Voici près d’un an, un programme d’initiation à la programmation et à l’entrepreneuriat était lancé à Bruxelles (en même temps qu’à Amsterdam et à Luxembourg). A la manoeuvre: le Comptoir de l’Innovation (qui vient de se rebaptisé InCo), un organisme qui se focalise essentiellement sur la promotion de l’entrepreneuriat social (voir son bref portrait ci-dessous).
Objectif du programme: former et accompagner, au fil d’un programme court (5 semaines) des jeunes “éloignés du marché du travail”. Lisez: des jeunes (moins de 30 ans) en recherche d’emploi ou de réorientation professionnelle qui éprouvent des difficultés particulières à s’insérer sur le marché.
Partenaires du programme: Interface3 et JP Morgan.
Le Comptoir de l’Innovation
Créé en 2010, le Comptoir de l’Innovation, récemment rebaptisé InCo, est la filiale d’investissement et de conseils du Groupe français SOS. Ses activités incluent l’investissement, l’accompagnement et la promotion de l’entrepreneuriat social en France et dans quelque 16 autres pays. Un exemple plus précis: l’accompagnement de jeunes entrepreneurs sociaux afin de leur faire acquérir des compétences managériales auprès d’entrepreneurs établis.
90 jeunes
Chaque année, 45 jeunes, à former en 3 vagues, suivront un cursus de 5 semaines, orientées tant vers l’apprentissage de la programmation que vers l’acquisition de compétences plus soft leur permettant de se préparer à l’entrepreneuriat. Ils ont par ailleurs l’occasion, en fin de formation, de travailler sur un projet technique spécifique et sur un projet professionnel (ce dernier servant à déterminer leurs intentions de formation ou d’orientation à court terme).
Rôle des partenaires? La JP Morgan Foundation apporte le financement nécessaire. Les équipes de la filiale locale interviennent également en qualité de mentors, essentiellement pour l’acquisition de soft skills.
Interface3 Bruxelles est l’expert formation. “Nous avons conçu le programme. Nous nous chargeons du “recrutement” des candidats et fournissons les formateurs. Et nous accompagnons les apprenants dans le développement de leur projet professionnel”, explique Laure Lemaire, directrice d’Interface3.
Petite idée du panachage de profils des jeunes qui ont terminé leur cycle de formation? Un web designer qui voulait apprendre à coder ; une styliste qui voulait “acquérir des compétences lui permettant de lancer ou de challenger un projet de start-up“ ; un diplômé en gestion qui “a découvert que coder était devenu incontournable et qu’il en avait besoin pour créer ou comprendre un produit” ; une infographiste qui s’est retrouvée au chômage et qui, au gré de sa quête d’emploi, s’est aperçue qu’on exigeait désormais de gens comme elle d’avoir également d’autres compétences, notamment en web design…
Un parcours de 5 semaines. Apprentissage accéléré mais “suffisant pour donner une idée précise aux apprenants de l’orientation qu’ils veulent donner à leur carrière ou à leur formation plus poussée”, déclare l’une des participantes.
Le taux de réussite du premier lot de formés est de 14 sur 15. “12 d’entre eux ont un projet concret ayant un lien soit avec un projet de start-up ou un travail comme développeur”, déclare Laura Lemaire.
A noter – chose importante – que Start&Code ne propose pas un programme de formations “à l’aveugle”. Une analyse des besoins a été faite en amont, auprès de quelques grands employeurs locaux, qui définissent les principaux profils en carence. “Les formations sont dès lors orientées afin de fournir des compétences pour les postes qui sont le plus en demande”, déclare Nicolas Hazard, fondateur et président d’InCo/Comptoir de l’Innovation.
A Bruxelles, les grandes entreprises qu’InCo a sollicité pour avis sont Microsoft et Proximus. Deux “partenaires” qui n’ont pas pour autant un droit de premier regard pour le recrutement des apprenants une fois formés.
Wagon vs Start&Code ?
Tous deux sont hébergés dans les bâtiments de l’accélérateur bruxellois CoStation. Tous deux s’orientent en tout ou en partie, vers l’initiation et la formation à la programmation.
Redondance? Concurrence?
Chacun, en fait, a ses spécificités. Principale différence, soulignée par Nicolas Hazard: “Le Wagon est une initiative purement commerciale. Nous les avions contactés [à Paris] lorsque nous préparions le lancement de ce programme mais nous n’étions pas suffisamment lucratifs pour eux. Pour notre part, notre ADN est une volonté d’aider les plus fragiles, d’avoir un impact social. Cela nous a rapproché d’Interface3.”
Autre différence: le volet initiation à l’entrepreneuriat est un rien plus développé du côté Start&Code qui parie sur un équilibre entre le “start” et le “code”.
Dernière différence: le public visé. Moins “favorisé” du côté Start&Code, même si Le Wagon s’est aussi engagé dans une action à finalité plus sociale en accueillant 5 jeunes Bruxellois défavorisés dans sa dernière cohorte d’apprenants. Relire notre article “La Région bruxelloise lance un programme Smart City Scholarships pour jeunes défavorisés”
Pourquoi Bruxelles?
Le Comptoir de l’Innovation a initié ce programme d’une durée de deux ans sous forme d’un projet-pilote que l’organisme espère ainsi pouvoir reproduire sur d’autres villes et pays où il est actif – depuis Paris jusqu’à Hong King ou New Delhi en passant par San Francisco, Santiago ou Tel Aviv.
Trois pays “cobayes” ont été choisis : la Belgique, des Pays-Bas et du Grand-Duché et, plus spécifiquement, Bruxelles, Amsterdam et Luxembourg.
“Nous avons choisi ces pays parce que c’est là que le problème d’inadéquation entre l’offre et la demande d’emplois est le plus prononcé, où le dynamisme économique, pourtant présent, n’est pas rencontré. Manque de talents, chômage important… Or, il manque peu de choses, juste une petite brique qui n’est pas difficile à mettre en place”, indique Nicolas Hazard.
“Nous avons choisi Bruxelles parce que c’est l’un des lieux où le problème d’adéquation offre-demande de compétences se pose de manière aiguë.”
En Belgique, le premier contact pris l’avait été avec le fédéral mais qui il ne s’est pas montré réellement réceptif. Les responsables de Comptoir de l’Innovation se sont alors tournés vers Bruxelles où l’accueil fut plus positif tant au niveau de la Ville que de la Région.
“Les autorités locales nous apportent leur soutien, via un apport en nature”, explique Nicolas Hazard.
Le projet en cours servira de pilote et à “démontrer quelques bonnes pratiques propres à inspirer d’autres décideurs.”
Les contacts avec le fédéral ne sont pas rompus “mais ils demeurent méfiants et veulent d’abord entendre en quelque sorte le langage de la preuve en termes d’impact social…”.
Quid du côté wallon? Des contacts ont également été établis et sont “bons”, laissant augurer d’ouvertures possibles. Mais Nicolas Hazard n’en dira pas plus.
Il tient par contre à souligner que l’initiative Start&Code se veut flexible dans le type de partenaire ou d’interlocuteur public qui est sollicité. Si l’expérience se déroule au niveau régional chez nous, le contact au Grand-Duché est Nicolas Schmit, le ministre du Travail (national, donc). Un ministre très engagé dans l’expérience puisqu’il a contribué à en définir le cadre. Aux Pays-Bas, c’est avec la Ville d’Amsterdam qu’InCo collabore.
Dernière remarque: le type de public que vise le programme Start&Code peut varier, en demeurant toutefois dans une optique d’impact social. Si, à Bruxelles, les apprenants viennent du monde des chercheurs d’emploi en difficulté d’insertion, le programme accueille davantage des migrants à Amsterdam et des réfugiés à Luxembourg…
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