Nouvel accélérateur Digital Attraxion: le Hainaut ne veut plus “louper” des dossiers numériques

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Par · 23/09/2016

Du côté du Hainaut, un morcellement typiquement hennuyer est en train de prendre fin. Du moins en partie… Une nouvelle structure – unique – d’accélération de start-ups orientées numérique et nouvelle économie a en effet vu le jour. Nom de baptême: Digital Attraxion.

Les parrains autour du berceau? Pas moins de trois invests (sous-)régionales: Sambrinvest (Charleroi), Wapinvest (ex-Hoccinvest, pour la Wallonie picarde), IMBC Spinnova (Mons). Mais aussi une série d’opérateurs dédiés à l’animation économique: les centres d’entreprise Héraclès (Charleroi), La Maison de l’Entreprise (Mons, La Louvière), Entreprendre WAPI, l’intercommunale IDEA, l’i-Tech Incubator et le Microsoft Innovation Center.

Objectif: “stimuler les projets de créations d’entreprises du secteur du numérique, soutenir la croissance de PME actives dans le secteur, sensibiliser les entreprises à l’utilisation d’outils numériques, dans le but de favoriser le développement du numérique en Région wallonne ; […] accompagner des projets de création de start-ups, ou des start-ups déjà créées, vers leur première levée de fonds.”

Digital Attraxion

Partenaires: Sambinvest, WAPinvest (ex-HoccInvest Finds Spin-off/Spin-out), IMBC Spinnova, centre Héraclès, CEI La Maison de l’Entreprise, i-Tech Incubator, intercommunale IDEA, Entreprendre WAPI, Microsoft Innovation Center (MIC)

Capital: 1,662 million d’euros.

Chaque invest apporte 500.000 euros dans la corbeille. Certains des autres opérateurs mettent de 25 à 50.000 euros sur la table.

Pourquoi cette nouvelle structure?

Pour plusieurs raisons. A commencer par une volonté de regrouper les moyens et les compétences. Eviter la dispersion, d’autant plus que certaines compétences en gestion et accompagnement de dossiers orientés numérique font défaut…

Anne Prignon (Sambrinvest): “La nouvelle structure pourra accueillir et accompagner des porteurs de projets qui sont prêts à suivre un coaching bien organisé.”

L’initiative, bien que venant des acteurs hennuyers eux-mêmes, ne peut que plaire aux instances publiques régionales qui faisaient plus que souhaiter une meilleure structuration de l’écosystème d’accompagnement et de financement des start-ups (entre autres choses).

“Il faut replacer la création de cet accélérateur dans le contexte du Plan du numérique et de l’avènement du fonds W.IN.G”, confirme Anne Prignon, directrice générale de Sambrinvest et principale cheville ouvrière de l’initiative. “Les invests étaient déjà actrices du financement de start-ups numériques mais pas de manière structurée.

Souvent, une start-up, un porteur de projet était renvoyé d’un acteur à l’autre. Certains venaient vers nous [lisez: s’adressaient à Sambrinvest] mais avec des dossiers qui n’étaient pas encore mûrs pour un investissement. Nous les renvoyions alors vers d’autres acteurs mais, souvent, les porteurs de projets semblaient perdre le fil.

Il manquait par ailleurs une structure permettant de prendre en charge des projets déjà avancés, qu’il y ait lieu ou non à levée de fonds.

Dans le même temps, des écosystèmes se sont constitués dans chaque sous-région, autour des hubs créatifs, des espaces de coworking qui attirent des porteurs de projets… Cela avait donc un sens de favoriser une collaboration.”

“Nous manquions de compétences, de l’expertise nécessaire en numérique pour accepter et accompagner efficacement des dossiers de start-ups numériques ou orientées nouvelle économie”, insiste pour sa part Philippe Luyten, administrateur de WapInvest et par ailleurs président du conseil d’administration de l’Eurometropolitan E-Campus. “Or, la demande est en augmentation constante”.

Philippe Luyten (WapInvest): “Nous ne voulons plus passer à côté de projets qui pourraient être intéressants.”

Et, en raison de ce manque de compétences et de structure locale, une fuite pour le moins déplaisante de projets intéressants se produit vers des terres plus hospitalières. A un jet de pierre, ou presque. La Flandre mais aussi la France et son pôle d’attraction qu’est Euratechnologies à Lille. “Dans le secteur du numérique, tout particulièrement, les projets ont vite fait de filer ailleurs, dans un autre pays…”

Autre raison: le sentiment (validé par les faits) que les trois invests hennuyères, chacune dans leur coin, sur leur pré-carré, ne faisaient guère le poids face au pouvoir d’attraction et de concrétisation d’une certaine Meusinvest liégeoise. Qui elle avait déjà constitué une structure spécifiquement dédiée à la “nouvelle économie”. Lisez LeanSquare.

“Le but”, tient à souligner Philippe Luyten, “n’est pas de rentrer en concurrence mais de trouver des points de collaboration et de complémentarité. Nous étions jusqu’ici de Petits Poucets. Désormais nous pourrons peser davantage…” – en termes de potentiel d’action et d’attractivité.

Structure unique, quoique…

Digital Attraxion sera une structure légère, reposant essentiellement sur un directeur, épaulé par un responsable communication/community. Bien entendu, elle fonctionnera en faisant appel à un pool d’experts, intervenant sur les dossiers en fonction de leurs expertises respectives, et à un pool de coachs. Ajoutons-y les traditionnels comité de sélection et d’investissement.

Où s’installera Digital Attraxion? L’orientation prise est de ne pas créer de site unique, centralisateur, comme il existe à Liège, où tous les porteurs de projets viendraient se nicher et se faire encadrer et accompagner.

Il devrait plutôt y avoir au moins deux sites où les activités d’encadrement et de coaching se dérouleront. Ce pourrait être La Maison de l’Entreprise à Mons et l’espace de coworking Switch du centre Héraclès à Charleroi – mais ce dernier souffre d’un manque d’espace…

Pourquoi ne pas avoir privilégié la piste d’un site unique? “Les porteurs de projets vont, de manière naturelle, vers les points d’accueil des sous-régions”, estime Anne Prignon. “Par ailleurs, les projets numériques sont par nature mobiles. Ils se déplaceront au plus près des opérateurs qui correspondent à leur profil. Par exemple, pour s’installer une semaine au Cetic, à Gosselies [le nouveau bâtiment a prévu un espace d’accueil pour start-ups et réseautage]. Des projets orientés gaming iront sans doute naturellement chercher du coaching à Mons tandis que des projets e-santé devraient prendre la direction de Charleroi…”

Les experts, eux, se déplaceront vers les lieux d’hébergement des projets.

Lancement opértionnel imminent

Comment s’organisera l’accélérateur? “Chacun des partenaires de Digital Attraxion a sa spécialité dans le domaine de l’accompagnement, de la gestion et du suivi de projets. Une réflexion est en cours pour mutualiser tout cela et renforcer nos compétences au sein d’une cellule dédiée aux start-ups numériques. Nous voulons démarrer le plus rapidement possible…”, indique Philippe Luyten.

Constituée devant notaire cet été, Digital Attraxion n’est pas encore réellement opérationnelle, même si le conseil d’administration et, surtout, son comité stratégique où siégeront les principaux partenaires, sont sur les rails.

La structure s’est mise en quête d’un directeur dont le rôle sera essentiellement de piloter et de coordonner. Profil et qualités recherchés: compétences en coordination et réseautage, capacité de gestion, profil généraliste mais avec une expertise en IT.

“Il ou elle doit être ouvert(e) au numérique et aux nouvelles méthodologies. Il lui reviendra de faire le lien entre les différents écosystèmes (hennuyers), d’y repérer des projets intéressants, d’être le répondant face aux demandes des porteurs de projet, de préparer les dossiers de financement pour le comité d’investissement, d’en assurer le suivi…”, énumère Anne Prignon.

Anne Prignon: “Digital Attraxion est une structure ouverte. Sans vouloir multiplier les intervenants, nous sommes ouverts à des opérateurs actifs, prêts à collaborer avec les autres.”

Notons encore que Digital Attraxion n’est pas une structure dont le nombre de partenaires impliqués serait limité. Si les capitaux viennent essentiellement des trois invests (à hauteur de 500.000 euros chacune), les autres co-fondateurs ont procédé à un investissement allant de 25 à 50.000 euros.

D’autres opérateurs locaux de l’animation économique hennuyère pourraient bientôt monter à bord. Notamment Igretec. “Dans le cadre de la nouvelle programmation Feder, Igretec s’orientera en effet davantage vers l’accompagnement individuel d’entreprises là où elle faisait surtout de l’animation macro-économique jusqu’à présent”, explique Anne Prignon.

D’autres viendront se greffer ou apporter leurs expertises spécifiques, sans pour autant s’insérer réellement dans la structure ou intervenir dans le capital. Exemple: Technofutur TIC.

Par ailleurs, le fonds wallon W.IN.G attend sa mise en oeuvre pour nouer un partenariat, tout comme il l’a fait à Liège avec LeanSquare (voir ci-dessous). Avec, à la clé, une possible petite intervention au capital. “Cela leur permettra d’avoir une présence au sein de la structure et, dès lors, une vision sur ce qui s’y passe”, déclare Anne Prignon.

Certains n’attendaient que ça…

Récemment encore, les responsables du fonds d’investissement W.IN.G indiquaient qu’ils attendaient que des structures plus homogènes et mieux organisées se constituent pour développer avec elles le même genre de collaboration que celle qui a vu le jour à Liège avec LeanSquare, le fonds d’incubation doublé d’une structure d’accompagnement créé par Meusinvest.

Philippe Luyten: “Nous voulons démarrer le plus rapidement possible. Et commencer à communiquer pour attirer et séduire des projets.”

Du côté de Meusinvest/LeanSquare, rappelons que les relations avec le fonds W.IN.G se sont intensifiées, systématisées, au fil du temps. W.IN.G est allé jusqu’à prendre une participation dans LeanSquare – mise de fonds qualifiée de “quasi symbolique” (200.000 euros) – à l’occasion de la récente augmentation de capital à laquelle Meusinvest a procédé. Objectif pour W.IN.G: “favoriser les flux [lisez échanges] d’informations. Au moins, une fois toutes les deux semaines”, indique Olivier Vanderijst, président du comité de direction de la SRIW et membre du comité d’investissement de W.IN.G.

Damien Lourtie, membre de l’équipe de W.IN.G et investment manager à la SRIW, siégera également dans les instances de LeanSquare.

Ce que le W.IN.G – et derrière lui, évidemment, les autorités publiques – attendent, c’est que de tels organismes plus structurés “développent une offre en coaching et en incubation”. Un processus que continue d’ailleurs d’affûter LeanSquare qui, comme nous l’écrivions récemment, vient d’ajouter un nouveau type de formations à son catalogue (formations à la préparation d’un dossier financier acceptable par une invest).