Nozon s’allie à StarBreeze pour réussir son pari PresenZ (VR)

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Par · 02/11/2016

Nozon, société bruxelloise (mais avec un pied à Liège) spécialisée dans les techniques d’animation et d’“immersion” (3D, 360°, réalité virtuelle) pour post-production vidéo et cinématographique, vient de passer sous le contrôle de StarBreeze, une agence suédoise qui s’est d’abord fait connaître par le développement de jeux vidéo et de contenus ludiques immersifs, avant d’ajouter à son catalogue, ces dernières années, des ambitions du côté de la réalité virtuelle.

Pour l’acquisition de la société belge, StarBreeze a mis quelque 7,1 millions d’euros sur la table.

Une acquisition que Nozon dit ne pas avoir recherchée mais qui lui procure de nouveaux moyens pour poursuivre le développement de la technologie qui a su attirer l’attention de son nouveau propriétaire.

PresenZ

Depuis deux ans, Nozon s’était distinguée en développant PresenZ, un nouveau format permettant de mieux gérer l’effet parallaxe de contenus de réalité virtuelle immersifs. Relire notre article (février 2015).

Voici quelques mois, la société avait bénéficié d’un financement d’Innoviris à hauteur de 100.000 euros et avait elle-même réinjecté 200.000 euros afin de poursuivre le développement de cette technologie.

Une nouvelle entité, baptisée Parallaxter, avait en outre été créée pour concentrer les efforts sur l’évolution de la solution PresenZ et, surtout, attirer des investisseurs qu’elle espérait être essentiellement des bailleurs de fonds californiens. “Nous cherchons à lever de nouveaux fonds afin de supporter nos développements en 2016 et nous attaquer au marché américain parce que le dynamisme de la VR se manifeste surtout aux Etats-Unis et, plus spécifiquement encore, dans la Silicon Valley”, déclarait Matthieu Labeau, directeur commercial de Nozon, en début d’année. A l’époque, la volonté affichée était de préserver l’ancrage et les racines belges. Le pavillon hissé, aujourd’hui, est clairement… suédois.

Que s’est-il passé entre-temps? Pourquoi ce revirement apparent?

“Nous aurions pu trouver des fonds dans la Silicon Valley mais les contacts établis ne donnaient pas des perspectives correspondant à notre attente en termes de garantie de développement futur et d’orientation stratégique. Le tout n’est en effet pas de lever des fonds. Il fallait aussi des partenaires qui proposent et s’engagent dans une stratégie, un projet, qui proposent quelque chose qui nous donne confiance dans la réussite future du projet.”

Chose que Nozon n’a donc pas trouvé en Californie. C’est par contre ce qu’elle dit avoir trouvé dans la proposition de StarBreeze.

Du jeu vidéo à la réalité virtuelle et aux univers immersifs. StarBreeze se positionne en VR via divers accords et acquisitions…

 

Les ambitions de pénétration du marché américain ne sont pas remisés au placard pour autant. Loin de là, au contraire, affirme Matthieu Labeau, puisque le groupe suédois est déjà bien implanté en Californie, notamment du côté de Los Angeles, et a passé, ces derniers temps, quelques accords stratégiques qui renforcent sa propre volonté de conquête du marché américain. L’accord passé avec IMAX en est un exemple. Le premier  IMAX VR Center a ouvert ses portes à Los Angeles.

StarBreeze mène également des activités de R&D en Californie et dans la Silicon Valley. En plus de son QG en Suède. En termes de R&D, Bruxelles vient donc s’ajouter à la liste. La manière dont fonctionneront les équipes R&D à l’avenir n’est pas encore tout à fait claire. En principe, chaque site devrait préserver ses particularités et spécialisations, avec sans doute des équipes qui prendront des allures multinationales. Mais, souligne Nozon, le développement de PresenZ continuera bel et bien à Bruxelles.

L’équipe sera même renforcée. Forte d’un noyau de 15 personnes, qui sont épaulés, selon les projets, par une vingtaine de freelances, elle devrait bientôt recevoir quelques renforts. Profils? Surtout des développeurs (pour PresenZ), des artistes 3D, un gestionnaire de production…

Prochaine étape prioritaire pour les développements de PresenZ: étendre sa capacité. Jusqu’ici, Nozon ne peut en effet exploiter que des images de synthèse pour créer ses univers immersifs. Le but est d’y adjoindre des êtres en chair et en os, d’“intégrer l’être humain pour un réalisme absolu.”

Pourquoi StarBreeze?

Les acquisitions de StarBreeze

En juin 2016, StarBreeze rachetait la société française ePawn, start-up créée en 2010 spécialisée dans la réalité virtuelle et augmentée et les jeux faisant intervenir des figurines qui, munies de puces, interagissent avec des mondes virtuels.

Précédemment, elle avait déjà mis la main sur le moteur de jeu (3D et VR) de nouvelle génération Valhalla (encore en phase de développement). L’outil, basé sur navigateur, procure un environnement de développement intégré, potentiellement partagé entre plusieurs équipes et/ou studios.

Aux Etats-Unis, StarBreeze a notamment renforcé ses équipes via l’acquisition d’Orange Grove Media et de Geminose (jeux et gameplay multi-plate-formes destinés à des enfants et ados).

Pourquoi avoir accepté l’offre de la société suédoise? “Pour plusieurs raisons”, indique Matthieu Labeau. “Tout d’abord, la réputation de la société. Ensuite, la stratégie qu’elle développe et ses importants investissements en réalité virtuelle de ces dernières, avec quelques rachats, notamment en France (voir encadré ci-contre). StarBreeze, ce n’est pas uniquement des jeux vidéo. La société mise aussi sur les films. D’où son partenariat avec IMAX. Et c’est là qu’intervient notre technologie.

Les partenariats passés avec IMAX mais aussi avec Acer sont également la preuve de la robustesse de leur projet. Et cela a suscité, de notre part, une confiance dans la politique de l’entreprise. Les contrats hi level passés par StarBreeze ces dernières années vont nous ouvrir de nouvelles portes. Nous pourrons également tirer parti de leur réseau international.”

StarBreeze, pour sa part, a vu dans Nozon une compétence et un apport technologiques venant compléter ses propres solutions, notamment son casque de réalité virtuelle StarVR HMD (vision à 210°), qui sera produit en collaboration avec Acer, et lui donner une arme nouvelle dans sa stratégie de centres VR IMAX.