignement. “Nos organes accueilleront un représentant de chaque université et Haute Ecole francophone ainsi que des représentants d’autres institutions d’enseignement”, souligne Nicolas Pettiaux.

L’asbl, telle qu’elle a été constituée, est encore loin de cet objectif – en termes d’envergure et de degré d’adhésion – mais ses initiateurs ont préféré se lancer plutôt que d’attendre d’avoir construit un large cadre. L’essentiel pour eux, à court terme, était en effet de pouvoir démarrer les activités et de se mettre en ordre de marche pour recueillir contributions, dons et éventuels subsides.

Un premier noyau s’est donc constitué autour de quatre administrateurs, parmi lesquels Nicolas Pettiaux et Julie Henry, assistante et doctorante en informatique à l’UNamur.

L’ambition

Le but que se donne l’asbl EduCode est de “fédérer tous les acteurs intéressés par l’enseignement du numérique.”

Source: AdN

Pourquoi une telle initiative? D’autres organes, plus ou moins fédérateurs, n’existent-ils pas? Quel rôle face ou en parallèle aux instances publiques? “Notre vocation première est de pallier ce que le Ministère (Education), être ce que la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait être: une plate-forme où tous les acteurs liés au numérique dans l’enseignement peuvent être présents, échanger et s’impliquer. Nous voulons devenir une plate-forme participative, un espace d’échanges, de promotion et d’émulation.

Il est par exemple possible que nous nous positionnions comme complémentaire à la Fondation pour l’Enseignement et que nous collaborions avec enseignons.be.

Nous constatons en tout cas que les acteurs de l’enseignement, eux-mêmes, doivent changer, en termes d’organisation de l’enseignement, face aux transformations dues au numérique. Aucun ne semble réellement comprendre que la formation, que la société elle-même, est en passe de se restructurer grâce mais aussi face au numérique.

Je participais récemment à un débat à Namur [Ndlr: lors du salon Evolu’TIC sur le thème “Citoyen(ne) en Wallonie, j’agis avec le numérique”]. Les jeunes qui participaient à ce débat s’accordaient tous sur un point: le numérique balaie le besoin de s’appuyer sur le politique. Ils en ont par ailleurs assez que leurs avis ne soient pas pris en compte, de confier du pouvoir à des gens qui n’en font rien… Le pouvoir actuel des instances publiques est amené à diminuer.”

Dans ce double contexte, la plate-forme EduCode ambitionne donc de devenir non pas un nouveau lieu virtuel de pouvoir mais un espace d’expression et d’action participative, orientée enseignement de/par/pour le numérique.

L’esprit wiki

Que trouvera-t-on sur et via la plate-forme EduCode? “Nous voulons proposer une série d’activités: des cours, des conférences… Le premier contenu sera l’ensemble des exposés et des activités de la conférence EduCode, qui seront diffusés en temps réel. De quoi montrer à l’échelle internationale que la Belgique francophone est elle aussi capable de faire des choses.”

Par la suite, la plate-forme EduCode prendra sans doute la forme d’un wiki où les professeurs engagés pourront venir échanger, contribuer, imaginer et transmettre contenus et bonnes pratiques, publier des informations. Nicolas Pettiaux rêve d’un espace de formations accessibles à tous, en ce compris pour tous ceux qui n’ont guère de moyens, où l’on trouve des outils de formation et d’appropriation des multiples facettes du numérique, “afin de former des citoyens libres, au sens de citoyens qui soient aptes à décider de leur vie et à devenir parties prenantes de ce qu’elle est.”

Le principe de base est donc celui de la mise en commun de contributions, celui de la source libre [probablement en cc:by]. “Il faut apprendre aux enseignants à partager. Le mouvement est inéluctable, à mesure que la nouvelle génération remplace les plus âgés. Les jeunes sont partageurs…”

Le modèle économique, lui, reste à peaufiner. Pour rendre cet esprit wiki, open source, partageur, possible, la piste des dons (défiscalisés?) est une possibilité. En faisant faire payer ceux qui ont les moyens, et en redistribuant, afin que tous ceux qui n’ont pas les (mêmes) moyens ne soient pas laissés en bordure de chemin, voire dans le fossé…