e-santé: projets académiques et interop à Bruxelles

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Par · 28/04/2017

Une ambition stratégique dans le domaine des nouvelles technologies vaut bien qu’on y consacre un chapelet d’événements. C’était le cas de la “Semaine de l’e-santé” qui a démarré ce 24 avril en Région bruxelloise, pour se clôturer ce vendredi 28 avril.

Nombre de responsables locaux y sont allés de leur bilan et chiffres. Soulignant aussi, comme l’a fait Didier Gosuin, ministre bruxellois chargé de l’économie, que le paysage bruxellois s’est lancé dans un exercice de structuration et de rationalisation. La “plate-forme e-santé.brussels”, par exemple, veut unir dans une même dynamique les différents acteurs publics (gouvernement régional, Abrumet, Agoria, innoviris.brussels, lifetech.brussels, PAQS- Plate-forme pour l’Amélioration continue de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients) afin “d’accélérer la mise à disposition de solutions et d’innovations technologiques”, notamment celles développées ou initiées par des chercheurs académiques.” L’objectif est d’accélérer la concrétisation de projets et d’objets de recherche afin qu’ils “bénéficient plus rapidement à l’économie bruxelloise, à la croissance de nos entreprises et à la création d’emplois.”

Relire notamment à ce sujet notre article “Bruxelles joue la carte de l’“union des forces vives” en e-santé”.

Voir en fin d’article quelques chiffres sur le secteur e-santé bruxellois.

Qu’en est-il sur le terrain?

L’orientation stratégique e-santé qu’a prise la Région bruxelloise (parmi d’autres) pour doper le tissu économique local porte-t-elle ses fruits? Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions définitives mais de premiers signes semblent indiquer qu’on est déjà au-delà du “frémissement”.

L’opération de transfert de l’inventivité académique vers des projets portés par des entrepreneurs semble être bien engagée. Un exemple? L’accélérateur de projets e-santé (“MedTech”) lancé en 2016 par le cluster Lifetech.brussels avait accompagné 4 projets, l’année dernière.

En 2017, ils sont 10. Et 9 d’entre eux sont issus de l’environnement universitaire.

Les germes de trois d’entre eux ont été plantés à l’UCL; 2 ont vu le jour au sein de l’ULB; 2 autre à la VUB; un 8ème à la KUL et un 9ème à la Haute Ecole ISIB (Institut Supérieur Industriel de Bruxelles/HE Paul-Henri Spaak).

Deux des 10 projets sont de nature logicielle et sont donc plus particulièrement orientés e-santé tandis que les 8 autres sont des dispositifs médicaux.

D’une manière générale, les diverses initiatives prises cette année seront placées sous le triple mot d’ordre (ou objectif) de l’accélération de 5des jeunes pousses], de l’interopérabilité et de l’internationalisation (notamment par le biais de missions à l’étranger, organisées conjointement ou non, par Lifetech.brussels, Agoria et Brussels Invest & Export).

Eviter les solutions “tour d’ivoire”

L’un des leviers de progression des initiatives, projets et développements e-santé que la Région veut favoriser à court terme est donc celui de l’interopérabilité (celle des données et celle des systèmes). Objectif: permettre aux solutions, aux dispositifs médicaux, aux applications de communiquer entre elles, que ce soit en direct (via API) ou via le Réseau Santé Bruxellois (par le biais de connecteurs). La cohérence des dossiers médicaux dématérialisés et la continuité des soins, dans tous les contextes de vie et de soins des patients, en dépendent.

“Pour éviter que chaque entreprise développe un connecteur propre à chaque hôpital ou à chaque prestataire de soins indépendant (assistant social, infirmier, nutritionniste, médecin généraliste,…) qui lui permet d’envoyer les informations qu’elle génère dans le dossier médical du patient, la Région encourage ces entreprises à créer un connecteur unique avec le Réseau Santé Bruxellois.” Avec, comme élément supplémentaire de motivation, la promesse de labelliser les entreprises qui rendront ainsi leurs solutions interopérables avec le RSB et de les mentionner sur le site e-santé.brussels.

Dans ce cadre-là, un premier appel à projets spécifiquement placé sous le signe de l’interopérabilité a été lancé. 12 entreprises et start-ups ont rentré un dossier. 7 ont été retenus et bénéficieront d’une aide, financière et technologique, de la Région pour développer un connecteur permettant à leur solution de s’enficher directement et efficacement sur le Réseau Santé Bruxellois et, de là, de communiquer avec les espaces de stockage sécurisés du RSB (“coffre-fort”) et vers les dossiers patients gérés par exemple par les hôpitaux. L’interopérabilité devient évidemment possible également avec les autres Réseaux Santé (Wallonie, Flandre), voire au-delà des frontières.

Noms des 7 projets retenus:

  • Intuitim: solution d’annotation standardisée et structurée de mammographies numériques
  • Xelink-Communicare: solution de communication patients-soignants dans le cadre de maladies chroniques
  • MoveUp: logiciel d’assistance à la rééducation physique
  • Zebra Academy: solution de télémédecine embarquée pour ambulances, pour prise en charge de patients victimes d’AVC
  • FamiDesk: plate-forme de communication sécurisée pour aidants et proches, favorisant le maintien à domicile de personnes en difficultés
  • Awell: logiciel assurant un suivi du parcours de soins via collaboration entre professionnels soignants opérant dans diverses disciplines
  • et Kisano: gestion, échanges et partage de données d’imagerie médicale dématérialisée.

Ces 7 start-ups auront droit aux services d’un développeur et d’un chef de projet qui les aideront à développer ce connecteur et à concrétiser leur projet de connexion au RSB.

Bruxelles, pôle d’attraction?

Aux dires d’Azèle Mathieu, directrice du cluster Lifetech.brussels, “60% des start-ups e-santé belges sont aujourd’hui basées à Bruxelles.”

Le sous-secteur de l’e-santé commence à représenter une composante non négligeable dans l’écosystème santé bruxellois qui est essentiellement structuré en 4 domaines d’activités (dispositifs médicaux, e-santé, pharma et services de support – production, logistique…).

L’importance de l’e-santé a doublé en l’espace d’un an, passant désormais à 8% et enregistrant une croissance de 152% du nombre de sociétés actives (source: “Economic analysis of the health sector in the Brussels-Capital Region 2004-2005”, WeConnectData/lifetech, décembre 2016).

La progression, en termes de création de valeur ajoutée brute, est de 229% en l’espace d’un an. Côté emplois créés, l’augmentation est de 39,5%. En Région bruxelloise, une entreprise active en e-santé emploie en moyenne 18 personnes, contre 29 pour le secteur pharma et 11 pour les dispositifs médicaux.

Enfin, la Région bruxelloise revendique ouvertement sa “longueur d’avance” sur les deux autres Régions du pays. Selon une étude Agoria/Sirris, “la Région compte 4,46 entreprises e-santé créées par 100.000 habitants pour 1,73 en Flandre et 1,19 en Wallonie.” [ Retour au texte ]