Des ateliers de programmation pour les 7 à 17 ans

Article
Par Jean-Luc Manise · 11/08/2016

Les ateliers, stages et clubs de programmation pour jeunes, dans différentes classes d’âge, se multiplient en Wallonie.

L’asbl Kodo a repris à son compte pour la Wallonie l’organisation des clubs de programmation CoderDojo tandis que l’UNamur, l’UCL et le CLL accueillent les journées Devoxx4kids. A Mont-Saint-Guibert, Kids’Code cible la tranche des 12-14 ans pendant que le Pass organise des défis de programmation sur les robots Beebot (4-7 ans), Mindstrom NXT (8-12 ans) et Thymio (12-13 ans).

Connaissances passives et actives

Devenir acteur plutôt que consommateur. C’est l’idée à la base de Kodo, lisez “code” en esperanto. Céline Colas, la présidente de l’asbl: “Kodo, c’est une dizaine de passionnés, tous professionnels du numérique. On veut transmettre le relais, vaincre les préjugés et les réticences. La Wallonie est en retard sur la sensibilisation et l’éducation au numérique et nous, on veut faire bouger les choses.” Avec le soutien bienveillant et de plus en plus actif de structures comme le Microsoft Innovation Center ou l’Agence du Numérique.

Céline Colas (Kodo): “La Wallonie est en retard sur la sensibilisation et l’éducation au numérique et nous, on veut faire bouger les choses.”

Fin 2015, l’asbl a porté sur ses fonds baptismaux deux événements organisés à l’occasion de l’ICT Day de Liège et du Liège Web Fest. 200 jeunes de 7 à 17 ans ont ainsi eu l’occasion de s’initier à la programmation.

CoderDojo wallon

C’est en 2011 qu’un professeur d’informatique, James Whelton, crée un club afin de parfaire l’apprentissage de la programmation des étudiants de son école PBC (Presentation Brothers College) de Cork, en Irlande.

La même année, il rencontre Bill Liao, un entrepreneur et philanthrope qui s’intéresse au projet et souhaite en faire autre chose qu’un simple club d’informatique d’amateurs.

En juin 2011, le premier CoderDojo officiel est organisé au National Software Centre de Cork. L’événement remporte un franc succès et sa popularité explose. Peu après, le premier CoderDojo voit le jour à Dublin. L’initiative essaimera dans de nombreux pays.

Céline Colas: « Un CoderDojo, c’est bien … Trois c’est mieux! Nous nous agrandissons donc à Mons grâce au Microsoft Innovation Center et à Charleroi grâce au SwitchCoworking !”

En Belgique, l’initiative est relayée par Telenet et Flow Pilots, au départ en Flandre et à Bruxelles. Le 15 novembre 2015, Kodo Wallonie lance le premier CoderDojo wallon. Il accueille une vingtaine de jeunes dans les locaux de LeanSquare. Depuis, les sessions se ont succédées: stage de programmation à la bibliothèque provinciale des Chiroux à Pâques, participation à la semaine de la créativité, organisation de “Discovery Days” sur l’initiation à la programmation dans toute la Wallonie. A ce jour, une bonne centaine de jeunes ont participé aux activités de ces “clubs”: environ 60 au CoderDojo Liège, 30 jeunes tout au long de l’année et 30 autre lors d’une session spéciale en avril.

Dès la rentrée scolaire, le CoderDojo de Charleroi s’installera au Charleroi Coworking et le CoderDojo Mons ouvrira ses portes. Kodo Wallonie espère en outre débuter des ‘dojos’ à Louvain-la-Neuve, Tournai et dans le Luxembourg d’ici septembre 2017.

Réseaux de bénévoles

Si le modèle de développement est identique à celui des Voyageurs du Code – formation d’animateurs bénévoles et partenariats -, Kodo est plus orienté club, avec des sessions régulières et une communauté qui se rencontre à intervalles réguliers, une fois par mois.

Céline Colas: “On travaille sur une logique d’accompagnement, en couplant le numérique à des projets socio-culturels, en étroite imbrication avec nos partenaires. On n’est pas dans le “Découvrez notre belle boîte à outil et débrouillez vous!” On travaille sur une logique de long terme.

Les bénévoles de nos clubs CoderDojo organisent des événements – les ‘Dojos’ -, invitent des orateurs professionnels qui parlent de leur métier et de leur carrière, organisent des visites guidées dans des entreprises en vue du numériques. Avec comme balises trois événements: l’Heure du Code, WallCode [voir notre autre article] et la Semaine du Code.”

Voyager dans le code

En parallèle de la formule club des CoderDojo, différents ateliers, stages et concours sont organisés en marge du cursus scolaire, à destination des jeunes et ados.

Les Voyageurs du Code sont nés à l’initiative de l’ONG française Bibliothèques Sans Frontières. Le concept repose sur la création d’un réseau de bénévoles – les médiateurs numériques – susceptibles d’organiser des ateliers d’initiation à la programmation. Pas de profil pré-requis: l’initiative vise tout type de formateur/médiateur potentiellement intéressé.

Pour recruter, l’antenne belge, qui a ouvert ses portes à Bruxelles en septembre de l’année dernière, propose une formation à l’organisation d’ateliers d’une durée d’une journée – le samedi, en règle générale.

“Jusqu’à aujourd’hui, nous avons proposé des formations gratuites à une centaine de citoyens qui souhaitent devenir des médiateurs numériques bénévoles à Bruxelles et en Wallonie”, explique Camille Françoise, chargée de projet. “Nous ne recherchons pas de profils spécifiques. Tous les citoyens qui veulent découvrir la programmation informatique, la littératie numérique et qui souhaitent disséminer ces savoirs peuvent venir se former avec nous ! Il suffit d’avoir envie de transmettre des connaissances sur le numérique.”

Chez les Voyageurs du Code, toutes les tranches d’âge sont visées. Ici, un atelier organisé par un club français.

Les Voyageurs du Code mettent aussi en place un dispositif de soutien et d’échange. Camille Françoise: “Ce sont les apéros Voyageurs du Code où l’on continue à se former ensemble durant deux ou trois heures. On échange ensuite ses expériences autour d’un verre.”

Les Voyageurs du Code sont aussi à la recherche de partenaires susceptibles d’accueillir et d’organiser des ateliers d’initiation à la programmation (avec des outils comme Scratch, code.org, App Inventor ou encore Codecademy) à destination de leurs publics: enfants, ados, adultes, seniors rompus à l’informatique ou débutants. Partenaires possibles: les EPN, des Maisons de Quartier, des bibliothèques…

Parmi eux, la bibliothèque de l’Université du Travail de Charleroi qui propose à son public un atelier mensuel, le samedi matin. Les participants peuvent y découvrir différents outils et se frotter de façon ludique à la programmation. Ou encore les animateurs multimédias des EPN de Wallonie, qui bénéficient d’une formation organisée par Technofutur TIC.

Kiss Your Teacher

C’est Daniel De Luca qui est à l’initiative des journées Devoxx4kids. Le but: proposer du matériel didactique adapté à l’apprentissage de la programmation informatique à destination des enfants de la tranche 8 -14 ans.

Lancées en Belgique dès 2012, les Journées Devoxx4kids ont trouvé des relais auprès de structures comme le Pass, l’UNamur, l’UCL ou le CLL et sont relayées dans une dizaine d’autres pays.

“Kids Code est un programme qui propose aux pré-adolescents (et aux adolescents) [Ndlr: tranche d’âge 10-15 ans] de découvrir les bases de la programmation”, explique Coralie Doyen, responsable Education chez Creative Wallonia Engine. “Objectif: développer le sens logique, la créativité et la rigueur.

Nest Kids est un autre programme qui propose aux enfants de 6 à 12 ans de stimuler leur créativité et leur curiosité en découvrant certains concepts entrepreneuriaux adaptés à leur âge et à leur réalité.

“Actuellement, NestKids et NestCode sont en pleine réorganisation. Nous réfléchissons à un nouveau modèle de formation qui se présenterait, probablement, sous la forme de stages. Ces stages seraient combinés à d’autres découvertes (sportives, environnementales, entrepreneuriales…). Actuellement, nous n’en sommes qu’à l’ébauche de la réflexion et préférons attendre la conception d’un projet “mûr” avant de le proposer.”

Côté Creative Wallonia Engine, cette fois, Olivier Verbeke, l’un des initiateurs de l’accélérateur Nest’Up, coordonne le programme KidsCode qui fait découvrir aux 12-14 ans les bases de la programmation en Python. Les cours sont composés de 12 séances, les mercredi après-midi. Voir en encadré ci-contre ce qui distingue ce programme de ce que Nest’Up avait d’abord imaginé pour les plus jeunes, sous le nom de Nest Kids.

Signalons encore l’édition 2016 du concours Kiss Your Teacher qui se tiendra en marge de la Game Jam, durant le week-end du 7 au 9 octobre au MIC de Mons. Cet événement, co-organisé par l’Agence du Numérique avec le MIC, Walga (Wallonia Games Association – jeux vidéo, jeux sérieux…), SeriousGame.be, Pedago-Tic, Quai 10/For’J et TechnocITé, ambitionne de « développer un jeu vidéo ou transmedia visant un objectif d’apprentissage. »

Muni d’un sac de couchage, les jeunes intéressés rejoindront une équipe comprenant au minimum un profil technique (développeur, programmeur, designer) et un profil pédagogique (enseignant ou futur enseignant) et idéalement un musicien/compositeur ou un artiste/infographiste.

Dans cette constellation d’acteurs, force est de constater que le MIC joue un rôle de locomotive: journées d’initiation au codage Train the trainer pour soutenir la création de clubs d’informatique dans les écoles, stage d’une semaine de construction et programmation de robots Lego Mindstrom, soutien de l’événement Hour of Code et de CoderDojo Liège, et accueil probable de CoderDojo Mons dans ses bureaux.

Xavier Bastin, directeur du MIC de Mons: « Dans le cadre du MIC Bruxelles, nous avons développé des sessions d’initiation à la programmation pour enfants du primaire au travers du programme Kodu. Des sessions seront également organisées pour les professeurs pour qu’ils puissent eux-mêmes mettre en place des ateliers de programmation Kodu dans leur école. » Kiss and Train Your Teacher…”