Pierre-Yves Jeholet veut renforcer le rôle de l’AdN

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Par · 15/12/2017

Le message avait déjà été passé, en filigrane, à plusieurs reprises: Pierre-Yves Jeholet, successeur de Jean-Claude Marcourt au poste de Ministre wallon du numérique (notamment), compte bien se reposer plus encore que son prédécesseur sur l’action et les orientations proposées par l’Agence du Numérique et du Conseil du Numérique. Sans oublier celles de la DGO6.

Ce message a été répété, ce mercredi soir, par le ministre lui-même à l’occasion de l’événement Shake Digital Wallonia qui réunissait la “fine fleur” de l’écosystème ICT/numérique de la Région. Une fois encore, il a répété son point de vue qui veut qu’il “y a trop de structures publiques et para-publiques dans le paysage du numérique [et de l’accompagnement au ou vers le numérique]” et qu’il faut y mettre davantage d’ordre, de “cohérence et visibilité”. Et cela, en rationalisant “autour du Conseil du Numérique et de l’AdN.”

Un point de l’ordre du jour du conseil des ministres de ce jeudi portait d’ailleurs sur l’octroi d’une subvention complémentaire à cette dernière, pour “financer ses missions de base et ses frais de fonctionnement relatifs aux activités réalisées dans le cadre de Digital Wallonia.”

Au-delà de cette rallonge budgétaire servant à financer certains projets de l’AdN qui avaient déjà été décidés (notamment en matière de sensibilisation à la transformation numérique des entreprises et de l’industrie), il y a bel et bien élargissement du rôle de l’AdN, notamment dans la foulée de sa ré-autonomisation (elle avait été rattachée à l’AEI, en tant que filiale, par le précédent gouvernement mais l’explosion annoncée de l’AEI (Agence pour l’Entreprise et l’Industrie) vient rebattre les cartes.

Désormais, l’Agence semble devoir renforcer son rôle de “coordinateur” et de pivot via lequel passeront les évaluations d’initiatives et de projets numériques en tous genres. “Nous interviendrons plus que jamais en soutien, étudiant les dossiers pour la Cabinet”, confie André Blavier, porte-parole de l’AdN. “L’objectif est de procéder à un examen de fond des divers dossiers afin de vérifier leur cohérence par rapport au plan Digital Wallonia et en documentant leur pertinence par rapport à des KPI et objectifs à concrétiser. C’est là une exigence du ministre.”

L’occasion aussi, en canalisant le parcours des dossiers, d’éviter les redondances. Un exemple? Le Microsoft Innovation Center de Mons (dont l’évaluation, en amont, des activités est également confiée à l’AdN) a planifié, pour le second semestre 2018, un boostcamp consacré à la transformation numérique des professionnels de l’agriculture. Le partenaire identifié est la Foire de Libramont mais pas uniquement pour des questions de visibilité et d’agenda mais pour intégrer une partie du boostcamp au coeur-même du stand numérique qu’y tiendra Digital Wallonia, potentiellement avec une présence active de Proximus qui en profitera pour faire étalage de solutions et d’objets connectés liés à l’agriculture (capteurs, drones…).

“Nettoyer” le paysage

Beaucoup d’organismes, associations et acteurs verront ainsi leurs idées, propositions et projets examinés désormais par l’AdN, qu’il s’agisse d’actions du genre bootcamps, initiatives en formation, sensibilisations à la transformation numérique, missions économiques à l’étranger, identification de start-ups ayant des potentiels de croissance importants et éligibles, dès lors, pour une aide spécifique… Personne ne devrait y échapper.

Cela semble également indiquer que certaines missions qui avaient été confiées (ou étaient sur le point de l’être) à d’autres acteurs – tels que les clusters Infopole et Twist (qui, aux dernières nouvelles, ne sont pas prêts de fusionner) ou Creative Wallonia Engine – seront réorientées. Quant à savoir quelles structures jugées surnuméraires voire redondantes seront réellement supprimées à terme, on attend encore une décision du Cabinet Jeholet pour y voir plus clair… On sait que le rôle de l’AEI sera “redistribué” vers d’autres acteurs. En matière de numérique, cela concerne notamment l’AdN et la DGO6.

Une note d’orientation, portant sur cette reconfiguration du paysage, a été élaborée qui doit encore suivre son petit trajet de validation traditionnel (étapes de relecture et approbation). Verdict en 2018.

Quant au Conseil du Numérique, pour reprendre les termes de son président Pierre Rion, il “continuera d’être le garant de l’alignement et de la continuité des mesures prises.” En ajoutant, reprenant une expression qu’il avait utilisée dès la création de ce Conseil, qu’il “continuera de jouer un rôle d’aiguillon constructif.”