Une nouvelle piste d’investissement, pour jeunes pousses au stade de la scale-up technologique, vient de s’ouvrir en Wallonie à la faveur d’un accord de partenariat passé entre WSL et l’IFJ – lisez: Invest for Jobs.
Ce fonds privé (voir note en fin d’article), a vu le jour afin, d’une part, de soutenir des sociétés qui ont engagé une phase de croissance (modèle commercial structuré et produit ou solution validé par le marché, perspectives de stabilité et de pérennité – approchant le stade 7:7 sur l’échelle MatMax), et, d’autre part – corollaire immédiate -, de “soutenir avant tout des projets créateurs d’emplois locaux et non délocalisables.”
Le prisme de décision pour évaluer des interventions est donc triple: perspective de croissance, rendement financier “raisonnable” de l’investissement, création d’emplois.
Créé fin 2015 et ayant à ce jour investi (en capital ou sous forme de prêt) dans 8 sociétés, l’IFJ se cherche des partenaires afin de mieux déployer ses activités, dans tout le pays.
C’est dans ce contexte-là, que des contacts se sont noués avec WSL, incubateur et accompagnateur de projets et start-ups à la fibre ingénierique, qui devient ainsi son premier partenaire côté wallon. A noter que des contacts ont également été noués avec des invests ou, en Flandre, avec des acteurs de type seed capital.
“Nous ne désirons pas intervenir seul, comme seul investisseur, dans un dossier. Notre volonté est plutôt d’être complémentaire, de jouer le rôle de facilitateur. Nous voulons investir en parallèle avec d’autres acteurs. D’où la recherche de partenariats, qui sera l’une de nos préoccupations majeures en 2018”, souligne Marc Bolland, directeur d’IFJ.
Echange de bons procédés
Quels sont les termes de la convention passée avec WSL? Il s’agit en quelque sorte d’un accord d’échange de “bons tuyaux”.
“Chaque fois que le fonds IFJ recevra une demande venant d’une start-up évoluant dans un secteur à composante ingénierique, nous pourrons lui conseiller de s’adresser à WSL pour de l’accompagnement et des conseils”, explique Marc Bolland. “Et lorsque WSL aura une start-up ou croisera un prospect répondant à un certain nombre de critères de croissance, il nous en avertira, sans exclusive toutefois, afin de voir si nous sommes potentiellement intéressés à y investir. En d’autres termes, nous partagerons nos flux d’informations pour étayer et renforcer les possibilités de financement.”
“Nous agissons selon des objectifs communs”
Pourquoi WSL et IFJ ont-ils estimé utile de conclure une convention? “Même si nos métiers sont différents, quoique complémentaires, nous avons les mêmes objectifs”, déclare Marc Bolland.
Comme son patronyme l’indique, la finalité poursuivie, qui pèse lourd dans la décision d’investir, est la capacité de création d’emplois par les sociétés financées. “Nous voulons jouer un effet de levier auprès des sociétés les plus performantes possibles en termes de création d’emplois. Sans tabou en termes de secteurs.”
“Nous avons bien entendu reçu des propositions de partenariat venant d’autres fonds d’investissement”, déclare pour sa part Agnès Flémal, directrice de WSL. “Mais ils imposent des critères de sélection ou des contraintes qui ne correspondent pas forcément à ce qui est utile pour les start-ups que nous accompagnons. L’IFJ poursuit les mêmes objectifs que nous en termes de création d’emploi et de pérennité des sociétés lancées, vise les mêmes secteurs d’activités, et se fixe les mêmes objectifs à long terme par rapport au développement de l’économie en Wallonie.
Le fonds IFJ permet par ailleurs de combler le vide qui existe dans la chaîne des acteurs financiers vers lesquels les start-ups peuvent se tourner lorsqu’elles ont passé le stade des 3F et du pre-seed et n’en sont pas encore au stade des levées de fonds A ou B. Il existe, en Belgique, un vide dans la fourchette des 1 à 5 millions d’euros. C’est ce vide qu’IFJ peut contribuer à combler.”
A cet égard, signalons que son intervention, en capital ou prêt, auprès des 8 premières sociétés financées, va de 500.000 euros à 4,5 millions. Parmi ces 8 premiers bénéficiaires, citons Image Matters (incubée au WSL), spécialisée dans la compression d’images, et Calyos (Jumet), auteur d’une solution d’échange d’air utilisée notamment pour le refroidissement de systèmes électroniques et informatiques – infocentres, serveurs…).
Argument supplémentaire, aux yeux d’Agnès Flémal, justifiant l’accord passé: l’argent qui vient d’IFJ est de l’argent privé qui peut ainsi venir compléter les fonds publics avec lesquels on travaille déjà” (les invests).
Paritaire et … patient
L’une des caractéristiques que revendique le fonds IFJ est de s’inscrire dans une approche à long terme. Moyenne des contrats passés, lorsque les investissements prennent la forme de prêts: 5 ans.
Marc Bollad (IFJ): “Si la société atteint ses objectifs, elle a droit à un bonus. Si elle échoue pour des raisons qui lui sont propres, il y a sanction. Avec retrait d’IFJ.”
Autre particularité: il s’agit d’un fonds à gestion paritaire – patronat et syndicats du secteur du métal et de la technologie. Ces derniers sont représentés à parts égales à la fois au conseil d’administration et au comité d’investissement, assurant la présidence à tour de rôle.
“La gestion paritaire permet d’agir sur le long terme, en ayant pour but l’intérêt général.” Patience et longueur de temps sont privilégiées à la recherche d’un rendement rapide. “Nous cherchons avant tout un rendement stable à long terme”, indique Marc Bolland, “un retour sur investissement raisonnable, de l’ordre de 3% net.”
Quid de son leitmotiv qu’est la création d’emplois? Quelle est la méthode suivie pour évaluer le potentiel de création d’emplois? La société candidate doit déclarer et expliciter ses intentions de création d’emplois. Affirmations qui sont vérifiées par le comité d’investissement où siègent des professionnels venus de l’économie réelle, avec analyse de la qualité de l’équipe dirigeante et des secteurs d’activités. La volonté de création d’emplois est contractualisée. “Si la société atteint ses objectifs, elle a droit à un bonus, par exemple via un remboursement de prêt plus intéressant”, explique Marc Bolland. “Si la société échoue, il n’y a pas de sanction si les causes sont externes et imprévisibles mais si la société trébuche pour des raisons qui lui sont propres ou pour avoir volontairement surévaluer le potentiel, il y a sanction. Avec retrait d’IFJ.”
Autre condition contractualisée: l’emploi créé doit profiter à l’économie locale et les mouvements ou fluctuations doivent laisser un solde net. “Pas question non plus d’effet de substitution vis-à-vis de l’étranger. Histoire d’éviter délocalisations et transvasements de personnel. C’est pour cela que nous contractualisons le plus possible au départ.”
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Portrait-minute du fonds Invest for Jobs
Création: 2016
Actionnaires: le Fonds de Pension Métal et le Fonds de Sécurité d’Existence des Fabrications métalliques. Le fonds se dit ouvert à l’arrivée d’autres actionnaires, à condition qu’ils soient privés, mais à l’exclusion d’épargnants privés.
Fonds propres souscrits: 100 millions d’euros. Fonds propres libérés: 25 millions
Montants investis en capitaux: 2,05 millions. En obligations: 9,7 millions. Période entre septembre 2016 et octobre 2017.
Nombre de dossiers de candidature reçus entre fin 2016 et janvier 2018: 127.
Nombre d’interventions: 8.
Un nouvel investissement est sur le point d’être décidé en faveur de la société WideTech, auteur d’un logiciel d’analyse, validation et optimisation d’informations collectées au départ de capteurs industriels. Montant, sous forme de capital, qu’IFJ lui octroiera d’ici la fin du mois: 600.000 euros, soit un peu moins de la moitié de l’augmentation de capital totale – 1,25 million – dans laquelle MeusInvest, entré au capital en 2015, et les investisseurs privés de départ participeront. [ Retour au texte ]
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