Encourager les femmes à mettre les mains dans le cambouis de l’entrepreneuriat numérique, démontrer que, moyennant encouragement et encadrement, elles peuvent concrétiser leurs idées et contribuer plus activement à la vie économique. Tel était l’objectif du récent hackathon “So féminin, So TIC” organisé par Sharify, la plate-forme Women in Business (Impulse.brussels) (1), Girleek, Inqube et Wonder Women.
(1) La plate-forme Women in Business (Impulse.brussels) orchestre une vingtaine de partenaires et a pour mission de déployer des actions de sensibilisation, de formation, d’accompagnement et de promotion d’un networking entrepreneurial. Sans oublier la promotion de la dimension du genre au sein des organismes publics bruxellois et un rôle de veille sur l’évolution de la situation.
Notons aussi au passage que Sharify avait obtenu, pour organiser ce hackathon, un subside de 5.000 euros auprès du cabinet de Bianca Debaets, dans le cadre d’un appel à projets Hackathons (deux autres hackathons aux accents féminins étaient planifiés pour décembre, en collaboration avec Amazone et Interface3.
C’était aussi un événement qui se place dans le cadre plus large d’une vaste campagne de sensibilisation des femmes à l’entrepreneuriat décidé sous l’égide du cabinet de Didier Gosuin, ministre bruxellois de l’économie. Voir plus bas.
Bien que placé sous un intitulé féminin, le hackathon était “mixte” puisqu’il n’avait nullement été réservé à la seule gente féminine. Au final, plus de 60% des 52 participants furent des femmes. Aux profils bigarrés: juristes, enseignantes, spécialistes en marketing ou business development, en ressources humaines…
Mais pas de développeuses, par contre, et pas de Web designeuses. Ce sont donc ces messieurs qui durent prêter main forte aux différentes équipes.
17 idées ont été “pitchées” le vendredi soir, dont 12 proposées par des femmes. Six équipes mixtes, dont 5 pilotées par des femmes, se sont constituées lors de ce week-end.
Les projets
Compte tenu des thèmes choisis par les organisateurs – économie circulaire et participative – , nombre de projets ont eu une touche sociétale: deux projets orientés (e-)santé, deux autres aux accents de vivre ensemble/vivre mieux, un autre encore s’intéressant aux conditions sur le lieu de travail.
Commençons par les deux projets orientés santé:
Take Care est une appli mobile qui connecte pharmacies et patients. Le principe: se faire livrer ses médicaments à domicile, sans donc devoir se déplacer jusqu’à la pharmacie la plus proche (qui n’est pas forcément de garde) et en optimisant les flux de livraison. En effet, il suffit à l’utilisateur de scanner son ordonnance. Les “commandes” sont aiguillées vers le système central qui les redispatche vers la pharmacie la plus proche (grâce à la fonction de géolocalisation du smartphone ou via l’adresse stipulée par le patient). Les médicaments sont livrés, en urgence ou dans les 24 heures, dans une boîte sécurisée. La potentielle future start-up Take Care propose, comme service supplémentaire, la reprise des médicaments périmés ou superflus, pour les introduire dans le circuit du recyclage.
Ce projet a été le plus convaincant de tous aux yeux du jury, emportant le premier prix.
DoctorMe est une appli de télé(vidéo)consultation qui permet à un médecin de poser un premier diagnostic. Pour patients pressés, flemmards ou pas très contents des prestations de son généraliste (?). En fait, l’équipe imagine surtout de proposer cette solution dans les pays en voie de développement, afin de faciliter l’accès aux soins dans des zones reculées ou manquant de professionnels de la santé.
Le deuxième prix du hackathon a été décerné au projet GiveNGet, une idée de plate-forme d’échange de services (assistance, conseils, services plus concrets) qui a recours à une monnaie virtuelle. Objectif: “favoriser l’inclusion et créer une communauté”. La monnaie virtuelle a pour principale raison d’être de permettre d’échapper à l’écueil de la taxation et de considérations de rémunération. L’équipe imagine des débouchés au niveau des entreprises, des pouvoirs locaux…
Troisième prix: Frinder. Le nom est une combinaison entre “fridge” (frigo) et Tinder. L’idée: permettre à un citoyen d’avertir son entourage (population géographiquement proche) qu’il peut venir profiter de quelques denrées, encore comestibles, qu’il s’apprête à mettre à la poubelle, par exemple pour cause de départ en vacances. Au-delà de l’économie réalisée (gâcher moins de nourriture), le petit côté social touche à la possibilité de recréer du lien et un dialogue entre personnes qui, souvent, se côtoient sans jamais se parler.
Ce projet a notamment été porté par Vanessa Davin, directrice commerciale chez Telemis et qui a par ailleurs déjà initié un autre projet de start-up – PleezMee -, projet qui a participé au dernier Boostcamp du MIC Brussels et qui vise à constituer une sorte d’album-souvenir des choses et rencontres “coup de coeur”.
Signalons encore les deux autres projets finalistes:
- HappyDemic: une application gamifiée qui encourage le renouvellement des habitudes quotidiennes de chacun sur son lieu de travail. Objectif: susciter une communauté au sein de l’entreprise, où les participants accumulent des points en réalisant de petits gestes, en installant de nouvelles habitudes qui améliorent le moral des troupes.
- BBorn: version numérique, virtuelle, du carnet de naissance. On y consigne des informations classiques (poids, vaccination, allergies…) mais aussi des souvenirs, photos, vidéos… L’appli se propose aussi de fournir des conseils aux parents.
Le contexte
A Bruxelles, la proportion de femmes parmi l’ensemble des indépendants (start-ups et auto-entreprises comprises), est quelque peu inférieur à la moyenne belge (28%) alors même que le score du reste du pays (33% en Wallonie et en Flandre) n’a rien de très reluisant par rapport à une moyenne européenne qui elle-même gagnerait à reprendre des couleurs.
Deux autres chiffres:
– taux d’entrepreneuriat féminin en Belgique: 3,1% contre 5,5% en Europe
– proportion de start-ups fondées et dirigées par des femmes: 11%, contre 13,7% pour la moyenne belge et 15% pour l’Union européenne.
Ces chiffres bruxellois sont tirés d’un “baromètre” établi l’année dernière par Impulse à la demande du cabinet Gosuin. Le baromètre sera réactualisé tous les deux ans afin de pouvoir juger de l’efficacité (ou non) des mesures d’encouragement, de sensibilisation, de formation… prises entre-temps et de déterminer si les freins habituels sont en passe d’être levés ou encore si de nouvelles problématiques ont surgi. [ Retour au texte ]
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