Comment se portent les “sciences de l’ingénieur”, rayon lancement et accompagnement de start-ups (ou spin-offs)? WSL, l’incubateur qui se donne désormais l’étiquette de structure pour “techno-entrepreneurs”, se livrait, en ce début mai, à son traditionnel bilan annuel et esquissait quelques scénarios d’avenir – qui dépendent en partie de certains avals à recevoir des instances gouvernementales wallonnes.
Côté activités, les dernières venues au catalogue sont Atom-IT, dédié à l’IoT (Internet des Objets) ; le programme d’accélération MedTech (orienté “médical devices”, il est organisé conjointement avec les Régions bruxelloise et flamande) ; et l’évangélisation de la grille d’évaluation de maturité MatMax. Trois activités dont nous vous avions déjà parlé. Rien de neuf, à leur niveau, à signaler depuis le début de l’année. Tout au moins pour deux d’entre elles. Le programme MedTech Accelerator, lui, est sur le point de boucler sa première édition. Pour rappel, 7 des 16 start-ups accompagnées viennent de Wallonie. Les résultats en seront dévoilés ce 24 mai et il est déjà confirmé que le programme sera reconduit l’année prochaine, avec appel à candidatures devant être lancé en septembre.
2018, année de consolidation ou année-charnière?
“2018 est une année de concrétisation”, déclare Agnès Flémal, directrice de WSL. “Un ensemble d’initiatives-pilote qui avaient été lancées en 2016 et 2017 notamment sont pérennisées.” C’est le cas d’Atom-IT, du WeLL (le living lab e-santé qui est placé sous l’aile protectrice du Pôle Mecatech) ou encore de l’antenne luxembourgeoise à orientation spatiale WSLlux qui, toutefois, va se fondre dans une nouvelle structure Galaxia Space Innovation (aux termes d’une convention passée entre l’ESA et les instances officielles belges pour un co-pilotage, côté belgo-belge entre les Régions).
Mais cela ne saurait masquer une réalité: en termes de perspectives, une certaine réserve était de rigueur lors de la présentation du bilan. Pour plusieurs raisons.
D’une part, les commandes de certaines activités se cherchent un pilote. Exemple du côté d’Atom-IT où il semble toutefois que Sébastien Jodogne, pilote depuis le début 2017, va finalement accompagner un peu plus longtemps que prévu la transition de son mandat, “en agissant ponctuellement comme conseiller numérique pour WSL, conformément avec ce qui avait été prévu en fin d’année dernière” lorsqu’il avait été annoncé qu’il se consacrerait désormais quasi exclusivement à ses fonctions de CIO d’Osimis.
Autre raison: certaines choses se passeront plutôt à l’automne, après le déménagement d’une partie des activités (tout ce qui touche aux logiciels – aux rayons IoT e-santé, apprentissage automatique évolué…) vers le Val Benoît. Une vingtaine de start-ups pourraient ainsi y trouver hébergement et accompagnement. Avant une extension d’un espace déjà jugé un tantinet trop étriqué.
Dernière raison – et peut-être la plus importante: plusieurs chapitres dépendent de décisions ministérielles toujours attendues. Au Cabinet Jeholet, plusieurs dossiers sont en effet “à l’étude”.
Quelques exemples?
StarTech, le programme d’incubation destiné aux étudiants-ingénieurs, est appelé à “évoluer”. Non parce qu’il n’aurait pas répondu aux attentes ou objectifs mais tout simplement parce qu’il était organisé conjointement avec… l’AEI, dont on sait qu’elle a reçu ordre d’auto-destruction par le nouveau gouvernement. Dans le cadre de la refonte des structures d’animation économique voulue par le ministre Pierre-Yves Jeholet, la disparition de l’AEI laisse comme un blanc à combler côté StarTech. Avec une décision qui devra tomber en principe en juin, à temps pour ne pas louper la séquence académique prochaine.
De même, de possibles collaborations ou rapprochements entre incubateurs – sorte d’arlésienne qu’évoquent régulièrement certains acteurs – dépendront de la tournure que prendra finalement cette refonte et la place que voudra donner le gouvernement aux accompagnements de type scale-up.
Une bonne nouvelle par contre, mais qui devra être confirmée pour l’année prochaine: la relance (pour cette année only) du programme CxO qui octroie un financement dégressif pour engagement d’un profil managérial ou commercial de haut niveau afin d’accompagner une start-up dans son processus de maturation.
Bilan chiffré
Si l’attente est donc de rigueur pour divers chapitres, les chiffres que WSL peut aligner pour 2017 s’inscrivent par contre dans une tendance “beau fixe”.
- Chiffre d’affaires généré en 2017 par les start-ups incubées: 98 millions d’euros.
- 92 dossiers bénéficient d’un accompagnement: 10 en sont encore au stade de projet ; 73 concernent des start-ups (de 0 à 1 million d’euros de chiffre d’affaires) ; 9 sont des sociétés en phase de (début de) croissance (de 1 à 5 millions d’euros de chiffre d’affaires ; moins de 5 ans d’âge).
- 13 dossiers ont été acceptés dans le courant 2017. Dix autres sont en phase d’évaluation pour être acceptés.
- Ratio start-ups vs spin-offs dans le répertoire WSL: “stable”, annonce Agnès Flémal, les spin-offs représentant de 20 à 25% du total.
- Principaux domaines thématiques dans lesquels évoluent les projets: secteur IT et réseaux (37%), (opto-)électronique (21%) et sciences du vivant (26%)
- En 2017, 15 projets sont sortis du répertoire WSL. Soit qu’elles aient pris leur indépendance, une fois l’incubation terminée. Soit que leur sort ait été moins enviable: on signale en effet deux faillites, une liquidation, trois projets qui ont jeté l’éponge avant de se constituer en société et 5 arrêts d’accompagnement, décidés cette fois par le WSL après avoir jugé les projets insuffisants.
- Nombre d’emplois existant dans les sociétés en portefeuille: 472 (dont 326 côté star-ups et 46 côté “growth companies”).
- Total des levées de fonds en 2017: 8,8 millions d’euros ; dont 7,1 millions ont été injectés dans des start-ups.
- Pour 2018, WSL mise sur un solide doublement de ce chiffre, estimant pouvoir totaliser 20 millions d’euros levés lors de tours de table Serie A. Deux dossiers ont d’ailleurs déjà été bouclés (Tessares, pour 3 millions, et Widetech, pour 2 millions). D’autres s’annoncent dans les tout prochains mois, dont un de quelque 4 millions. Agnès Flémal explique ce regain par “un suivi plus calibré, un meilleur suivi de la maturation des projets et un gain de qualité du côté des porteurs de projet.”
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