En octobre, la Wallonie a débloqué un budget de 165.000 euros pour intervenir dans le financement d’un projet initié par les Presses Universitaires Bruxelles (PUB) et qui porte sur le développement d’une “solution de syllabus électronique” destinée aux étudiants et aux professeurs de l’enseignement supérieur. Développée dans un premier temps pour l’ULB, elle pourrait devenir un instrument pour l’ensemble de l’enseignement supérieur relevant de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Objectif de cet e-syllabus? D’une part, “présenter et éditer des cours sous forme numérique afin d’offrir une approche pédagogique interactive, une plus grande diversité des supports pédagogiques et une nouvelle expérience d’apprentissage aux étudiants”.
D’autre part, “favoriser l’aide à la réussite, la mise en relation des étudiants entre eux et avec le corps académique (professeur, assistant), l’entraide, le partage, la lutte contre l’isolement, et l’équité face à la matière.”
Fonctionnalités: partage de notes de cours, annotations, contenus multimédias (vidéos, podcasts…), interactivité (du contenu et entre utilisateurs), référencement vers des sources académiques ou autres.
Le budget octroyé par la Région wallonne devrait couvrir à la fois le développement et les tests de la version bêta, son adaptation en vue d’un déploiement par les autres établissements d’enseignement supérieur de la Fédé, et les frais d’infrastructure (serveurs, réseaux).
Les initiateurs de la solution misent sur une rentabilisation de la solution via perception de revenus de licence (pays par les autres établissements), facturation (aux étudiants) de l’impression du syllabus et d’éventuels subsides.
La solution Syllabus21 est la résultante d’une étude effectuée par les PUB auprès de 1.431 étudiants de l’ULB – plus 27 professeurs et quelques assistants. Elle a porté sur “les attentes des étudiants et des enseignants au sujet de leurs besoins, comportements, usages et pratiques en matière d’apprentissage.”
Sam Zylberberg (Presses Universitaires de Bruxelles): “Le syllabus électronique a pour but de promouvoir la diversité des supports pédagogiques mais l’espoir est aussi de mieux lutter ainsi contre l’isolement de plus en plus perçu par les étudiants, dans les amphithéâtres. Certains étudiants sont marginalisés, se sentent exclus, n’osent pas poser des questions, n’ont pas accès aux notes de leurs condisciples. Le syllabus électronique doit favoriser une systématisation du partage.”
Le développement de la solution, disponible sur ordinateur (Mac et PC), tablette et smartphone, a débuté cet été. Elle est actuellement testée, pendant les deux premiers quadrimestres de l’année académique (2016-2017), dans le cadre de 9 cours donnés à l’ULB (sciences, médecine, droit, langues, zoologie…).
S’ensuivra une évaluation qui permettra de procéder à des adaptations ou ajouts de nouvelles fonctions (selon le type de retour reçu des premiers utilisateurs). Etape suivante – si tout se passe bien, à partir de la prochaine année académique: une extension à d’autres cours et une possible généralisation à l’ensemble de l’enseignement supérieur.
Repenser le “dynamisme” du syllabus
Pourquoi ce développement alors que d’autres plates-formes d’e-learning et de gestion LMS existent déjà? Quels besoins, identifiés lors de l’enquête auprès des étudiants de l’ULB, n’étaient pas déjà couverts par d’autres solutions?
“L’un des besoins majeurs était le partage direct de notes avec les condisciples, la possibilité de moduler le contenu, d’ajouter divers contenus multimédias”, souligne Sam Zylberberg, responsable du développement des PUB.
La solution intègre donc un certain nombre de fonctionnalités que l’on ne retrouve pas forcément (du moins pas sous cette forme et selon les modalités choisies) dans les autres systèmes existants.
Exemple: le système d’annotation et de commentaire.
Les documents sont proposés sous format PDF. Les annotations (texte simple ou formules – ces dernières via le langage LaTex optimisé pour l’affichage de formule mathématiques), et les opérations de surlignage ou d’ajout de contenus (images, audio, vidéos, graphiques, podcasts), s’opèrent via une fonction de calques transparents qui conserve l’intégrité du fichier PDF de départ tout en lui superposant le contenu nouveau, personnel de chaque utilisateur.
Les modifications apportées sont stockées sur le système de chaque utilisateur. L’intérêt est double: pas de modification du fichier d’origine, qui demeure exploitable dans sa forme initiale, par tous les utilisateurs ; accès et utilisation du contenu “enrichi” que ce soit en mode connecté ou off-line.
Le principe des “calques” peut aussi servir de masque virtuel, permettant à chaque étudiant personnaliser son contenu (ou du moins son affichage) en masquant par exemple certaines parties du syllabus…
Un petit goût de réseau social
Une fonction partage d’annotations et commentaires est activable en option, permettant, au cas par cas, de partager ses notes, de consulter celles des autres – en tout ou en partie, vers un groupe déterminé de destinataires ou non.
Qui dit échange de commentaires entre pairs dit aussi risque d’erreur. Un commentaire d’un étudiant n’est pas forcément correct. D’où une fonction de “ratification”. Ici, le système applique le principe désormais classique de l’attribution d’étoiles. Les membres de la communauté – c’est-à-dire les étudiants mais aussi les assistants et les professeurs – jugent la qualité des modifications et les “meilleures” (plus hauts scores) sont affichées en priorité.
S’ils sont jugés pertinents, les annotations et enrichissements partagés par les étudiants peuvent se retrouver intégrés à même le syllabus. Chaque étudiant qui consulte les ajouts de ses condisciples peut choisir de les intégrer ou non à son propre syllabus, à l’endroit choisi ou à un autre.
De même, les ajouts les plus “populaires” peuvent être intégrés au syllabus commun par le professeur ou l’assistant.
L’outil électronique permet en outre de dégager des conclusions intéressantes pour la qualité des cours ou des contenus proposés. Comment? Tout simplement en s’appuyant sur les statistiques d’accès, de remarques, ajouts, commentaires: “les statistiques permettent aux utilisateurs de voir quelles sont les parties les plus commentées, les plus soulignées…”
Notons au passage que l’accès au système et aux documents du syllabus se fait sur base de l’identifiant de l’utilisateur (à l’ULB, cela consiste en un mot de passe et son numéro matricule), ce qui permet d’élaborer une politique de droits d’accès en fonction de son statut (étudiant, professeur ou assistant).
Le côté communautaire et social de la solution permet non seulement de partager et de coter des commentaires mais aussi de poser des questions aux condisciples ou au corps enseignant.
Evolutions programmées
Signalons encore quelques fonctions:
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La fin du syllabus papier? Pas pour tout de suite. L’impression demeure un “service” proposé et les usages des uns ne seront pas ceux des autres…
table des matières interactive, navigation par liens internes
- recherche en texte intégral
- bibliographie interactive via référencement à des articles en-ligne ou au catalogue bibliographique de l’établissement (CIBLE+ dans le cas de l’ULB)
La solution devrait encore hériter de nouvelles fonctionnalités à l’avenir, notamment un volet exercices, qui devraient pouvoir prendre diverses formes (quiz, QCM, questions des années précédentes). Ce module autorisera la correction des réponses et l’insertion, dans la correction, de renvois vers la matière pour contextualisation.
Si le but est de généraliser cette solution de syllabus électronique – le financement du gouvernement wallon a été accordé dans cette optique -, aucun contact formel n’a encore été pris en ce sens. “Nous attendons les résultats du test avant de communiquer et de le proposer à d’autres”, indique Sam Zylberberg. Ces “autres” pourront être aussi bien des universités que des Hautes Ecoles et, “potentiellement, moyennant quelques adaptations”, des établissements d’enseignement secondaire.
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