Si le numérique devient une thématique majeure pour le quotidien de ses membres, il laisse également sa marque dans le profil-même des sociétés qui rejoignent le Pôle de Compétitivité Skywin ainsi que dans les activités qu’il déploie au bénéfice de ses adhérents.
A l’origine, Skywin fut l’affaire de grandes sociétés – Spacebel, Sonaca, Sabca.… Mais au fil du temps, surtout au cours de ces 4 ou 5 dernières années, la proportion de PME s’est accentuée. En nombre, elles sont désormais majoritaires (en nombre).
Récemment, quelques start-ups ont également accroché le wagon. On peut par exemple citer Esnah (applications mobiles pour pilotage d’avion), AnyShape (fabrication additive) ou encore… l’agence de digital marketing Big Bad Wolf, spécialisée dans ce qu’on pourrait appeler le marketing assisté par réalité virtuelle et/ou augmentée.
Autre phénomène: les PME membres s’investissent de plus en plus dans des projets de recherche. En 2015, 9 des projets approuvés étaient par exemple portés par des PME et la répartition grandes entreprises/PME est désormais de l’ordre du 50/50. Voir le petit portrait, chiffré, de Skywin en fin d’article.
La raison? “Une augmentation des cadences et la nécessité de produire plus et mieux” qui impose de recourir à de nouvelles technologies et/ou nouveaux procédés. On en revient à ce qu’Etienne Pourbaix, directeur de Skywin, expliquait dans le premier volet de cette mini-série d’articles: la numérisation, la gestion des “data”, entre autres, devient un passage obligé pour la compétitivité, voire la survie-même des acteurs locaux.
Autre caractéristique de nombreux nouveaux membres: ils ne sont pas des “pure players” du secteur spatial ou aéronautique mais en ont fait un de leurs axes d’activités ou désirent mieux connaître cette cible commerciale (existante ou potentielle). “Les nouveaux membres que nous avons accueilli en 2016 sont généralement des sociétés venues du secteur des services, tels que la gestion de qualité, les tests, les développements logiciels, ou des sociétés en phase de redéploiement industriel, de diversification.”
Parmi les derniers adhérents: Solvay qui, suite à l’acquisition de Cytec, société américaine spécialisée en composites pour le secteur aéronautique, espère ainsi se familiariser avec ce domaine et, qui sait?, préparer une activité de R&D en Wallonie.
Désormais incontournables drones
Le phénomène des drones relève-t-il du champ de vision et d’action du Pôle Skywin? Impossible en tout cas de snober cette vague naissante. Certes pas pour s’intéresser aux drones de course ou aux petits engins à usage privé voire amateur mais plutôt parce que les modèles un rien sophistiqués sont bel et bien une nouvelle donne avec laquelle compter dans le domaine aéro.
Les drones. Tout un champ d’applications potentielles… Ici pour l’observation et l’analyse agricoles
Skywin a donc décidé d’y accorder une attention même si cette thématique n’a pas été promue “axe stratégique”. “Nous avons préféré l’intégrer à deux de nos axes stratégiques existants, à savoir les systèmes embarqués et les applications à vocation aérospatiale”, souligne Etienne Pourbaix. La thématique est en effet vue comme un domaine d’activités, une sphère de compétences et de solutions, complémentaire de l’existant.
Pour l’heure, de toute façon, aucun acteur local, positionné sur le créneau des drones, n’a encore pris de réelle envergure. “Le créneau demeure encore très peu mature”, estime Etienne Pourbaix.
“Les sociétés sont de toute petites structures, d’une ou deux personnes.”
Toutefois, des initiatives ainsi qu’un début de filière se font jour. Par exemple par le biais de Drone Valley, à Libramont, ou de l’école de formation EspaceDrone, basée à Corbais, à proximité de Louvain-la-Neuve.
Et ce qui est en jeu, évidemment, c’est l’utilisation potentielle des drones pour la production de données d’observation de la terre et tout le champ encore largement vierge de nouvelles solutions à développer (logiciels, capteurs…).
Preuve de l’attrait qu’exerce ce thème sur les acteurs et entrepreneurs locaux: 3 des 9 nouveaux membres ayant adhéré à Skywin en 2016 sont actifs dans le domaine des drones.
Sensibiliser et former
Skywin propose régulièrement des sessions d’information et de sensibilisation aux nouveaux procédés et technologies. Notamment via des ateliers organisés en collaboration avec Agoria Wallonie dans le cadre du programme “Made Different”. Exemples de thématiques abordées: l’“industrie 4.0”, la fabrication additive, la réalité augmentée… et, en transversal, le défi des nouvelles compétences requises.
Objectif: sensibiliser, évangéliser, former, préparer les membres à des concepts et technologies sur lesquels ils ne pourront plus faire l’impasse à l’avenir.
Signalons au passage que le programme Made Different va bien au-delà de sessions d’informations. Il s’agit d’accompagner les entreprises, de les guider dans la modernisation (numérisation) de leurs processus. Avec, en guise d’aiguillon, un concours qui récompense les meilleurs élèves, les industriels qui ont mis en pratique un ou plusieurs ingrédients de l’“industrie 4.0”. La Flandre, en la matière, a pris une belle longueur d’avance…
En Wallonie, au niveau du secteur aérospatial, la mécanique doit encore réellement être lancée – à l’exception de quelques bons élèves. “Des audits en entreprise sont proposés. Gratuitement”, indique Claudine Bon, directrice adjointe de Skywin, en charge du volet Projets et formations.
Ces audits, d’une demi-journée ou d’une journée, sont financés par Agoria et les Pôles. “Des ingénieurs rencontrent les dirigeants des entreprises, analysent leur fonctionnement, rédigent un rapport avec des conseils sur les étapes à franchir.” Par la suite, pour la phase de mise en pratique, quelques subsides régionaux sont encore possibles…
Mais pour l’heure, parmi les 30 sociétés potentiellement intéressées qu’a listées Skywin parmi ses membres, seulement 4 ont saisi cette opportunité.
Autre activité organisée par Skywin: des “tables technologiques” destinées à “inciter les membres à innover”. Exemples de thèmes abordés cette année: l’industrie 4.0, la fabrication additive.
Lors de ces rencontres, au-delà d’exposés sur des thématiques innovantes, un espace important est ménagé pour les témoignages et les rencontres avec un expert – industriel ou académique. “Elles sont généralement suivies d’un temps de brainstorming. Les membres peuvent ainsi échanger entre eux sur les problématiques posées. C’est aussi un moment idéal pour envisager de possibles collaborations entre membres, sur des projets concrets.”
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SkyWin en quelques chiffres
- date de création: 2006
- actuellement 152 membres, dont une centaine de PME ; 9 nouvelles PME se sont fait membres en 2016
- chiffre d’affaires cumulé des membres, en 2016: 1,6 milliard d’euros (1,350 en aéronautique ; 250 millions en spatial) ; 90 % de ce chiffre d’affaires global est réalisé à l’exportation
- emploi cumulé des membres, en 2016: environ 7.000 personnes (en progression de 15% sur une période de 10 ans) ; répartition: quelque 5.500 emplois industriels directs en aéronautique, plus de 1.500 en spatial
- nombre de projets de recherche (2006-2017): 72 ; répartition: 43 en R&D, 19 en investissements, 10 en formation
- budget global de ces projets de recherche: 225 millions d’euros. [ Retour au texte ]
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