Cyberpack: éveil à la créativité numérique en mêlant arts et high-tech

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Par Jean-Luc Manise, Brigitte Doucet · 11/08/2016

Utiliser le code pour développer sa créativité. C’est l’un des axes de travail de l’Institut Numediart (New Media Art Technology) de l’Université de Mons. Depuis 2011, l’Institut propose à ses étudiants en art des ateliers “Créactifs”. Ils ont permis de faire naître des projets mêlant arts et nouvelles technologies, tels que des claquettes numériques, un robot commandé par Wii, une bicyclette numérique… Des vidéos de démos de certains de ces projets sont disponibles sur le site de Numediart.

Dans la foulée de ces ateliers “Créactifs” destinés aux étudiants universitaires, l’idée fut ensuite formulée d’étendre le concept aux étudiants du secondaire. Sans grand succès… Les activités programmées le mercredi n’ont attiré personne.

Une solution possible, pour relancer l’idée, s’est faite jour en 2012, à l’occasion de l’appel à projets “Creative People” lancé par Creative Wallonia, destiné à “soutenir la mise en œuvre de projets visant à sensibiliser ou à former un large public généraliste à la créativité ou à l’innovation.”

Martin Waroux (Numediart): “Puisque les gens de venaient pas à l’outil, nous avons décidé de faire venir l’outil à l’école.”

Le projet déposé porte le doux nom de Cyberpack: “puisque les gens de venaient pas à l’outil, l’idée fut de faire venir l’outil à l’école”, déclare Martin Waroux, en charge du projet.

Mallette pédagogique

Le projet Cyberpack, imaginé au départ sous la forme d’une plate-forme d’apprentissage en-ligne, se définit aujourd’hui comme une “mallette pédagogique d’éveil à la créativité numérique”. Le but: “développer la créativité à travers la mise en œuvre de projets basés sur les technologies numériques utilisées quotidiennement par les jeunes (son, image, 3D, web, Twitter, Facebook, Kinect, etc.).”

La “mallette” peut être téléchargée via le site de Numediart. Elle inclut notamment le langage de programmation open source Processing qui permet de se former à la programmation temps réel et de concevoir des graphiques, des figures géométriques, des animations (2D et 3D), de visualiser des données, de faire de la reconnaissance faciale, de générer des sons…

La “mallette pédagogique” Cyberpack vise les élèves du secondaire (2ème et 3ème degrés). Objectif: développer la créativité via des projets exploitant les technologies numériques utilisées quotidiennement par les jeunes.

On y trouve par ailleurs une dizaine de projets menés avec des élèves et un manuel d’instructions. Le principe: “proposer une série d’expérimentations pratiques de complexité croissante qui permettent aux utilisateurs d’apprendre les bases de la programmation, de développer une logique de réflexion ainsi qu’un sens artistique.”

Autre objectif – indispensable – du projet: encadrer les animateurs, formateurs et enseignants amenés à concrétiser ces projets sur le terrain.

Financement au lance-pierres

“J’avais été engagé pour 6 mois afin d’assurer la communication autour de Cyberpack mais ce n’est pas si simple de rentrer dans les écoles, d’autant que le cursus du secondaire n’est pas du tout pensé pour permettre l’intégration d’un tel outil dans les cours. C’est plus facile dans les sections informatiques mais là, le public est déjà sensibilisé.”

Martin Waroux (Numediart): “L’Heure du Code en Belgique, on l’a fait avec des bouts de ficelle, et cela a marché.”

Cela n’empêchera pas pour autant Martin Waroux de prendre son bâton de pèlerin. Le résultat: une vingtaine d’ateliers de découverte de la mallette pédagogique Cyberpack organisés chaque année depuis 2013 et quelque 200 élèves formés. Le projet initial de plate-forme d’apprentissage en ligne a été abandonné, “faute de budget”.

Cela n’empêche toutefois pas Martin Waroux d’assurer le “service après-vente” à chaque fois qu’il en a l’occasion et de mettre l’outil à niveau, histoire de suivre les évolutions du logiciel Processing.

On peut avoir du mal à comprendre pourquoi un tel projet, si peu coûteux et à ce point potentiellement porteur, n’est pas soutenu de façon plus structurelle. C’est la faute à la logique un peu perverse des appels à projets, des financements ponctuels au lance-pierres que connaissent toutes les structures publiques, para-publiques et associatives. Avec ici la complexité supplémentaire des compétences régionales et communautaires…

Martin Waroux: “J’ai bien essayé de faire rentrer Cyberpack dans le projet de l’Ecole numérique, mais les compétences de la Région wallonne se cantonnent à l’infrastructure, aux équipements. » L’enseignement reste lui du ressort de la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’on ne sait pas à quel rythme et selon quel tempo le cabinet Schyns [ministre de l’enseignement et de promotion sociale] voudra “faire bouger les lignes”. Il y a deux grandes options: intégrer – comme cela va être le cas en France avec le projet Class’Code – un programme d’initiation des élèves et enseignants à la programmation. Ou intégrer le numérique dans toutes les matières, de façon transversale.

Du Cyberpack à l’Heure du Code

Les activités de sensibilisation de Martin Waroux le font entrer dans l’univers de la programmation populaire, des ateliers de quartier organisés par des bénévoles, des rencontres d’acteurs du multimédia comme les Espaces Publics Numériques (EPN) ou des projets à dimension plus large comme l’Heure ou la Semaine du Code.

“Du coup, j’ai spontanément relayé ces initiatives. Dans mes ateliers, j’ai intégré quelques-uns des petits tutoriels proposés par Code.org. L’année dernière, j’ai voulu aller plus loin. J’ai mis en place un petit site, envoyé des mails à tous mes contacts pour des appels à participation. J’ai réalisé un petit PDF pour les profs et voilà, c’était lancé.

L’idée était que chaque ville importante organise un petit événement dans le cadre de l’Heure du Code. On a fait cela avec des bouts de ficelle et cela a marché. Par après, l’AdN m’a contacté pour voir dans quelle mesure il était possible d’organiser un tel ensemble d’activités à destination des élèves et des enseignants, mais à une autre date qui leur convienne mieux.”

Cette année, WallCode (voir notre article par ailleurs) aura lieu lieu du 21 au 25 novembre…