Fin décembre, l’ancien système des “primes e-business” est arrivé à échéance. Un nouveau régime d’aide, basé sur le principe des “chèques” et du droit de tirage, est officiellement entré en vigueur deux mois plus tard.
Nous vous avions déjà parlé, dans un article paru en octobre, des implications pour le financement de projets orientés numérique, pour la manière dont les entreprises peuvent les consommer et de l’impact sur le rôle et la rémunération des conseillers Rentic. Quelques zones d’ombre demeuraient toutefois à l’époque. Elles ont, en grande partie, été levées cette semaine lors du dévoilement officiel du nouveau mécanisme de chèque.
Bref rappel de ce qui avait été prévu en termes de modifications et d’évolutions touchant plus spécifiquement aux besoins IT et numériques des entreprises (pour plus de détails et d’explications relire notre article):
- la prime pour la création d’un site e-business avait été condamnée à disparaître, jugée dépassée par l’évolution (et la maturation) des technologies
- réaménagement (élagage et rationalisation) de la prime dite Rentic qui était octroyée aux PME wallonnes faisant appel à un consultant (labellisé par la Région wallonne) afin de les aider à “étudier, conseiller ou assurer la gestion, le suivi ou la mise en place de projets e-business qui contribueront à optimiser le fonctionnement, les investissements, la gestion… de la société”
- modification et réactualisation programmées (mais dans un délais légèrement plus long – dans le courant 2017) de l’agrément octroyé aux gestionnaires de projets e-business.
Ce que l’on sait désormais…
La réforme des aides aux entreprises a, selon ses auteurs, trois objectifs:
- les simplifier et harmoniser: réduction du fouillis souvent inextricable dans lequel les sociétés parvenaient difficilement à s’y retrouver et, quand elles y arrivaient, ployaient sous la complexité. Ce que rappelait Philippe Godfroid, président de l’UCM. “Une étude réalisée en 2016 a révélé que 72% des PME wallonnes ne faisaient pas appel aux aides en raison d’un mécanisme jugé trop lourd, trop lent et trop complexe”
- les centraliser: création d’un portefeuille d’aide unique, avec un seul et unique “point d’entrée” (portail électronique, relais automatique en coulisses entre les différents organismes concernés)
- les dématérialiser: introduction, traitement et suivi électroniques des dossiers.
L’octroi de ces chèques (selon leur nature) dépend de la DGO6, de la DGO4 ou de l’AWEX mais, comme indiqué ci-dessus, le demandeur ne doit plus se poser la question de savoir à qui s’adresser: le portail fait office de point de contact unique et d’aiguilleur de processus.
Quel est le prestataire pour l’émission et le paiement des chèques: sans grande surprise, dirions-nous, il s’agit de Sodexo.
The check is in… the portal
Un portail électronique a donc été développé, inspiré largement du mécanisme pré-existant pour l’octroi de chèques technologiques. Il permet tout à la fois d’accélérer la procédure d’introduction (et d’approbation) d’un dossier et d’en surveiller l’évolution au jour le jour.
Quels types de chèques?
Il y en a 11 au total qui s’inscrivent dans trois types d’intervention — formation, conseils, coaching (accompagnement) — et s’appliquent à divers stades du cycle de vie d’une entreprise — création, croissance/maturation, transmission.
Ce qui donne, selon un classement qui suit ce cycle de vie:
pour les créateurs d’entreprise et porteurs de projet:
- chèque Formation: pour l’acquisition de compétences entrepreneuriales. Ce chèque Formation sera activable à partir de juillet 2017.
- chèque Conseil: pour l’aider à mieux définir et baliser son projet, en déterminer la faisabilité et améliorer ses chances de concrétisation/rentabilisation. Activation à partir d’avril 2017.
- chèque Coaching: financement d’un accompagnement visant là encore à améliorer l’“efficacité personnelle” du créateur d’entreprise ou de l’équipe fondatrice. Activation à partir de mai 2017.
pour l’innovation:
- chèque Technologique. Activation à partir d’avril 2017.
- chèque Propriété intellectuelle. Activation à partir d’avril 2017.
- chèque Excellence opérationnelle: il s’applique aux “méthodes et pratiques visant à améliorer les performances opérationnelles de l’entreprise au service de ses clients, partenaires, employés… Fil rouge: l’innovation opérationnelle et l’amélioration continue. Activation à partir d’avril 2017. Chèque d’ores et déjà disponible.
- chèque Consultance stratégique: aide à la progression de la société mais cette fois en termes d’innovation stratégique: méthodes commerciales, marketing, design, création de nouveaux produits ou services… Chèque d’ores et déjà disponible.
Des scores de “maturité numérique” encore inquiétants du côté des PME wallonnes. Source: Baromètre Maturité numérique, AdN.
pour la transformation numérique – un axe qui remplace donc les anciennes primes e-business accordée pour le développement d’un site Internet:
- chèque Transformation digitale (d’ores et déjà disponible) qui s’applique à 4 cas d’espèce:
- audit de maturité pour une analyse des besoins en développement numérique
- audit de cybersécurité
- accompagnement à la mise en oeuvre des besoins identifiés en termes de transformation numérique
- mise en oeuvre d’une politique de cybersécurité
Les aides au développement marketing relèvent quant à elles de la consultance stratégique. Sauf pour des objectifs à l’international (voir ci-dessous).
pour l’internationalisation:
- chèque Développement international, devant couvrir des prestations telles que du conseil en matière de commerce extérieur, la mise au point d’un plan stratégique à l’international, la résolution d’un problème export ponctuel, du coaching en partenariat international, des formations linguistiques… Ce chèque Développement international peut également porter, ce qui est un rien étonnant dans ce chapitre (mais on a sans doute raisonné à la fois en termes de plus grande facilité de libération de moyens financiers et de spécificité de design et marketing pour l’international)… sur le financement de conseils en web marketing et design “nécessaires au lancement de nouveaux produits ou au lancement d’un produit existant sur un nouveau marché”.
- Activation à partir de mai 2017.
pour la transmission d’entreprise (succession ou rachat): Activation à partir d’avril 2017.
– le chèque Transmission, destiné à couvrir certains frais liés au diagnostic et à la consultance pré-transmission (calcul de valorisation, recherche de repreneur, rédaction d’une convention…).
11ème et dernier chèque (atypique par rapport à la logique des autres): un chèque Energie, devant favoriser un comportement “pérennisation énergétique” par les entreprises. Activation à partir de juillet 2017.
Montants octroyables
Pour les créateurs d’entreprise et porteurs de projet, le financement maximal sur trois ans est de 37.500 euros, consommables en une seule fois ou en étapes, au gré des besoins.
Pour les autres entreprises, le plafond est fixé à 200.000 euros (maximum admis par l’Union européenne). A consommer également en 3 ans et avec interdiction de bénéficier de plus de 100.000 euros par an.
Pour rappel, il s’agit de chèques (émis par Sodexo). La part d’intervention de la Région dans ces chèques varie selon les scénarios. Exemples?
Taux d’aide maximal que ce soit pour les jeunes entreprises (de moins de 5 ans), pour les “micro-entreprises” (moins de 10 personnes, chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros) ou pour les entreprises en “trajectoire de croissance”: 75%.
Le solde doit être financé par la société et payé à Sodexo dès l’approbation du dossier afin de recevoir le chèque.
Le prestataire, lui, qu’il s’agisse d’un organisme de formation, d’un consultant ou d’un “coach”, sera payé à l’issue de sa mission.
Veiller à la qualité
Pour éviter que les missions s’éternisent, certaines devront impérativement respecter un timing. Deux exemples: réalisation d’un audit de cybersécurité maximum dans les 6 mois suivant l’approbation du dossier, 24 mois pour la mise en oeuvre des recommandations (durée pouvant être structurée en 4 phases de 6 mois).
Si le timing n’est pas respecté, le prestataire risque de devoir dire adieu à sa rémunération. Il n’y aura certes pas de contrôle strict mais un mécanisme de vérification de la qualité de prestation sera aménagé. Ce mécanisme sera l’un des instruments de l’évaluation et de l’agrément des prestataires.
Sur quelles bases seront-ils évalués? Le canevas doit encore être défini (il le sera en cours d’année) mais il y aura sans doute évaluation à la fois quantitative et qualitative.
Côté “quantité”, l’Administration vérifiera le nombre de missions effectuées. Histoire, notamment, de vérifier que tous les consultants agréés sont réellement actifs (ce qui est très loin d’être le cas actuellement).
Côté qualité, on vérifiera la “réactivité” du prestataire, la qualité du travail presté, notamment via sondage auprès des sociétés bénéficiaires et évaluation de leur taux de satisfaction.
Que ce soit pour les consultants (Rentic) ou pour les organismes de formation, les conditions d’agrément seront “renforcées”. La nouvelle charte de labellisation des prestataires devrait être prête en septembre. Dernière petite indication concernant l’évaluation des qualités de prestation: la démarche qualité sera évaluée à la fois sur base des prestations sur le terrain et sur base de la démarche qualité que ces prestataires appliquent en interne au sein de leur propre société.
L’automne servira donc de période de validation et (ré-)agrément “afin que tout le monde soit prêt pour janvier 2018.”
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