Carton plein pour la récente 9ème édition du forum Mind & Market, événement néolouvaniste désormais traditionnel qui fait se rencontrer start-ups ou simples porteurs de projets et professionnels, investisseurs ou simples “curieux”.
Carton plein en raison du nombre de projets que leurs initiateurs avaient décidé de venir présenter: pas moins de 120 projets, cette année. 72 d’entre eux l’ont été sous la forme de séances de “pitching” devant jury.
Pour mettre un peu d’ordre dans le foisonnement d’idées, 6 catégories de candidats avaient été imaginées (voir en fin d’article). Nous avons plus particulièrement suivi la session “Ingénieurs et Technologie” qui a vu défiler 12 porteurs d’idées ou de projets. Beaucoup d’entre eux avaient un lien avec les technologies informatiques et numériques.
Touchant à des domaines variés – depuis l’environnement jusqu’à la logistique en passant par la santé -, ils en sont à des stades variables de maturation. Mais s’il y a une impression qui s’en dégage, c’est que les potentiels d’inventivité et de différenciation de créateurs locaux n’ont pas à rougir et ont de quoi rivaliser avec ce qui se fait à l’étranger ou dans des régions considérées comme numériquement plus dynamiques.
Encore faut-il que ces idées, ces projets et ces néo-entrepreneurs trouvent le support nécessaire – pas uniquement financier ! – pour accélérer leurs développements.
Y’a de l’idée mais…
L’exemple le plus évident d’idée potentiellement porteuse mais qui risque de tourner court, pour cause d’agenda de concrétisation beaucoup trop long, était celui du projet DAI.
Porté par 3 étudiants de l’UCL, il consiste en un écran auxiliaire pour mobinautes. Un écran de format smartphone qui, composé de 4 petits panneaux reliés par des charnières, se déploie en un écran de la taille d’une tablette. Dès qu’il est déployé, ce qui apparaît à l’écran du smartphone est affiché dans une taille nettement plus grande sur la totalité de la surface du quadriptyque.
Belle idée pour gagner en confort d’utilisation sans encombrement ou poids excessif. Mais voilà, le projet n’en est encore qu’au stade de la conceptualisation. Etant encore aux études, le rythme que ses auteurs peuvent tenir est loin d’être optimal. Certains choix technologiques doivent d’ailleurs encore être faits, notamment la technologie d’écran (LCD ou OLED). Le principe des micro-charnières, lui, bénéficiera de l’expérience d’un autre projet estudiantin, qui en est pour sa part au stade de la start-up. A savoir Sunslice, le panneau pliable pour recharge énergétique de dispositifs portables.
Le premier prototype DAI ne devrait être prêt qu’à la fin… 2018. Une levée de fonds sur kickstarter est “programmée” pour 2019 afin de financer la mise en production. Autant dire que l’idée aura eu tout le temps d’être appliquée et commercialisée par d’autres. Voire d’être dépassée par les progrès technologiques… Un flagrant problème d’exécution.
Ne pas laisser de bonnes idées en déshérence
D’autres porteurs de projet ont appris d’écueils rencontrés par le passé et sont bien décidés à ne pas répété les mêmes erreurs.
Exemple, les auteurs du projet Apsis, issu du laboratoire de recherche en micro-électronique et communication de l’UCL. Le but est de mettre au point et de commercialiser un nouveau type de substrat pour les cartes intégrées aux smartphones. A base de silicium transformé, il garantira une amélioration sensible des performances des connexions, en minimisant les interactions et perturbations provoquées par les substrats classiques qui impactent les ondes.
Les développements visent ainsi à optimiser les communications à l’heure du 4G/5G et de l’Internet des Objets. Le laboratoire de l’UCL avait déjà développé une compétence dans ce domaine, lors de générations GSM antérieures, mais ses travaux et conseils n’avaient profité qu’aux constructeurs venus de l’étranger. Cette fois, l’ambition, après dépôt de brevet, est de créer une spin-off et de cueillir les fruits de la recherche localement.
La future société ambitionne de proposer à la fois des licences sur son invention, des services de consultance et de se livrer à des activités de prototypage, voire de production en petites séries. Non seulement pour les besoins de clients locaux “mais aussi à destination de marchés étrangers qui n’ont pas besoin d’une production en grand volume”, déclarait Gilles Scheen, porteur du projet et assistant de recherche à l’ICTM (Institute of Information and Communication Technologies, Electronics and Applied Mathematics) de l’UCL.
Quelques exemples encore…
Autres exemples d’idées présentées lors du forum Mind & Market par des chercheurs, étudiants ou ingénieurs?
Un dispositif de boîte aux lettres réfrigérée (“IoT Fridge Box”) connectée, à usage médical, en l’occurrence pour le dépôt d’échantillons biologiques. Doté de capteurs, il est connecté à Internet afin de communiquer avec un serveur hébergé (côté laboratoire d’analyses médicales). De quoi détecter le dépôt d’échantillons par un patient ou un médecin et envoyer immédiatement un message pour prise en charge. L’auteur imagine par ailleurs une alimentation via panneau solaire pour en garantir l’autonomie de fonctionnement (maintien de température et communication).
L’espace serait compartimenté de telle sorte à pouvoir être partagé par plusieurs labos ou cabinets médicaux.
Des capteurs et l’IoT sont également les caractéristiques d’un autre projet (de type spin-off) orienté environnement. Le but: surveiller la qualité de l’air au moyen d’un dispositif connecté.
La spin-off VocSens (en cours de concrétisation) a imaginé un panneau composé d’une série de micro-capteurs (avec revêtement par divers matériaux sensibles) pouvant identifier et mesurer les concentrations de différents types de gaz mais aussi des paramètres tels que la température et le taux d’humidité. Assemblés par juxtaposition sur une tranche CMOS, “à la manière d’une caméra environnementale” (dont chaque “pixel” correspond à un détecteur dédié à un paramètre spécifique), ces micro-capteurs constituent cette “EnviCam” d’un genre nouveau, connectée à Internet, communiquant via réseau LPWAN (SigFox ou LoRa). Ils transmettent les données en continu qui peuvent ainsi être transformées en temps réel en graphiques et courbes de surveillance.
Domaines d’application: les environnements urbains, industriels, les intérieurs de bâtiments, des stations d’épuration d’eau ou de traitement des déchets…
Le projet est né à l’UCL mais a reçu le soutien de l’UMons et du centre de recherche Materia Nova.
Dernier projet que nous mentionnerons ici: HoliFresh, une solution IoT – une de plus – mais cette fois orientée logistique agro-alimentaire. Le principe? Proposer en location des dispositifs de collecte et de transmission de paramètres sur les conditions d’un transport (maritime ou ferroviaire) de denrées alimentaires. Des capteurs (HoliTAC), installés sur les palettes transportées, envoient en continu les données environnementales collectées (température, humidité, luminosité, géolocalisation) vers un dispositif GSM, lui aussi embarqué dans le véhicule ou container de transport. A chaque étape du trajet (parfois planétaire), les données sont transférées vers un serveur central.
L’équipe qui a imaginé cette solution estime qu’elle permet une traçabilité plus précise des produits, documente chaque tronçon du trajet, impute la responsabilité à chaque intervenant et autorise une intégration plus souple et efficace des données.
Le modèle économique de la location de ces “enregistreurs GSM”, récupérables après mission et réutilisables pour d’autres trajets, limite potentiellement le coût pour les clients et affréteurs.
La start-up est en voie de création.
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Note: les 6 catégories. Etudiants-entrepreneurs ; Ingénieurs & Technologie ; IT, Web & applis ; start-ups en décollage ; développement durable, circuits courts, bio & énergie ; Vie quotidienne, sports-santé, loisirs & alimentation. [ Retour au texte ]
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