Ayant obtenu, de la part de la Région wallonne, la reconduction du partenariat public-privé initié voici déjà 9 ans, le Microsoft Innovation Center (MIC) de Mons confirme ses trois orientations majeures: accompagnement de la transformation numérique des métiers et des entreprises (PME en particulier), évangélisation et expérimentation de nouvelles technologies, et développement de compétences numériques pour sociétés et start-ups, via poursuite de l’action stagiaires. Dans ces deux derniers volets, l’un des thèmes privilégiés choisis en 2018 sera l’Internet des Objets (IoT), qui viendra s’ajouter à la palette existante, plus orientée gestion classique de l’entreprise.
Proximus monte à bord
Le premier allié telco du partenariat privé-public (Région wallonne/Microsoft) qu’est le MIC fut, à l’origine, un certain Mobistar. Neuf ans plus tard, pour entamer son 4ème “mandat”, c’est un nouveau partenaire qui monte à bord. Nouveau partenaire de référence: Proximus, qui jouera un rôle non négligeable dans les activités orientées IoT, l’un des thèmes dominants sélectionnés pour 2018.
Le partenariat, signé pour une durée de 5 ans, prévoit la mise à disposition de ressources humaines (à la demande, en fonction des projets et activités), de kits de développement, d’un accès à l’infrastructure Proximus et à la plate-forme et marketplace EnCo, et l’animation d’un centre d’expertise IoT (orientation LoRA), baptisé IoTLab.
Précisons ici d’emblée que le MIC promet de respecter la neutralité dans les technologies enseignées et testées avec les sociétés qui feront appel à ses services: “selon les contextes, le choix se portera toujours sur la connectivité la plus pertinente, qu’il s’agisse de connexions 3G/4G, Internet, WiFi, LoRA ou Sigfox”, précise Xavier Bastin, directeur du MIC de Mons.
Bruno Schröder (Microsoft): “Les données sont le nouveau carburant mais restent largement concentrées sur quelques grandes plates-formes d’acteurs essentiellement américains. Pour une PME de quelques personnes qui ne dispose que d’une petite réserve de données, l’IoT est la voie rêvée pour sauter dans le train, générer de longues séries temporelles et profiter de la valeur ajoutée des données.”
Les sociétés, start-ups et porteurs de projets qui viendront tester des technologies, des idées, des processus au sein de l’IoTLab pourront aussi aller puiser des données collectées par le MIC lui-même, ce dernier ayant décidé de faire de son nouveau bâtiment un site d’expérimentation pour capteurs connectés. Une série de paramètres seront surveillés par des capteurs de présence, de température, de luminosité, d’humidité, d’ouverture de portes… afin de rendre le bâtiment “intelligent” et prédire ses besoins en fonction de son taux ou type d’occupation. Partenaires, côté capteurs: la française Ewattch (relayée en Belgique par son importateur CMTech) et l’italienne Ascoel. Côté logiciels, c’est Microsoft Power BI et Azure qui sont à la manoeuvre.
Autres partenaires et acteurs de l’IoTLab: MakersLab, LME pour l’accompagnement davantage business, et “pour des services plus pointus” des centres de recherche ou centres universitaires.
Digital Boostcamp thématiques
Depuis deux ans, le MIC s’est lancé dans des formations pour chefs d’entreprises ou d’organismes en quête d’inspiration ou de nouvelles compétences pour s’engager dans un processus de transformation numérique. 22 d’entre eux ont jusqu’ici participé aux deux premiers Digital Boostcamp.
Le programme sera reconduit en 2018 mais prendra pour thème de nouveaux métiers (le premier qui a servi de fil rouge fut le marketing digital). L’année prochaine, cap sur les data avec un Digital Boostcamp consacré aux data science et aux techniques d’apprentissage automatique (machine learning). Ce programme débutera en février et durera deux mois. Il s’adresse spécifiquement aux professionnels (profil plutôt professionnels de l’IT et développeurs confirmés).
Partenaire pour l’occasion: Kensu (ex-Data Fellas).
Le deuxième Digital Boostcamp, planifié pour l’automne 2018, sera lui dédié… à la transformation numérique des professionnels de l’agriculture. Partenaire: la Foire de Libramont (qui était d’ailleurs elle-même l’un des “apprentis” du précédent Boostcamp).
La Région wallonne persiste
Pas d’inquiétude à avoir, apparemment, du côté du MIC pour la reconduction, côté secteur public, du partenariat. Lors de l’inauguration officielle des nouveaux bâtiments (toujours à Mons), le ministre Pierre-Yves Jeholet réaffirmait la volonté de la Région de supporter l’initiative. Un ministre qui, de par ses colorations plus libérales que son prédécesseur, souligne plus particulièrement l’implication du privé: “trop de structures publiques wallonnes restent tournées sur elles-mêmes. Il faut optimiser les moyens mis à dispositions par le public, surtout lorsque les moyens ne sont pas pléthoriques”.
Pierre-Yves Jeholet: “Les partenariats privé-public ont tout leur sens et s’inscrivent parfaitement dans le cadre du Plan du numérique. Notre responsabilité est de passer à la vitesse supérieure pour ce qui est de l’implémentation du digital.”
Et quel meilleur moyen de s’ouvrir et de partager la charge que d’impliquer le privé? Avec des figures de proue telles que Microsoft et Proximus. “Microsoft est un élément d’attractivité essentiel pour une région comme la Wallonie, en raison notamment de ses actions dans le secteur de l’enseignement et des entreprises.
C’est encore plus vrai pour Proximus dans la perspective d’un territoire [wallon] connecté et intelligent et avec une thématique IoT qui est au coeur de la stratégie de l’opérateur… L’implication de Microsoft et de Proximus m’encourage à supporter cette initiative [MIC].
Les partenariats privé-public ont tout leur sens et s’inscrivent parfaitement dans le cadre du plan Digital Wallonia. Notre responsabilité est de passer à la vitesse supérieure pour ce qui est de l’implémentation du digital.”
Il saluait également au passage le rôle que joue le MIC en matière de formation pour, une fois encore, pointer du doigt ce qu’il estime être des synergies insuffisantes entre privé et public. “En matière de formation aux compétences numériques, le secteur public a son rôle à jouer mais il y a trop peu de synergie, à mon goût, entre des acteurs tels le MIC, les Centres de Compétences et l’enseignement dans son ensemble.” Et, dans la foulée, de regretter “une frilosité du côté du Pacte d’Excellence face aux enjeux du numérique et la formation des jeunes dès le plus jeune âge.” Autant dire que le cabinet de Marie-Dominique Schyns a dû entendre ses oreilles siffler vendredi dernier…
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