Le mal des start-ups belges se structure autour d’un équilibre des faiblesses inhérentes aux principales parties prenantes.
>>> La faible capacité “start-uppeuriale” des porteurs de projet
Souvent, les fondateurs surestiment leurs propres connaissances et compétences mais ignorent leur manque d’aptitudes communicationnelles (notamment les talents de leader et de visionnaire). Ils surestiment la qualité des conseils qui leur sont prodigués par leurs accompagnateurs mais sous-estiment l’habileté et la dangerosité des investisseurs.
>>> La faible légitimité entrepreneuriale des accompagnateurs
De manière générale, les accompagnateurs sont rarement des entrepreneurs et encore moins des serial entrepreneurs. Ce sont typiquement des analystes universitaires, d’anciens cadres administratifs ou financiers, des coaches provenant de divers horizons reconvertis opportunément (c’est dans l’air du temps) à la guidance de start-ups. Tous emplis de bonne volonté mais sans expérience réelle de la création d’entreprise.
Les organismes d’encadrement, habituellement menottés au conservatisme du business plan et à des méthodes d’évaluation surannées, surestiment leur valeur ajoutée. C’est un milieu où, souvent, par méconnaissance ou préjugés, la culture commune fait son miel de théories simplistes sur ce qui fait un “bon” projet, une “bonne” équipe, une “bonne” présentation, ce qui “plaît” aux investisseurs, etc.
L’aide apportée est, à 90%, focalisée sur les différentes rubriques du plan d’affaires (description du produit, du marché, de la concurrence, de la technologie, de la faisabilité commerciale, des perspectives), elle porte très peu sur comment vendre ce business plan ! En effet, un descriptif ne suffit pas. Le plan d’affaires recèle les réponses à mille questions qui, en fait, se résument à un unique problème : gagner le cœur des investisseurs et les convaincre d’investir.
>>> La faible réactivité des investisseurs
Les investisseurs privés sont une réalité polymorphe, avec un trait commun : ce sont avant tout des opportunistes, prêts à saisir toute bonne occasion qui se présenterait à eux, même en dehors de leurs secteurs de prédilection.
Pourtant une bonne partie d’entre eux n’échappe pas à un comportement moutonnier. Ces business angels-là se regroupent en réseaux et syndicats car ils investissent rarement seuls et presque toujours selon les mêmes critères.
Malheureusement ceux-ci ne sont habituellement pas suffisamment qualitatifs ni évolutifs pour sélectionner les “bons” projets. Et pour certains investisseurs il y a une réelle confusion sémantique en ce qui concerne le capital à risque, le capital à haut risque, le capital investissement. Très peu d’entre eux financent l’amorçage. Ils sont à peine plus nombreux à financer le démarrage, la plupart préférant financer le développement, une fois le produit pleinement fonctionnel et les premières ventes effectuées.
Ces business angels-là se regroupent en réseaux et syndicats car ils investissent rarement seuls et presque toujours selon les mêmes critères. Malheureusement ceux-ci ne sont habituellement pas suffisamment qualitatifs ni évolutifs pour sélectionner les “bons” projets.
Face à l’émergence de nouveaux business modèles dans la “tech économie” et à l’incidence variable et parfois insaisissable de ceux-ci, les investisseurs doivent eux aussi élargir leur horizon et varier leurs méthodes de sélection tout comme leurs méthodes d’évaluation des start-ups.
Lassés par la médiocrité des présentations de projet qui leur sont généralement faites lors d’événements organisés par les structures d’intermédiation, les investisseurs privés s’en éloignent. Au lieu de cela, ils devraient beaucoup plus communiquer sur ce qui, à leurs yeux, compte le plus dans un projet et sur ce que doit impérativement contenir une proposition d’investissement. Mais surtout, les capitaux-risqueurs belges, à l’aune de leurs pairs anglo-saxons, devraient se montrer moins cordiaux et beaucoup plus francs dans leurs feedbacks avec les porteurs de projet, afin que ces derniers puissent mieux comprendre (et donc corriger) ce qui a déplu aux investisseurs.
Lassés par la médiocrité des présentations de projet qui leur sont généralement faites lors d’événements organisés par les structures d’intermédiation, les investisseurs privés s’en éloignent.
Carl-Alexandre Robyn
Associé-fondateur des cabinets Valoro
Lire les volets déjà publiés de cette analyse:
1 – Pléthore d’explications secondaires, illusoires
2 – Frileux, les capitaux-risqueurs belges ?
3 – L’incapacité start-uppreneuriale des porteurs de projet
Et la suite de l’analyse…
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