LetsGoCity, start-up liégeoise incubée au VentureLab de HEC-ULg, se lance dans le bain de l’e-citoyenneté et de la mouvance des cités connectées, en se proposant de simplifier la vie du citoyen qui désire obtenir un maximum d’informations pertinentes sur l’actualité et les services locaux qui l’intéressent. Et ce, sans être noyé, voire perdu face à la masse d’applis et de flux qui augmente de jour en jour.
En un mot: LetsGoCity est une solution qui veut jouer le rôle de portail personnalisable selon les préférences et pôles d’intérêts du citoyen, dans le cadre de son contexte quotidien.
La solution est encore actuellement en phase-pilote. Si elle est d’ores et déjà opérationnelle sur l’ensemble du territoire wallon (grâce à la somme d’infos locales que procurent déjà ses premiers partenaires – voir ci-dessous), il lui faut encore “améliorer la qualité de la présentation et le volume de données disponibles”, souligne Gilles de Stexhe, l’un des deux fondateurs. La start-up compte sur les citoyens de deux communes-pilote ainsi que sur une remontée d’informations des utilisateurs pour affiner et compléter son catalogue de sources d’infos.
“Mon quotidien à moi”
“La solution telle que nous l’avons conçue est le fruit d’une longue réflexion sur les besoins réels des citoyens”, explique Pierre Labalue, autre co-fondateur de la start-up. “Nous sommes partis de plusieurs constats: essor de la mobilité, dans toutes les catégories sociales et d’âge, multiplicité d’applis mobiles et de flux d’infos en tous genres – sur les parkings, les programmes cinéma, les programmes de fidélité clientèle, les infos touristiques, les applis de rappel de rendez-vous, de signalement d’incivilités, les solutions basées sur beacons, etc. etc.
Pierre Labalue (LetsGoCity): “La confusion provoquée par la multiplicité de l’offre et les désillusions face à une utilisation déficiente risquent de mettre à mal les écosystèmes locaux.”
Cela crée de la confusion dans l’esprit des utilisateurs mais aussi des acteurs économiques. Toutes ces applis sont-elles viables à long terme? Cela vaut-il la peine de les télélécharger, d’encoder ses données? Quelle est leur interopérabilité? Sont-elles transposables à ma région ou dois-je télécharger plusieurs applis similaires selon l’endroit où je suis, avec l’obstacle de modes d’utilisation différents? L’appli est-elle aussi exploitable sur desktop?
Nombre d’applis, notamment celles développées spécifiquement par une commune, sont délaissées, peu utilisées. Ce qui provoque la désillusion des édiles. Les expériences décevantes provoquent de la réticence à imaginer de nouvelles solutions.”
Autre problème: un utilisateur, généralement, n’utilise réellement de manière régulière qu’une dizaine d’applis. “Et une bonne part sont des applis globales, du genre Google ou Facebook, laissant peu de places aux applis locales qui peuvent fournir des informations réellement utiles au citoyen.” C’est contre ce phénomène de portion congrue dont doivent se contenter les “écosystèmes” locaux que l’équipe de LetsGoCity dit vouloir lutter en proposant une plate-forme la plus pragmatique et personnalisable possible…
“Compagnon” au quotidien
LetsGoCity joue donc les agrégateurs d’infos, flux et services locaux. “Nous voulons être le compagnon intelligent du citoyen au quotidien. Pour cela, il faut que ce “compagnon” ressemble le plus possible à son utilisateur.” D’où le principe de la personnalisation.
Une personnalisation qui se fait à trois niveaux:
- géographie: chaque citoyen sélectionne les villes ou municipalités qui l’intéressent personnellement – “par exemple, parce qu’il y habite, travaille, y a des amis ou des membres de la famille, ou y passe ses vacances…”, explique Pierre Labalue
- pôles d’intérêt et affinités: l’utilisateur choisit ses thèmes locaux privilégiés (actualités, tourisme, shopping, vie culturelle…)
- le quotidien: sélection des sources d’informations-service (ramassage de poubelles, infos de l’école des enfants, horaires de bus, de cinéma…); ces infos sont notamment fournies via alertes et messagerie instantanée par les fournisseurs de ces services (publics ou privés).
Pour éviter l’effet “enfermement dans ma bulle”, l’appli LetsGoCity ne se contente pas de collationner les informations selon les pôles d’intérêt définis par l’utilisateur mais y ajoute aussi une fonction “découverte”, qui “pousse” dynamiquement du contenu local, de manière aléatoire, pour inspirer potentiellement de nouvelles sources d’infos pertinentes.
Les communes comme partenaires-relais
Modèle économique de LetsGoCity? La solution est gratuite pour le citoyen (même si la start-up envisage de rendre payant, à terme, l’abonnement à certains services “push” – messagerie instantanée de divers services, notamment).
La rentabilité devra venir des communes, voire de certains partenaires-“contenu”. Les premières seront donc invitées à prendre un abonnement pour pouvoir “pousser” des infos et flux de services (publics) sur la plate-forme. Cette intégration de services, par l’équipe de LetsGoCity, sera elle aussi source potentielle de revenus pour la start-up.
Au-delà, les communes sont également considérées comme des intermédiaires vers les acteurs économiques présents sur leur territoire. “Une commune ayant adopté notre solution servira en quelque sorte d’aval vis-à-vis des commerçants et autres acteurs économiques que nous contacterons pour intégrer leurs propres flux et avis de services”, indique Gilles de Stexhe. Le but de LetsGoCity est ainsi de renforcer sa crédibilité auprès – par exemple – des commerçants et associations qu’elle démarchera.
Premiers partenaires
Pour alimenter sa plate-forme, LetsGoCity s’appuie sur des fournisseurs de contenus (informations) et de flux (services publics ou privés). Dans le camp des premiers, son partenaire de référence – et actionnaire (minoritaire) – est le groupe Editions L’Avenir.
Choisir les villes/communes dont on veut obtenir les infos
Autre partenaire: le Commissariat Général au Tourisme qui met la base de données touristique Pivot (open data) à disposition.
Autre fournisseur d’informations, plus orienté autorités locales: IMIO, dont la dernière version des solutions inclut la possibilité d’exploiter les open data des communes clientes. Une vingtaine de municipalités ont donc ainsi la possibilité d’injecter directement de la “matière” dans la plate-forme LetsGoCity.
Dans la seconde catégorie de partenaires, un premier accord a été passé avec un autre développeur d’appli e-citoyenne. En l’occurrence, BetterStreet, auteur d’une plate-forme de signalement et de gestion de problèmes touchant les infrastructures municipales (dépôts clandestins, dégâts de voiries, signalisations défectueuses…). L’appli BetterStreet est directement intégrée à LetsGoCity via inclusion du formulaire de signalement.
D’autres partenariats sont recherchés, avec des start-ups ou sociétés ayant développé des applis orientées e-city/e-citoyenneté. Des contacts ont par exemple été noués avec NextRide en vue d’intégrer directement leur flux d’info sur les arrêts et horaires de transports en commun.
Se laisser inspirer par la fonction Découverte
Potentiellement tout ce qui est source d’infos et de gestion d’interaction concernant la gestion de parkings peut faire figure de partenaire éventuel de la start-up…
“Nous voulons identifier des partenaires locaux: associations, clubs de sports, commerces, boulangeries…”, souligne Gilles de Stexhe. “Nous les approcherons en direct, mais après avoir tout d’abord contacté les responsables communaux qui serviront de relais.”
Les acteurs économiques qui ont développé une présence Internet (commerces, cinémas…) sont également des sources “intégrables” à la solution…
Côté plus technique, le partenaire de LetsGoCity (et, lui aussi, actionnaire depuis juin) est NRB, dont la filiale Afelio a développé l’application mobile. Civadis, la filiale de NRB active dans l’offre de solutions IT aux villes et communes, est également sollicitée, essentiellement pour faire la promotion de la solution auprès des autorités locales et amener ainsi des clients potentiels vers LetsGoCity.
Première levée de fonds
LetsGoCity a procédé, en juin, à un premier tour de table. Valeur: 300.000 euros. Intervenants: NRB et le groupe L’Avenir qui prennent à leur compte resp. 75% et 25% de cette somme. Chose importante: NRB n’a pas injecté d’argent mais a obtenu ces parts via des prestations d’Afelio (“équivalent de 300 jours/homme en développement et conseils UX” – qui n’ont donc pas été monnayées). A noter encore que les deux “investisseurs” demeurent minoritaires dans le capital: NRB détient ainsi 25% du capital ; le groupe L’Avenir, 10%.
Premiers cobayes et rêves d’extension
LetsGoCity a convaincu deux premières communes wallonnes qui jouent le rôle de bêta testeurs: Fléron et Houffalize. Le feedback des habitants permettra à LetsGoCity de déterminer quels genres de services d’informations ils privilégient, orientant ainsi potentiellement le type de partenariat que la start-up pourrait rechercher avec d’autres éditeurs d’applis.
LetsGoCity dit par ailleurs d’ores et déjà penser à étendre son champ d’action au-delà du territoire wallon. Prochaines étapes: Bruxelles et la Flandre.
Pour Bruxelles, des fournisseurs d’infos locales (actualités) et d’informations sur services publics seront recherchés. Exemple de partenaire potentiel: le portail Brussels Smart City, lui-même agrégateur de sources open data.
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