Wallonie en Poche: l’esprit “mousquetaires” au service des intérêts locaux

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Par · 22/09/2017

Depuis un peu plus d’un an, la start-up LetsGoCity planchait sur un projet d’appli mobile qui soit utilisable au quotidien par tous les citoyens wallons.

Une appli qui lui permette de rester informé de toutes les informations locales dont il a besoin au quotidien, que ce soit par exemple pour ses démarches vis-à-vis de son administration locale, pour mieux gérer ses déplacements quotidiens, tenir à jour le planning d’activités de ses enfants (et le budget à y consacrer) ou encore pour orchestrer ses loisirs.

Une sorte de couteau suisse du citoyen wallon “branché”.

Dès les premiers pas de cette start-up, incubée au départ au VentureLab de Liège, l’objectif de l’équipe avait été de mettre un terme à ce qu’elle appelait la “confusion dans l’esprit des utilisateurs. Les multiples applis qui fleurissent de toutes parts sont-elles viables à long terme? Cela vaut-il la peine de les télécharger, d’y encoder ses données? Quelle est leur interopérabilité? Sont-elles transposables à ma région ou dois-je télécharger plusieurs applis similaires selon l’endroit où je suis, avec l’obstacle de modes d’utilisation différents?”

Voilà ce que déclarait Pierre Labalue, co-fondateur de la société, en décembre 2016, lors du lancement officiel de sa première app. Relire notre article. Il ajoutait alors: “La confusion provoquée par la multiplicité de l’offre et les désillusions face à une utilisation déficiente risquent de mettre à mal les écosystèmes locaux.”

Depuis lors, l’interrogation et le défi n’ont pas quitté LetsGoCity qui a trouvé un tremplin bienvenu dans l’initiative prise par NRB de fédérer en une plate-forme virtuelle diverses start-ups locales proposant des solutions complémentaires.

Le petit écosystème joyeusement baptisé Jules Lesmart compte aujourd’hui 12 membres. Et la complémentarité de positionnement et de produits de ce petit peloton sert de première étage d’une fusée que la Région, par l’entremise de Digital Wallonia, a décidé de propulser dans un esprit de ré-ancrage économique local. Voir dans cet autre article la manière dont les différentes parties prenantes (LetsGoCity, NRB mais aussi l’AdN) présentent les raisons et finalités économiques et citoyennes sous-jacentes.

A chacun son micro-univers

Concrètement, LetsGoCity a développé une nouvelle appli, baptisée “Wallonie en Poche”, qui doit servir de portail dont chaque utilisateur configure aisément le contenu (en termes de services) sur son smartphone, selon ses besoins spécifiques.

Pierre Labalue (LetsGoCity): une appli-portail dont chaque utilisateur configure l’éventail de micro-services sur son smartphone, selon ses besoins spécifiques.

Pour ses débuts, Wallonie en Poche propose quelques premiers micro-services. A commencer, tout naturellement, par quelques services développés par des start-ups de l’écosystème Jules Lesmart et par des informations publiques mises à disposition selon le principe de l’open data.

Parmi les premiers micro-services publics disponibles, grâce à la conviction open data de certains acteurs: les horaires des TEC, les agendas du service d’enlèvement des poubelles proposés par certaines intercommunales (telles que le BEP namurois)…

Côté transports publics, l’info actuellement disponible se limite aux horaires “théoriques”. Prochaine étape promise via l’accord passé avec les TEC: des infos sur les horaires réels (avec retards éventuels) rendues possibles par le futur déploiement de balises le long des trajets de bus. Autre fonctionnalité, d’ores et déjà disponible: le service d’alerte alimenté par la communauté des usagers, via l’appli NextRide/NextMoov qui est l’une des premières partenaires de Wallonie en Poche.

Après celles des TEC, LetsGoCity espère bien ajouter les données de la SNCB (ce serait imminent), de la Stib et de De Lijn.

Autres fonctionnalités disponibles:

  • un signalement de problème à sa commune (soit le service compétent est directement encodé, soit la notification passera par l’appli BetterStreet – ici encore, relire notre article sur l’accord passé entre LetsGoCity et BetterStreet)
  • et la dématérialisation de cartes de fidélité auprès des commerces et grandes surfaces (toute carte pourvue d’un code-barre ou d’un code QR peut être “convertie” en carte virtuelle intégrée à l’appli).

Ce qui nous amène tout droit à l’échange de bons procédés et à l’esprit collabo-complémentaire qui voit le jour entre les différentes start-ups de l’écosystème Jules Lesmart.

Parmi les premières à jouer le jeu et à monter à bord de l’aventure Wallonie en Poche, on peut ainsi citer BetterStreet (signalement d’incivilités et problèmes de l’espace public), Joyn (cartes de fidélité), NearShop (e-commerce local)…

D’autres start-ups locales pourraient les rejoindre. Noms cités – mais encore à confirmer: Opinum (relevés de consommation énergétique), A7 Software (dossier médical), Smart Nodes (pilotage d’éclairage), CitizenLab (participation citoyenne).

Wallonie en Poche : composer son catalogue de micro-services selon ses besoins perso.

Côté informations locales, la première source est le groupe de presse L’Avenir qui avait participé à la levée de fonds effectuée en juin 2016 par LetsGoCity (le groupe avait injecté un quart des 300.000 euros levés, les 75 autres pour-cents étant apportés par NRB).

LetsGoCity se dit désireuse d’y ajouter d’autres sources d’infos locales (ou localisables).

Grâce à Wallonie en Poche, chaque utilisateur se concocte ainsi son menu de micro-services: infos sur la commune, accès à l’e-guichet communal, horaires de l’école, agenda d’enlèvement des poubelles, horaires des transports publics, agenda culturel, liste locale de boutiques, notification d’incivilités, commande du lunch quotidien à faire livrer…

Il peut aussi programmer à souhait les alertes qui lui rappelleront ce qui fait le sel de son quotidien: sortir les poubelles à temps, payer la cantine du rejeton, recevoir un avis de congés de son médecin, le signalement d’une nouvelle possibilité de sortie culturelle, la notification qu’il peut aller chercher tel document commandé à l’e-guichet de sa commune…

Premiers de cordée

Outre les start-ups de l’écosystème Jules Lesmart, LetsGoCity a déjà convaincu d’autres acteurs de faire partie de l’aventure Wallonie en Poche.

Houffalize, l’une des toute premières communes à adhérer à l’appli Wallonie en Poche.

Premières communes adhérentes: La Hulpe et Houffalize, cette dernière ayant servi de cobaye aux développements de LetsGoCity. Relire notre article à ce sujet.

D’autres communes et villes devraient bientôt les rejoindre. Des contacts ont ainsi été établis avec les différentes villes faisant partie du groupe de travail Smart City constitué par l’AdN. A savoir: Liège, Namur, Charleroi, Tournai, Mons, Andenne, Marche-en-Famenne, La Louvière, Herstal et Waterloo. Les contacts avec Liège et Mons seraient déjà “bien avancés”…

Autres interlocuteurs prioritaires avec lesquels LetsGoCity tentera d’arriver à un accord: les intercommunales gestionnaires de zonings industriels (un projet concernant le parc Crealys pourrait par exemple bientôt voir le jour via le BEP) mais aussi les universités…

Côté (semi-)privé, le Val Benoît est également devenu l’un des premiers partenaires fournisseurs de micro-services. Il est donc possible d’intégrer le service d’information de ce site (agenda d’activités et toute autre information publiée) sur l’écran d’accueil personnel de son appli Wallonie en Poche. Comme pour les communes partenaires, l’insertion peut se faire via scanning d’un code QR. Les collectivités, commerçants, acteurs publics ou privés de tous poils (cultures, éducatifs…) qui deviendront partenaires auront en effet droit à un code QR qu’ils pourront apposer à tout endroit jugé opportun, prêt à être flashé par les usagers de passage.

Multiplier les (micro-)services

Pierre Labalue, co-fondateur et directeur de LetsGoCity, se donne pour objectif de pouvoir proposer au moins 30 micro-services via Wallonie en Poche d’ici un an.

Parmi ses prochains objectifs prioritaires, citons les horaires des divers opérateurs de transport public ou encore les données touristiques via une intégration à la base de données Pivot du Commissariat au Tourisme. “Mais tout”, ajoute-t-il, “est envisageable. Des applis de relevé d’eau ou d’électricité, des applis de parking intelligent, d’informations de type dossier médical, d’informations sur le lieu d’hébergement des seniors de sa famille, une appli de vélos partagés…”

Gratuit pour le citoyen

La solution Wallonie en Poche sera gratuite pour le citoyen. La rentabilisation sera assurée via contrats avec les fournisseurs de micro-services, tant privés que publics. Si l’on prend l’exemple d’une commune, le tarif appliqué par LetsGoCity variera, selon l’importance de la commune ou ville, entre 300 et 1.000 euros par mois. “Un prix”, tient à explique Pierre Labalue, “qui englobe la diffusion de ses informations, son branding (l’identité visuelle de ses services sera respectée), la mise à disposition des QR codes, différents services tels que la fourniture de données pré-anonymisées, ou encore la perspective de pouvoir envoyer un volume illimité de messages et notifications à leurs citoyens.” Ces derniers, bien entendu, peuvent filtrer les messages selon leurs préférences, histoire de ne pas être inondés.

A cela s’ajoute encore, pour les communes, la possibilité de demander à LetsGoCity le développement de (micro-)services spécifiques (qui ne seront donc pas mutualisés avec les autres communes). C’est déjà le cas à Houffalize qui proposera bientôt un service d’inscription pour l’enlèvement des encombrants à destination spécifique des personnes à mobilité réduite.