MeusInvest: “garder notre rythme de croisière”

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Par · 12/09/2017

MeusInvest parle d’une “année exceptionnelle” pour son exercice 2016-2017. Elle confirme une focalisation sur 5 secteurs prioritaires: le numérique, les biotech et les sciences du vivant, l’industrie 4.0, l’agro-alimentaire de qualité, et l’immobilier (industriel ou non).

Quelques chiffres?

  • 87,6 millions d’euros: total des décisions d’investissements prises pendant l’année; soit “dix fois plus qu’il y a 10 ans” et, surtout, une moyenne annuelle qui dépasse les 70 millions depuis 5 ans
  • nombre d’interventions décidées: 179
  • 407 sociétés en portefeuille, dont 250 par le biais d’une prise de participation au capital
  • Entrées au capital en 2016-2017: 75 dossiers pour un total de 38 millions d’euros ; interventions sous forme de prêt: 102 dossiers pour un total de 48 millions ; leasing: 2 dossiers représentant une valeur de 0,9 million.

Autre paramètre pour une analyse de la situation de MeusInvest: “nous avons désormais plus de sociétés qui entrent en portefeuille, chaque année, que de sociétés qui en sortent.” Score pendant l’année écoulée: 48 entrantes contre 26 sortantes.

Ce qui ne veut pas dire que MeusInvest soit fâchée avec les exits. Elle en a d’ailleurs réalisé quelques-unes de belle facture (IP Trade- rachetée par BT, Produweb, Ampacimon, CE+T Technics…). Tout récemment, elle en ajoutait une autre dans le monde des fintech: Gambit, auteur de logiciels de conseil automatisé en placements, qui vient d’être racheté en ce mois de septembre par BNP Paribas Fortis).

Gaëtan Servais (MeusInvest): “Une invest doit certes être profitable mais ne doit pas pour autant viser une rentabilité élevée. Son but est surtout de créer de la valeur pour sa région.”

Les indicateurs sont, non seulement au vert, mais représentent un résultat supérieur aux objectifs qui avaient été fixés dans le Plan stratégique 2016-2020. Que prévoit-il? Notamment plus de 50 millions d’euros d’investissement par an dans l’économie liégeoise et l’accueil de 30 nouvelles sociétés dans le portefeuille. Ces balises, en forme d’objectifs à atteindre, année après année, ont notamment pour but de faire tenir le rythme, en veillant à préserver un certain équilibre entre aide à la reconversion et au déploiement d’acteurs traditionnels et soutien à la diversification dans des secteurs nouveaux, à forte croissance.

Quid de la création d’emplois? L’analyse en est faite de secteur à secteur. La progression est plus particulièrement sensible du côté biotech.

Dans le champ du numérique, il est encore trop tôt pour se livrer à un réel exercice en mode bilan, estime Gaëtan Servais, directeur de MeusInvest. L’action de l’invest, notamment via LeanSquare, est encore trop récente. En termes d’emploi, l’accélérateur affiche quelque 150 emplois au compteur, pour 30 sociétés en portefeuille. “C’est un bon début.” Mais un score qu’il faudra veiller à améliorer avec, comme objectif, de favoriser la croissance de ces jeunes pousses.

A lire dans cet autre article, un éclairage plus particulier sur les résultats mais aussi les nouvelles initiatives prises par LeanSquare, à la fois accélérateur de start-ups et fonds d’investissement dédié à de jeunes pousses “nouvelle économie numérique”…

Lors de la présentation du bilan 2016-2017 de MeusInvest, il y fut également question de gouvernance. Récemment le nouveau ministre wallon de l’Economie et du Numérique, Pierre-Yves Jeholet, avait parlé d’une nécessaire diminution du nombre d’administrateurs et sous-entendu un allègement de la structure (nombre de filiales) de l’invest. A lire dans la suite de cet article… suite réservée à nos abonnés Premium – la réaction de MeusInvest, par la bouche du président de son conseil d’administration, Jean-Michel Javaux.

Comment concilier simplicité, efficacité et complexité?

Récemment, par presse interposée, Pierre-Yves Jeholet, nouveau ministre wallon de l’Economie et du Numérique, disait son souhait de voir MeusInvest (mais il a sans doute d’autres organismes en tête également) réduire sensiblement le nombre de ses administrateurs qui, selon lui, devraient passer de 22 à 12.

Réaction de MeusInvest? Certes l’invest sera “attentive aux demandes” du gouvernement mais a déjà pris langue avec le ministre pour une petite séance de “pédagogie” et pour lui expliquer que la chose n’est pas aussi simple – ou vertueuse – qu’il n’y paraît.

Première précision de la part de Jean-Michel Javaux: “Le précédent ministre [Jean-Claude Marcourt] nous avait déjà invité à une réflexion pour limiter le nombre d’administrateurs. Pierre-Yves Jeholet semble vouloir aller plus loin.

Il faut toutefois se rendre compte que, par le seul nombre de partenaires de MeusInvest, nous arrivons déjà à 13 unités. MeusInvest, dans son CA, a réalisé un équilibre, permettant aux différentes parties prenantes – secteur public, industrie, patronat, syndicats, banques… – d’être présentes. Le facteur représentativité est important. Il fait l’une des forces du conseil d’administration et du comité de direction de MeusInvest. Il faut préserver cette “union sacrée” des acteurs qui fait notre particularité.”

Pour aller dans le sens souhaité par le gouvernement, il faudra donc faire preuve de “créativité”. “Par exemple, prévoir une tournante, comme nous le faisons d’ailleurs déjà pour les partenaires bancaires: un représentant d’une banque [sur les 4 ayant signé un partenariat avec l’invest] siège pendant un an au CA [avant de céder sa place à un concullègue].”

Quid d’une éventuelle “simplification” structurelle via disparition ou fusion de filiales?

La manière dont MeusInvest s’est organisé et structuré, notamment au cours de ces dernières années, montre en effet une multiplication des filiales et véhicules d’investissement – vous en trouverez le détail sur le site de l’invest. “On ne rejette pas l’idée de fusionner des filiales qui pourraient travailler ensemble mais il y a aussi la réalité. Certes, nous avons beaucoup de filiales mais elles sont justifiées. Soit parce qu’elles s’adressent à un domaine d’intervention bien spécifique, avec des partenaires que l’on ne retrouve pas dans d’autres axes. Soit parce qu’il est nécessaire de créer des véhicules spécifiques, par exemple pour être les réceptacles des fonds européens.”

Jean-Michel Javaux tient en outre à signaler qu’il n’y a pas multiplication des administrateurs en raison de cette structure avec de multiples filiales. “Même si certains administrateurs de MeusInvest se retrouvent au CA de filiales, il n’y a pas pour autant un salaire, pas un jeton de présence de plus…”