EON Reality à Liège: bouillon de talents AR/VR?

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Par · 24/08/2017

Début juillet, alors que l’encore ministre de l’économie Jean-Claude Marcourt avait encore la main sur son maroquin, le gouvernement wallon annonçait l’établissement à Liège, sur le site encore en cours d’aménagement du Val Benoît, d’un centre de formation et de développements dédié à la réalité augmentée ou virtuelle (AR/VR).

Le partenaire commercial choisi est la société californienne EON Reality, spécialisée en développement et valorisation de solutions AR/VR.

Objectif du gouvernement wallon: dédier une partie des activités et de l’espace du Val Benoît à la genèse d’un écosystème régional AR/VR, secteur créatif et porteur d’emplois et d’innovations.

Pour EON Reality, qui dispose déjà d’un réseau de sites similaires à travers le monde, il s’agit de créer un nouveau hub et de renforcer son maillage international.

A noter que l’“Interactive Digital Center” (IDC) de Liège aura un rayonnement dépassant largement les limites de la région puisque son champ d’action – et de chalandise – couvrira non seulement la région wallonne mais l’ensemble de la Belgique et, par-delà nos frontières, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche.

Inauguration d’ici fin de l’année

EON Reality Belgique et son IDC devraient ouvrir leurs portes d’ici la fin de l’année, éventuellement dès le début décembre.

Une implantation sur le site du Val Benoît dont voici la maquette virtuelle. (Source: SPI)

Un appel à candidatures pour staffer le nouveau centre sera bientôt lancé (courant septembre). Postes à pourvoir: direction générale, business development, postes de développeurs et de graphistes.

Dans le même temps, la société jettera les bases de l’école AR/VR qu’elle abritera et animera (plus de détails ci-dessous). Les formateurs viendront des rangs d’EON et, éventuellement, d’écoles de la région.

Ambition affichée par EON – et but recherché du côté des autorités régionales: créer 200 emplois, directs ou indirects, dans un délai de 5 ans. A noter qu’EON compte engager elle-même de 40 à 50% des personnes formées au sein de son espace de formation.

L’effectif d’EON inclura aussi bien des formateurs que des commerciaux, chefs de projet, développeurs, créateurs de contenus… ou encore des personnes “capables d’accompagner les équipes des clients et d’évangéliser les technologies AR/VR.”

Trois activités

Formations certifiantes. Espace pour développements de produits, projets et solutions. Espace-vitrine pour la promotion des technologies AR/VR et l’évangélisation des (futurs) utilisateurs.

Tels sont les trois axes d’activités autour desquels s’articulent tous les IDC d’EON Reality de par le monde. Celui de Liège ne fera pas exception. Découvrez-en tous les détails dans la suite de cet article réservé nos abonnés Premium.

Commençons par l’“école EON”, fer de lance de la stratégie de la société qui voit dans cet espace de formation “l’indispensable structure pour la création d’emplois futurs, les territoires locaux n’étant pas capables de fournir les compétences nécessaires au secteur AR/VR”, déclare Hervé Leborgne, directeur commercial chez EON France

“Nous leur assurons la création des compétences technologiques et créatives nécessaires, des formations à la fois aux technologies et aux méthodes de travail.”

Cet espace de formation à l’AR/VR formera toutes sortes de profils, “à commencer par ceux qui sont les plus demandés dans le secteur: artistes-graphistes (2D/3D), développeurs et créateurs de contenus AR/VR, techniciens aptes à travailler avec un large panoplie de matériels disponibles sur le marché – depuis les casques VR jusqu’aux systèmes immersifs du genre iCube ou iDome…”

Qui seront les élèves? D’où viendront-ils? “Nous visons des jeunes – depuis le bac jusqu’à l’université”. Parmi les “qualités” requises pour espérer intégrer l’école: “démontrer une passion pour le développement de code, une volonté d’intégrer le monde de l’AR/VR, des aptitudes en matière d’animation de contenus, de gestion d’équipe et/ou de projet…”

Quel sera le programme, le contenu des formations? “Nous sommes encore en train d’y travailler, en liaison avec le ministre de l’Education [lisez: le ministre de l’enseignement supérieur en Communauté française, Jean-Claude Marcourt] afin d’insérer le programme dans le cursus belge”, déclare Hervé Leborgne.

La formation, en tout cas, durera 10 mois, dont 4 de théorie et 6 de pratique. En l’occurrence, “du travail sur des cas concrets, des proofs of concept, des idées de conception qui, souvent, émanent d’ailleurs des élèves eux-mêmes mais qui doivent correspondre aux besoins du territoire.” La “philosophie” de ces cas concrets, elle, “demeure toujours scolaire, et non business.” Autrement dit, il n’y aura pas ou pas forcément de cas concret commandité par un tiers commercial.

Quels débouchés pour les personnes formées? EON Reality compte engager elle-même “de 40 à 50% des jeunes ainsi formés.” Les autres prendront la direction de “start-ups de l’écosystème wallon ou de grandes entreprises.” Que ce soit en Wallonie ou ailleurs puisque, pour rappel, le rayon d’action de l’IDC liégeois couvre 4 pays.

Deux remarques importantes à cet égard: les cours se donneront en anglais et il n’y aura, au sein de la future école, aucun quota de places réservé pour une quelconque nationalité.

Vitrine et studio

Les deux autres pôles d’activités de l’IDC d’EON Reality sont un showroom et un studio de développement.

Le showroom a pour vocation de servir de vitrine technologique, pour “évangéliser” l’AR/VR. “On y trouvera une centaine de technologies, depuis des téléphones portables et des tablettes jusqu’à des casques immersifs de différentes marques (HTC, Vigo, Oculus, Microsoft Hololens…) mais aussi des systèmes immersifs plus évolués tels que des ICubes et iDomes. Les équipes commerciales d’entreprises, par exemple, pourront venir s’y mettre à niveau – tant en termes de technologies que d’usages”, explique Hervé Leborgne.

Le studio de développement, pour sa part, sera dédié au développement d’applicatifs et à du travail sur-mesure à la demande du client.

Charité bien ordonnée commence par…

Dans le chef de la Région, s’appuyer sur un acteur spécialisé en AR/VR a du sens dans la mesure où cela lui donne accès à des compétences technologiques, des ressources humaines et des méthodes de formation et de développement déjà éprouvées et reconnues. En créant ce qui pourrait être assimilé à un centre de compétences (à intérêts privés/publics partagés), le but est de donner un coup de pouce aux compétences AR/VR dont ont et auront besoin les acteurs privés et publics locaux, qu’il s’agisse de start-ups, de PME, de grandes entreprises, d’acteurs culturels…

Pour EON Reality, l’investissement n’est évidemment pas dénué d’intérêt (commercial). Derrière l’argument de la formation et de la création de compétences “dont les territoires locaux sont démunis en matière d’AR/VR” se profilent bien entendu le désir et l’ambition de prendre pied sur un marché, de se donner une image positive, participative, de séduire des clients (privés ou publics) et d’auto-alimenter ses besoins en compétences, profils et ressources humaines.

Son département de formation, où elle se réserve de “40 à 50%” des jeunes formés, lui permettra d’effectuer un recrutement quasi endogène. De quoi staffer son propre département de production ainsi que les équipes chargées de commercialiser ses solutions (vendues soit sous nom propre, soit en marque blanche).

Secteurs prioritaires d’EON? L’aéronautique, l’énergie, l’industrie traditionnelle (mécanique, logistique), la construction, le secteur ludo-éducatif (edutainment ; par exemple via la production de jeux sérieux) et le monde de l’éducation (production et accompagnement des établissements d’enseignement à l’utilisation de technologies et solutions AR/VR dans le cadre de leurs propres cursus).