Un Smart City Live Lab d’ici l’été à Ottignies-Louvain-la-Neuve

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Par · 11/04/2018

Si les espérances – et le souhait des différentes parties impliquées – se concrétisent, un “Smart City Live Lab” verra le jour d’ici l’été à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Mais ne vous attendez pas à un labo au sens strict, physique, du terme ou à un espace d’expo et de démonstration claquemuré dans un bâtiment dédié.

L’initiative devrait plutôt prendre la forme de démonstrateurs à l’air libre, de micro-projets thématiques de ville ou de quartier connecté(e). “Et, si l’expérience est couronnée de succès, ce sera une belle vitrine”, à la fois pour la ville et les promoteurs du projet, souligne David da Câmara Gomes, échevin de la Mobilité, de l’Informatique et de la Simplification administrative à Ottignies-Louvain-la-Neuve.

Qui sont justement les “promoteurs” de ce Smart City Live Lab? Proximus, BeMobile (dont Proximus est l’actionnaire majoritaire) et la ville.

Cette dernière, en fait, a été approchée par Proximus qui a pointé la cité comme intéressante de par sa géolocalisation, ses caractéristiques (taille moyenne, ville universitaire, pas trop urbanisée…), son écosystème entrepreneurial dynamique, “susceptible de favoriser une réactivité positive, avec une facilité à impliquer d’autres partenaires privés”.

Alex Bosmans (Proximus): “L’infrastructure, la population et l’écosystème diversifiés de la ville de taille moyenne qu’est Ottignies-Louvain-la-Neuve en font un laboratoire idéal pour effectuer les tests.”

Pour la ville, la perche tendue était une occasion à ne pas laisser passer: “nous avons depuis quelque temps déjà identifié nos principales problématiques mais sans parvenir à y apporter nous-mêmes des solutions. Ces problématiques sont classiques et bien connues: mobilité, parking, sécurité, transports participatifs, consommation d’énergie…”, déclare David da Câmara Gomes. “Mais nous avons l’impression d’être un peu comme devant un travail de Sisyphe. Les méthodes classiques ne se sont pas avérées satisfaisantes.

Par ailleurs, lorsque l’on parle de smart city, on fait souvent allusion aux mêmes exemples, aux mêmes poncifs: poubelles connectées, éclairage intelligent…

Nous voulions aller un pas plus loin, être plus original, résoudre des problématiques bien réelles, pas simplement vouloir améliorer des choses qui fonctionnent déjà bien, mais agir là où il y a une carence des pouvoirs publics. Il faut déboucher sur du concret et du crédible qui facilite la vie des citoyens, des riverains…”

Quant à l’“écosystème” qui serait sollicité, voire suscité, la Ville espère impliquer dans le processus de réflexion et de réalisation des sociétés, start-ups, mais aussi des citoyens et représentants d’associations d’habitants. Autres acteurs sollicités: les milieux académiques, notamment dans les matières liées au big data et à l’analytique, un domaine d’expertise de l’UCL…

Trois étapes. Trois thématiques

But poursuivi par le projet de Smart City Live Lab? “Explorer les possibilités et les bénéfices de l’Internet des Objets et de l’analytique de données, au profit du citoyen et de la ville. Analyser en situation réelle le potentiel de solutions technologiques, dans divers domaines – sécurité, mobilité, gestion énergétique, efficacité administrative, tourisme… Se servir de ce projet pour favoriser  un écosystème ouvert de partenaires, travaillant en mode co-création”.

Le projet se déroulera en trois étapes:

  • analyse des principaux défis qui sont ceux d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
  • définition des priorités “afin de développer ensemble des solutions envisageables”
  • test de solutions en situation réelle, “la ville servant de laboratoire”.

David da Câmara Gomes (Ottignies-Louvain-la-Neuve): “A nos yeux, le rôle de Proximus est celui d’un expert, d’un partenaire amenant une méthodologie, qui nous pousse à aller jusqu’au bout de la réflexion. Quelqu’un qui apporte un regard neuf et nous fait des propositions.”

L’agenda?
Le travail de débroussaillage a été effectué avec divers collaborateurs de Proximus, spécialisés en big data, capteurs, Internet des Objets, mobilité…

La phase d’analyse débutera dès la semaine prochaine (à partir du 16 avril) et devrait durer une semaine.

Dans le même temps commencera la mise à disposition d’informations et de données par les responsables des différents départements de la ville (travaux publics, finances, environnement, police…). “Nous mettrons un certain nombre de personnes à contribution, pour rechercher les données, identifier des indicateurs pertinents…”, souligne David da Câmara Gomes.

Les thématiques prioritaires, elles, ont en fait déjà été pré-identifiées: incivilités, mobilité, énergie, avec, comme quatrième larron éventuel, la sécurité. 

La phase de concrétisation, elle, devrait idéalement être rapide. “Proximus veut pouvoir proposer des réalisations concrètes avant l’été.” Non seulement pour des raisons d’utilisabilité commerciale à court terme – avec possible réitération de projets dans d’autres municipalités – mais aussi parce que… 2018 est une année électorale et que toute réalisation empiétant trop sur la campagne électorale serait mal perçue (ou risquerait d’être vilipendée ou instrumentalisée), “ce qui nuirait d’ailleurs aussi à la crédibilité de Proximus”, ajoute David da Câmara Gomes.

Aux frais de Proximus

Le projet sera financé par Proximus (une convention de confidentialité empêche toutefois les responsables de la ville de préciser ce qui est réellement couvert: phase d’analyse, proofs of concept ou déploiements plus importants?).

“On ne peut sans doute pas espérer que Proximus déploie par exemple des capteurs de tel ou tel type dans toute la ville. Il s’agira sans doute plutôt d’en placer un certain nombre dans certains quartiers. Le but, en tout cas, est de permettre une véritable démo, d’aller jusqu’à du concret, de faire la démonstration que cela marche…”

Le but de l’opérateur, pour sa part, est d’apporter la preuve de son savoir-faire comme acteur de la “smart city” et d’engranger des exemples concrets de réalisations “testées à Ottignies-Louvain-la-Neuve, répliquables sur l’ensemble du territoire, afin de convaincre d’autres villes et communes wallonnes.” Même si du copié-collé, bien entendu, ne sera pas possible…

Ce n’est pas la première fois qu’un grand nom de l’industrie s’intéresse à Louvain-la-Neuve en guise de guinea pig en matière de smart city. Voici quelques années, IBM, par l’entremise de ce qui était encore le centre d’expertise EuroGreenIT (devenu entre temps FuturoCité), avait proposé un audit déjà orienté smart city / efficacité énergique à la ville.

“Mais la démarche était différente”, souligne David da Câmara Gomes. “L’approche, à l’époque, était plus théorique. Le but était de nous permettre de nous connaître nous-mêmes, de pouvoir se mesurer à d’autres…

Avec le projet de Smart City Live Lab, notre volonté est d’obtenir des applications concrètes. Mais ce qui sera peut-être intéressant de faire, ce sera de reprendre la méthodologie de l’époque et de voir en quoi les indicateurs que nous avions identifiés ou définis sont pertinents ou non.”