BeMobile a jeté l’ancre à Namur, dans les locaux de Proximus (son actionnaire principal – à 60%), afin de se rapprocher d’une (future) clientèle wallonne. La société a pour l’instant initié de premiers petits projets, du côté de La Louvière ou de Mons, participé à des tests limités avec la Sofico, mais elle désire avoir davantage pignon sur rue. Histoire de mieux prendre contact avec les villes et les acteurs locaux.
“Nous parlons à toutes les villes au-delà d’un certain nombre d’habitants. Il est clair que les défis qui se posent à Liège, ne sont pas ceux d’Arlon ou de Waterloo…”, indique Philip Taillieu, co-directeur général de Be-Mobile.
Imaginer la mobilité de demain
Créée en 2006, BeMobile a fusionné 10 ans plus tard avec Flow et Mobile Four (de Proximus). L’année dernière, elle reprenait également un acteur hollandais, Flitsmeister, “le Coyote hollandais”. Aujourd’hui, la société compte 90 personnes et est implantée à Melle (son QG, près de Gand), à Bruxelles, à Veenendaal (siège de Flitsmeister) et, désormais, à Namur.
Ses solutions? Un éventail toujours plus diversifier de plates-formes et services au service de la mobilité (routes, transports en commun, parking…). A son catalogue: un planificateur de route multimodal, une plate-forme Mobigo (surveillance temps réel du trafic, informations aux usagers et aux gestionnaires de réseau routier), un système C-ITS (gestion de transport intelligent connecté)… Voir ci-dessous.
Clientèles-cible de BeMobile: les usagers de la route, les administrations, les gestionnaires du réseau routier, les constructeurs automobiles, les entreprises privées.
Les solutions que met en oeuvre ou que développera à l’avenir BeMobile reposent et combinent des données venant de sources diverses:
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Faut-il abdiquer devant le cauchemar des embouteillages?
“floating car data” (suivi du véhicule en mouvement): données générées par les déplacements des voitures tels que ceux venant des dispositifs Coyote, des GPS, des signaux telco “traçant” leur évolution
- données collaboratives (“crowdsourcing”): fournies par le service Touring Mobilis, puisées dans les échanges sur réseaux sociaux, émanant des forces de police ou des services d’urgence…
- capteurs déployés le long des axes routiers et par les gestionnaires d’infrastructures: radars, boucles inductives, parkings…
- données de diverses provenances: transports publics, voitures et vélos partagés, parking, stations-service, péages…
Exemples de solutions déjà développées?
Des solutions de gestion de parking sur voiries en centre-ville. BeMobile a décroché des contrats dans 30 villes, dont Saint-Ghislain et La Louvière. A l’exemple de ce que la start-up CommuniThings a déployé à Mons. Relire notre article.
Des systèmes de paiement: pour stationnement, utilisation des bornes de recharge pour voitures électrique, paiement de ticket de bus (un contrat a été signé avec De Lijn – projet m-Ticket). Le but est de proposer un seul système pour les divers contextes de paiement.
Des systèmes d’information temps réel aux usagers de la route. Que ce soit via les intermédiaires que sont les gestionnaires d’infrastructure (panneaux d’affichage), les stations radio (radioguidage) ou les constructeurs automobiles (affichage des informations sur le tableau de bord ou dans une appli). A l’heure actuelle, 50% du chiffre d’affaires de BeMobile est réalisé avec des constructeurs automobiles qui paient pour obtenir les informations qu’ils diffusent aux usagers de leurs voitures de marque.
Des solutions pour “véhicules connectés”. Les camions, via la très discutée solution ViaPass, en sont un exemple.
Des planificateurs d’itinéraire multimodal. Anvers a ainsi déployé la solution “Slim naar Antwerpen” qui conseille les automobilistes sur les possibilités de délestage urbain par recours à des trajets en transport en commun.
Une solution C-ITS est en cours de développement pour les besoins du Rijkswaterstaat, agence du ministère néerlandais de l’Équipement et de l’Environnement qui, en plus de ses responsabilités en matière de gestion des eaux, officie aussi pour la mobilité routière. 7.000 feux de signalisation hollandais sont désormais connectés au serveur BeMobile. A terme, il sera ainsi possible d’envoyer des messages aux automobilistes (via panneaux à affichage variable ou appli embarquée) afin qu’ils règlent leur vitesse de sorte à arriver au prochain feu lorsqu’il est vert…
Cette solution C-ITS devrait très bientôt être lancée sur le marché belge…
Scénario (pas si) futuriste
Dans une optique d’optimisation du trafic et d’intermodalité, BeMobile milite pour un croisement de données.
Voici l’exemple de scénario pris par Philip Taillieu. Il repose sur des technologies déjà existantes mais pas encore intégrées (notamment parce que les divers acteurs concernés ne partagent pas encore solutions et données)…
Un automobiliste namurois quitte son domicile en voiture à destination de Bruxelles. A peine a-t-il emprunté la E411 que sa montre connectée se met à vibrer, lui signalant un problème… qui s’affiche sur son tableau de bord. Un accident grave s’étant produit à La Hulpe, il lui est conseillé de quitter l’autoroute à Wavre pour prendre le train.
La solution lui affiche les possibilités de parking aux abords de la gare. Dès qu’il quitte sa voiture, la planificateur d’itinéraire se transplante sur son smartphone. Une fois à bord du train, il reçoit des informations pour la réservation d’un vélo partagé à Bruxelles. A l’arrivée, une carte le guidera jusqu’à son lieu de travail. Et tous les frais qu’il aura dû consentir (parking, vélo…) auront entre-temps été réglés automatiquement.
Autre scénario que BeMobile se propose de concrétiser à terme: s’appuyer sur ses solutions de paiement pour en faire des sources d’informations pour “radio”guidage. “Lorsqu’un automobiliste règle son trafic via une appli et reprend la route, l’appli peut entrer en jeu pour lui conseiller un itinéraire de retour chez lui qui le fera sortir rapidement de la ville. Par ailleurs, en analysant ses données historiques, la solution peut constater qu’il a payé pour se garer, tout au long de la semaine, dans telle zone et lui conseiller d’opter plutôt pour tel transport en commun qui l’amènera plus aisément à l’endroit en question…”
Un appel du pied
Lors de l’inauguration officielle du “bureau” namurois (voir note en fin d’article) de BeMobile, Philip Taillieu faisait un indéniable appel du pied aux acteurs, autorités publiques, gestionnaires de réseau routier ou opérateurs de transports publics régionaux afin qu’ils engagent le dialogue, ouvrent leurs données, lancent des projets “smart mobility/smart city”…
Le trafic pisté en temps réel, pour une plus grande fluidité et efficacité des infrastructure
Rien, à ce jour, n’a encore été entamé en termes de réelles négociations avec les TEC par exemple. Ou avec de nouveaux acteurs tels que NextRide, start-up qui propose une appli de gestion de transports publics.
Par contre, des contacts, initiés ailleurs dans le pays, avec des sociétés telles que Q Park mettront sans doute le pied à l’étrier de BeMobile pour de futurs projets ”smart city” en Wallonie.
Des contacts par contre ont été noués avec le bureau d’études Transitec, dans le cadre de (futurs) projets smart city à Namur.
“Nous ouvrons cette antenne à Namur par souci de proximité, pour mieux coller aux besoins de mobilité qui ne sont pas les mêmes en Flandre et en Wallonie. Mais aussi parce que nous avons besoin de compétences, d’améliorer nos technologies. Et parce que nous voulons jouer la carte de la multi-modalité, en suscitant des interactions avec les gestionnaires du réseau routier, les opérateurs de parking, de vélos partagés…”, explique Philip Taillieu.
Du côté de la Sofico, on est ouvert à propositions. Mais BeMobile devra poser sa candidature, comme tout autre acteur, en cas de projet. Un appel à projet sera d’ailleurs lancé “incessamment sous peu” pour étendre à l’ensemble des voiries relevant de la Sofico un test global de mobilité. A l’image de celui qui a eu lieu, pendant 6 mois, sur certains tronçons de la E42, entre Liège et Namur et entre Namur et Mons. Objectif: valider l’utilité d’une collecte et analyse de données venant parallèlement des capteurs et boucles d’induction et d’autres sources (applis embarquées dans les voitures, GPS…) afin de lancer des solutions de gestion de trafic temps réel et enrichir la base de données Mobilité régionale, sous l’égide de la DGO1.
Mettons le terme “bureau” entre guillemets dans la mesure où l’équipe locale sera largement virtuelle dans un premier temps puisque les collaborateurs de Be-Mobile utiliseront surtout les locaux de Proximus comme port d’attache épisodique lors de leurs passages et démarches vis-à-vis des clients, prospects et autres partenaires potentiels. Le vrai port d’attache, lui, demeure Melle, près de Gand, siège central de la société.
L’intention, toutefois, est de développer à court ou moyen terme une véritable équipe, dépassant la dizaine d’unités. [ Retour au texte ]
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